Busan est baignée de soleil. Les gens marchent vite, normalement, comme s ils avaient quelque chose à faire aujourd hui. Moi je pars en pèlerinage inutile pendant que la ville fait semblant d'aller bien.

Gimhae Airport m'absorbe immédiatement. Ici tout le monde a une raison d être là. La mienne reste vague mais je continue quand même.

L'aéroport est calme fonctionnel impersonnel. Un endroit parfait pour quelqu'un qui n'a rien à célébrer et aucune histoire à raconter.


Tout est automatique. Personne ne me demande pourquoi je pars. C'est rassurant.
Je vide mes poches. Ceinture, téléphone, restes de dignité. Rien à déclarer à part une année moyenne.
Vous ai-je dit que j'ai des problèmes de peau?

Le scanner me traverse sans résistance. Même les machines savent que je ne cache rien d'intéressant.

Autour de moi, des familles, des couples, des gens synchronisés.
Moi j attends l appel comme un fidèle d'une religion inconnue.

Quand mon groupe est appelé, je me lève immédiatement. J ai l habitude d obéir quand il n y a rien d'autre à faire.
Je suis une personne très très docile en recherche d'affection.
Notez la présence de mes valises sur la photo. J'ai choisi ces modèles pour paraitre plus jeune.

On monte dans le gamos

Voici la bete de ce vol. La tulipe du soleil levant , la jonquille chauffée , la tarentule volante.

Je prends place et je suis deja dans de sales draps. Deja que je suis vetu comme un vieux sac .
T'way fait le minimum. Le siège aussi. Moi aussi.
C'est donnant donnant.

Je suis installé au 29F. Le hublot est là comme un vitrail de mauvaise qualité.

Je boucle ma ceinture avec une précision inutile. Le rituel compte plus que le confort.
C'est parti, c'est showtime. Je suis prêt pour la remontada

Les consignes de sécurité défilent.
Je les regarde par respect, même si je n'attends aucun salut.
Les amis je suis deja lessive hahah

Le spectacle commence

et j'ai deja envie de m'envoyer en l'air.

On quitte le sol.
Rien ne change à l intérieur.
L élévation est purement logistique.

Je regarde la ville une dernière fois. Pas par nostalgie. Par politesse.

Vue sur le Santiago Barnabeu de Gimhae

Je regarde par le hublot sans chercher de signe. Le ciel reste neutre.

C'est marrant ce halo en forme d'arc en ciel

Si on se met à le fixer..

Vous vous ferez juste mal aux yeux à cause de la reflexion du soleil

Les nuages arrivent. La pluie aussi. Séoul se présente exactement comme prévu.

L'ambiance dans le cabine avant d'affronter ce qui nous attend un peu plus bas

La météo s'aligne enfin avec mon calendrier intérieur.
Ma femme m'a mis à la porte jeudi dernier et je le mérite amplement.

Le ciel se ferme progressivement. Je trouve ça honnête.

Je regarde par le hublot sans chercher de signe. Le ciel reste neutre.
Je reve de porter les pantoufles de Didier Deschamps

On atterrit. Personne n applaudit. Moi non plus.
Il ne me reste que très peu d'amour propre pour moi-même.

Le pèlerinage s'arrête ici. Pas de récompense. Juste la sortie.

Il n'y a pas de perdant ici , que des winners .
Depuis que je prends des douches froides le matin, j'ai pris confiance en moi et j'écris mes flight-report avec plus de poigne .
Flight-Report je te déclare ma flemme.
Qui es-tu?

Si je poste autant de flight report c'est parce que c'est tout ce qu'il me reste.
C'est le 42e de l'année alors joyeux anniversaire

Je quitte l'avion sans transformation notable. C était le but.
Toujours excellent !