Bonjour à tous, on continue le périple jusqu'à Tenerife à bord de ce petit saut de puce nocturne. Petit rappel du routing :
le routing
Enchainement de vols
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- 1115/07/21 | LPA → TFN | Binter Canarias | ATR 72-600
- 1216/07/21 | TFN → LPA | Canaryfly | ATR 72-500
- 1317/07/21 | LPA → CDG | Air France | A320
aéroport de Gran CANARIA
Après avoir présenté patte blanche (et les inévitables documents sanitaires) au contrôle, je suis contraint malgré mon transit de sortir landside et de repasser le PIF. Mais ceci ne devrait pas poser problème tant l'aérogare semble déserte !

ç'en est presque inquiétant ! Mais où sont passés les touristes ? ^^

Le PIF est également totalement désert !

Quand à la zone airside, je ne trouverai qu'un seul point de restauration ouvert (déjà il y en a un, ce que mon ventre appréciera !)

La raison de cette faible fréquentation vient du peu de vol encore assurés ce soir : 4 vols inter-îles, 1 vol vers l'Espagne et 1 vol vers le Maroc.

Après m'être restauré, je gagne les portes A qui sont situées à 10min de là.

Quand je vous disais qu'il n'y a personne ^^

A noter, cette zone de jeu quelque peu avgeek et bienvenue pour enfants en mal de patience.

L'ambiance de quiétude était assez incroyable.

Dehors, le soleil se couche, et j'avoue avoir hâte de faire comme lui ^^

Voici la zone d'embarquement des portes A, celles privilégiées pour l'embarquement à pattes pour les vols en ATR.

Et je suis presque rassuré d'y retrouver un peu de monde !

Je me poste près du vitrage pour observer le ballet des arrivées/départs des ATR et je découvre que Binter a choisi d'effectuer tous les pushbacks en autonome. Les pilotes semblent bien à l'aise avec cette manœuvre qui peut être effectuée bien plus rapidement, ce qui permet de gagner au moins 3min par vol. On peut se demander pourquoi la majorité des opérateurs d'ATR n'effectuent pas leur pushback de la sorte. La raison est que cette pratique impacte fortement l'usure des moteurs. De manière générale, l'utilisation systématique des reverses (à l'atterrissage comme au pushback) sur turboprop n'est jamais une saine pratique. J'avais en mémoire la piètre fiabilité des ATR ex-Air Tahiti qu'Airlinair avait récupéré : l'utilisation massive des reverses chez Air Tahiti avait fait baisser le taux de disponibilité de leurs appareils (d'ailleurs, Air Tahiti et Binter ont vite renouvelé leur flotte).
En dehors de ces concidérations techniques, j'ai hâte d'expérimenter cette rare pratique que je n'avais pas vécu (
le vol
Notre futur ATR vient tout juste d'arriver et l'embarquement semble prêt. Décidément, Binter ne chôme pas sur ses temps de rotation !

L'embarquement débute à l'heure dite et je serai en tête de file.
Je suis très heureux d'entamer (à l'époque) mon 39e vol en ATR, ce qui est la seconde famille d'appareils que j'ai le plus emprunté dans ma carrière après la famille A320ceo/neo (au moment de ce voyage, ces 39 vols se répartissaient comme ceci : 2 en ATR42-300, 22 en ATR42-500, 12 en ATR72-500 et 3 en ATR72-600).
J'ai vraiment une affection particulière pour cette famille ATR, que j'ai empruntée sur des vols Air Tahiti, Airlinair, Chalair, Hop, Amelia, Norra, et désormais Binter.

L'avion du jour, baptisé La Palma Isla Bonita, est un jeune ATR 72-600 livré neuf en mars 2018 à Binter.

A nos côtés, un Embraer E195-E2 similaire à celui qui m'a emmené de Lille et qui effectue également quelques vols inter-îles en complément des ATR.

Le chargement des bagages est encore en cours en porte arrière droite, ce qui fait pas mal d'activité au niveau de l'entrée des pax. L'agent qui nous guide nous fera attendre quelques instants, le temps que les gros bagages disparaissent de l'allée. Car si chacun ne peut manquer la soute à bagages à l'avant gauche de l'appareil, celle à l'arrière est bien plus confidentielle.

En attendant l'autorisation d'embarquer, j'en profite pour prendre d'autres photos de ce bel oiseau.


A bord, on retrouve l'habituelle cabine Armonia vêtue de sièges en cuir rouges.

L'ambiance est plutôt classe. La porte du compartiment à bagage et celle du cockpit sont également ouvertes, ce qui permet d'apercevoir nos pilotes en plein briefing.

Autre aperçu de la rangée.

Ainsi que de la safety card ;)


Après le désormais habituel discours de bienvenue et de rappel des strictes conditions de protection sanitaire en vigueur en Espagne (port du masque, pas le droit de le retirer pour manger, et bien rester assis tout le vol à la place indiquée sur le BP), nous mettons en route avec 5min d'avance. La cabine est archi-pleine. Mon placement perpendiculaire à l'hélice est parfaitement voulu : c'est ma place préférée sur turboprop ;)

C'est le moment de tester cette pratique originale que le pushback autonome, et qui dans le passée fut également réalisée par des jets (on peut trouver sur youtube des vidéos de push aux reverses avec des DC-9, pratique qui s'est arrêtée pour d'évidentes raisons de nuisances sonores et de consommation élevée de pétrole !)
Puis on roule vers la piste. Malheureusement pour les prises de vues : le hublot est très sale et comme la cabine restera allumée durant toutes les phases du vol, les reflets seront bien présents…

Décollage !
Adios Gran Canaria ! On se revoit demain soir !

Le temps de vol étant extrêmement court (20/25min selon les rotations), j'explore rapidement le Wifi du bord qui propose une page dédiée au vol très complète avec une belle offre de divertissement et une géovision.
La "croisière" s'effectuera à 8000 pieds seulement.
Nous arrivons déjà en approche à Tenerife. L'aéroport de TFN étant situé en altitude à 633m,l'atterrissage est bien proche. C'est assez impressionnant de voir le relief et lumières nocturnes remonter rapidement au-dessous de nous.

Blouf ! Petit kiss landing dans le brouillard, freinage intense et on dégage rapidement.

Et bien voilà, c'était du rapide ! En raison de l'altitude, nous sommes situés en plein dans la couche de nuages, il fait assez frais (17 degrés) et l'humidité est très présente. L'ensemble donne une ambiance très particulière !


En sortant de l'appareil, les PNC nous ont distribué ces petits cookies à la pomme. Voilà qui permet de dire que Binter était une excellente compagnie en éco : le service a été maintenu malgré les conditions sanitaires très strictes qui aurait pu faire sauter tout service pour un vol aussi court (en Islande la semaine d'avant et pour des vols un peu plus long, le service avait totalement été interrompu). On peut donc féliciter Binter pour leur sens du service bien au-dessus de la moyenne à cette époque.

Dans le paxbus qui nous ramène au terminal, Binter promeut ses 3 destinations françaises.

aéroport de TENERIFE NORD
Passage par le hall de délivrance des bagages. TFN semble bien plus fréquentée à cette heure que LPA.

Ce qui est logique, vu le nombre de vols bien plus conséquent.

Le passage au loueur jaune sera expédié en temps record. Je serai donc prêt au départ 19min après l'arrivée de l'avion. En terme de fluidité et de ponctualité, Binter et TFN signent là un sans fautes. Je suis heureux car il me faut encore rejoindre mon hôtel à 20min de route et vu l'heure, toute minute gagnée est à prendre :)

EL Puerto palace
A l'époque où j'avais réservé mon routing, les Canaries étaient baricadées et tout le secteur hôtelier bradait ses tarifs. Pour la modique somme de 50 euros, j'avais trouvé une nuit au Puerto Palace à Puerto de la Cruz. Contrairement à beaucoup, je ne suis pas fan de ce genre d'hotels mais à ce prix là et avec une annulation gratuite en last minute, je n'avais pas hésité longtemps.

L'essentiel pour moi étant la qualité de la literie et de l'insonorisation de la chambre, le contrat était respecté sur ces 2 points.

Pour le reste, un immense parc privé avec piscines agrémentait l'image d’Épinal des vacances tellement véhiculée par divers prospectus et agences de voyages. Bref pas un endroit pour bibi ^^ Mais j'avoue toutefois que ce fut un plaisir d'aller piquer une tête à 8h du matin sans personne autour. A noter qu'à cette époque où le covid faisait encore des ravages, le taux de chlore était extrêmement élevé dans les piscines mais aussi dans l'eau du robinet. Je n'ai pas nagé longtemps mais ça grattait bien après quand même !

bonus pico del teide
Mission du jour : explorer l'île. Et encore mieux : prendre de la hauteur ! Et à Tenerife, l'unique point d'intérêt incontournable à mes yeux était de grimper au Teide, histoire de rester dans cette thématique des volcans qui aura guidé tout ce voyage aux extrêmes de l'Europe.
Pour l'instant, on part de Puerto de la Cruz avec une architecture assez agréable et des palmiers géants partout.

Puis on prend rapidement de la hauteur. J'adore ce contraste mer/montagne qui permet d'obtenir de sacrées vues plongeantes sur l'océan.

En ligne de mire, l'impressionnant Teide qui culmine l'archipel (et l'Espagne tout territoires confondus) du haut de ses 3715m. Cela paraît presque incroyable de voir un si haut sommet avec une aussi faible circonférence.

En terme d'itinéraires, j'ai le choix entre la principale route en pente douce et nombreux lacets, ou une petite route secondaire qui monte tout droit dré dans l'pentu ! Évidemment, j'ai choisi cette dernière et ce fut bien pittoresque !

Au-delà de 1600m d'altitude, la végétation change radicalement : en effet, toute la côte nord et ouest sous 1000m bénéficie d'une humidité permanente liée au courant maritime frais, et à la présence d'une inversion de température quasi permanente autour de 1000/1600m qui plaque les nuages et l'humidité sous cette altitude. Au-delà de 1600m, les précipitations se font extrêmement rare, et principalement en hiver, avec un climat continental exacerbant les variations de température. En quelques centaines de mètres, on change totalement d'univers.

Et c'est en arrivant dans la vaste caldeira à plus de 2300m d'altitude que l'on troque la verdure pour un paysage quasi-lunaire, matérialisé par l'ensemble des coulées de lave de l'ère récente. En l'absence de végétation, certaines coulées vieilles de 300 ans apparaissent encore totalement dégagées comme si leur éruption avait eu lieu quelques années auparavant.

Ces montagnes de blocs donnent une idée de ce que devaient donner ces énormes front de lave avançant lentement dans un bruit de verre cassé. J'en avais vu une de loin dans la vallée del Bove sur l'Etna et le bruit m'avait profondément marqué !

Cette caldeira (vallée d’effondrement) est l'endroit où ce sont produit la majorité des dernières coulées.

Dont l'une des dernières au début du XXe siècle est arrivée jusqu'ici, avec toujours cette lave relativement peu fluide qui s'amoncelle rapidement en gros blocs qui s'enchevêtrent, s'effondrent et se poussent mutuellement durant leur parcours. On est loin des coulées de lave basaltiques très fluides que j'eus la chance d'apercevoir la semaine passée lors de l'éruption du Fagradalsfjall en Islande.

Pour rejoindre la partie sommitale, je vais opter pour la voie câblée. Non pas que je suis de nature flemmarde, mais je n'ai pas le temps d'entreprendre son ascension à pied. Et en tant que skieur-montagnard, j'avoue bien apprécier ce mode de transport ;)
Et ce téléphérique vaut le détour avec son dénivelé de 1100m.

Au court de la montée, le paysage se fait de plus en plus panoramique et majestueux. On distingue bien les différentes couches géologiques, avec les coulées relativement récentes (en noir), un vaste plateau volcanique boursouflé relativement ancien (gris clair) et des parties géologiques plus anciennes (en roches claires et avec quelques végétations ci ou là).

Au sommet, la vue est fantastique. Nous sommes à 3555m et la caldeira (2200-2500m) semble déjà bien lointaine et petite. Et derrière tout au fond en vue on ne peut plus plongeante : l'océan qui se mêle à la brume plaquée par la couche d'inversion de températures.

J'ai souvent parlé de rêves de gosses réalisés depuis mon départ en Islande, et il faut dire qu'ici encore, c'est un rêve de gosse que d'être quasiment au sommet du Teide.

Je dis bien "quasiment" parce que le sommet est 200m plus haut, accessible moyennant quelques finances supplémentaires et surtout uniquement sur réservation, le chemin y menant étant fort étroit. Le matin même, il n'y avait plus de créneau. Il aurait fallut que j'anticipe la chose.

En direction du nord de l'île.


Encore quelques enchevêtrements de roches liées à une coulée du début du XXe siècle.

Une petite station scientifique qui relève en permanence les gaz sortants de cette zone de soufrières. L'étude des gaz est quelque chose de relativement récent dans la volcanologie puisqu'elle fut promue dans les années 60 par Haroun Tazieff et qu'elle était loin de faire l'unanimité à l'époque. La postérité des événements volcanologiques et l'étude de ces relevés ont donné raison à Tazieff.

Pour savoir si un volcan va entrer en éruption, on étudie principalement trois points :
- la nature et la concentration des gaz (la nature des gaz change lorsque le magma remonte, et leur concentration croît. Cela permet d'obtenir également des renseignements sur la profondeur du réservoir magmatique et de la nature de ce magma, et donc la probable nature explosive ou effusive de l'éruption à venir).
- la déformation du sol (le magma se frayant un chemin vers la surface, il enfle légèrement l'édifice volcanique jusqu'à plusieurs centimètres localement).
- la sismologie (en se frayant un chemin dans les roches froides, le magma fait vibrer la terre en permanence. Cela se traduit par des essaims de petits séismes. Si les sismomètres détectent une remontée des épicentres de ces séismes, ce n'est pas une grosse taupe qui remonte mais bien le magma ^^)
Ci-dessous, une énième coulée relativement récente.

Depuis la caldeira, ces énormes formations cahotiques témoignent d'une éruption en fissure : une faille s'est ouverte libérant le magma sur toute sa longue. Il valait mieux ne pas être à mon emplacement lorsque cette éruption eut lieu !


Une autre vue de cette éruption fissurale, avec en toile de fond le Teide et son téléphérique.

L'une des dernières coulées au début du XXe siècle, avec au loin la fissure à mi-pente d'où est sortie le magma.

On ne peut qu'imaginer la hauteur des fontaines de lave qui devaient jaillir ici-même.

Une petite dernière du Teide depuis la Caldeira. On se sort tellement hors du temps et de la réalité tellement ce spectacle brut nous saisit.

Traversée d'anciens champs de lave…

En quittant la caldeira par le sud, on retrouve les pentes abruptes rejoignant l'océan.

En face, l'île de la Gomera.

Je décide rejoindre le nord de l'île par la côte est via l'Autovia.

La côte sauvage et volcanique est balayée par le vent et la houle. Une belle transition aux hautes altitudes du volcan.

Une église sortie quelque peu de nulle part et qui nous plongerait presque dans l'univers de Sergio Leone ;)

El faro de la Punta de Abona

Ambiance paysagère depuis la côte en direction de l'arrière pays : la côte est soumise au foehn est bien plus aride que la côte ouest croulant sous la végétation et les arbres. La nature volcanique s'y révèle bien mieux, avec le Pico del Teide qui se détache bien dans le ciel.

Comme tout bon stratovolcan qui se respecte, les éruptions n'ont pas exclusivement lieu dans la zone sommitale mais aussi sur les côtés, comme en témoigne cet édifice strombolien en plein milieu de la plaine côtière.

Il ne me restera désormais plus qu'à rejoindre l'aéroport de TFN afin d'emprunter un nouveau vol en ATR vers Gran Canaria. Mais ceci sera l'objet du prochain opus ;)
Merci pour votre lecture :)
A bientôt !
Merci Cyrille pour ce nouvel opus et surtout son bonus ... époustouflant !
A bientôt !
Merci Stephan :)
A bientôt !
Merci pour ce FR. NT again offers a very nice product with modern ATR and post-flight catering^^ Excellent bonus of Mount Teide.
Thank's a lot !
Yes, Binter performed the best service possible given all the constraints (flight time and health constraints)
See you soon !
Merci pour cette suite !
Un vol efficace à des tarifs imbattables pour les résidents des Canaries (je ne sais pas si tu t'es amusé à regarder les tarifs...).
Superbe bonus qui me donne très envie :)
A bientôt !
Merci Nicolas :)
Clairement, ça faisait tellement envie de réserver ces vols pour 15, 20, 25€... !
A l'instar de l'Aiguille du Midi, le Teide est une attraction à touristes, mais reste tellement incontournable malgré tout !
A bientôt !
Bonjour et merci pour ce FR insulaire ! Si le vol en lui même n'est pas unique, il n'en reste pas moins agréable, surtout avec ce service là où, effectivement, d'autres compagnies auraient fait des économies (AF non ???? cf MRS-AMS en business avec Sconnie83 XD!) Excellent bonus qui révèle les stigmates d'un passé volcanique intense sur l'île. Ces coins seront prisés par des passionnés de géologie ! Finalement, entre l'Islande et les Canaries, il n'y a qu'un pas ! A bientôt !