Genèse de la virée
Bonjour à tous chers lecteurs,
Une petite virée aérienne européenne, à petite échelle, pour faire d’une pierre trois coups : une nouvelle compagnie, un nouvel aéroport mais surtout, un appareil que je n’avais pas encore accroché à mon tableau de chasse.
Dans l’ordre, et en détail :
- Condor. Voilà une compagnie qui a toujours suscité chez moi un peu de curiosité quant à son activité touristique et son réseau. Par sa longévité (elle fête ses 70 ans cette année), elle a durablement marqué l’histoire du ciel allemand.
- Düsseldorf. J’aurais dû y transiter il a deux trois ans, mais c’était sans compter l’annulation d’un vol EW en provenance de Vienne.
- Le Boeing 757-300. Si je comptais 10 vols à bord de la version -200, sous les couleurs d’Iberia, d’American Airlines ou d’Icelandair, la version -300 faisait toujours défaut à mes tableaux. Cette variante est aussi beaucoup plus rare puisque seulement 55 appareils ont été construits à mettre en regard aux 913 exemplaires plus courts de la version -200. Je ne pensais pas que l’écart était aussi significatif.
Condor modernise sa flotte et ce sont les Boeing qui en font les frais. 2024 a vu les 767-300 cesser leurs opérations ; à l’automne prochain, ce sera au tour des 757-300 de tirer leur révérence.
Il y avait donc urgence à agir et je repère au gré de mes pérégrinations webiennes que la ligne Düsseldorf (DUS) - Palma-de-Majorque (PMI) se prête bien à cette chasse. Reste à monter le routing que voici.
Enchainement de vols
- 1Düsseldorf (DUS) - Palma de Majorque (PMI) - Boeing 757-300 - Condor - économique
- 2Palma de Majorque (PMI) - Paris (CDG) -Airbus A320 - easyJet - Économique
Je suis arrivé la veille en train depuis Lyon. Je voulais revisiter la Ruhr et ses paysages industriels (oui, je sais, je suis grave) mais aussi emprunter le curieux train suspendu de Wuppertal. C’est donc chose faite. Dire que je n’ai pas utilisé le monorail de l’aéroport de Düsseldorf. Ça sera l’occasion d’y revenir un jour.


Dans la soirée, je rejoins Düsseldorf puis je dors au siège d’un club sportif (TuS Düsseldorf Nord) où l’accueil a été vraiment sympathique. Cet hébergement a été trouvé sur Booking.com
À la découverte de DUS
Réveil à l’aube, très à l’aube, forcément. À 03 h 50, ça pique.
La veille, le tenancier m’avait indiqué un raccourci, derrière le club, pour rejoindre l’aéroport en 10 minutes. Sauf que ledit raccourci n’a pas été élagué depuis longtemps. Je dois me frayer un chemin au milieu de branchages et autres orties mais je parviens à rejoindre le cheminement piéton qui recouvre l’autoroute 44.


Là, ça devient un peu plus civilisé.

En tout cas, ce cheminement d’une dizaine de minutes a été bien plus court et surtout plus apaisé que celui de Louri à Tunis dont on peut retrouver les aventures ici -> https://flight-report.com/fr/report/73230/tunisair-tu716-tunis-tun-paris-ory/
Voilà une plaque de rue qui rassure.

On peut voir ici que les plaques d’immatriculation n’ont pas été choisies au hasard.

Entrons.

Évidemment, c’est fort calme, pourtant, il y a une grande rafale de départs matinaux.

Mais passons au niveau supérieur, celui des départs.

Et là, fort logiquement, on retrouve plus de vie.

Notamment aux comptoirs de Condor qui aligne bien des départs aux premières lueurs du jour.

Départs que voici. On voit bien ici la vocation quasi loisirs de cet aéroport en parcourant les destinations. Notez que sur cette plage horaire d’un peu plus de trois heures, on compte sept départs vers Palma, dont quatre sous les couleurs de Condor.

Ici, ce sont des machines destinées à imprimer les étiquettes pour les bagages.

Ne trouvant pas un moyen d’obtenir une carte d’embarquement (sauf à faire la queue longuement), je décide de passer les contrôles, vu le nombre de vacanciers à absorber. En ce qui me concerne, ce sont sept minutes qui me sont normalement assignées.

Un espace de jeu fort sympathique.

Mmmmmm, mes sièges préférés ! Sont-ils là pour que, psychologiquement, les gens commencent à se faire à l’idée qu’ils vont voyager sur ces banquettes « tape-culs ».

Aïe, la queue débute ici, sans qu’elle ne soit formellement organisée.

Ça sera assez rapide, les personnes me précédant étant assez à l’aise pour scanner leurs cartes d’embarquement.
Le passage du poste d’inspection aura été une formalité vite expédiée par un personnel vraiment efficace. Les sept minutes affichées sont donc respectées.
Me voilà donc airside.


Un bémol adressé à DUS : ça manque un peu de toilettes. D’où je me trouvais, il fallait prendre l’ascenseur, descendre d’un niveau, pour y accéder. Cela dit, lors de mon passage, elles étaient bien propres, aux antipodes de celles utilisées la veille au soir, lors de mon repérage, où la pratique de l’apnée était grandement conseillée.

Ma porte de départ.

Et voici l'objet de mes désirs qui a conduit à réveil fort matinal. J’aurais donc la chance de voler sous les anciennes couleurs sobres de Condor, livrée aux antipodes de la nouvelle qui fait encore couler bien de l’encre.

Le pédigrée de l'appareil qui nous apprend qu'il a 26 ans et qu'il a toujours volé sous les multiples couleurs de Condor / Thomas Cook.

Le 757 et Condor
La compagnie loisirs germanique avait fait du Boeing 757 un des piliers de flotte. Condor a ainsi compté vingt appareils dans la version -200 (aujourd’hui tous retirés du service) et quinze en version -300. Cette confiance s'est illustrée au point que Condor devienne la compagnie de lancement de la version -300, c'est dire ! Il s'agissait de l'exemplaire qui a servi de prototype pour le constructeur américain (immatriculé alors N757X) et qui a été livré à Condor en juin 1999, sous l'immatriculation D-ABOA.
Les 757 ont été intensément utilisés au départ de l'Allemagne (DUS, FRA, MUC, HAM, etc.) vers la zone méditerranéenne pour l'essentiel (Grèce, Canaries, Baléares, Égypte, etc.). C'est sous les couleurs conjointes de Condor et de Thomas Cook que ces appareils ont sillonné le ciel. Plus récemment, certains appareils ont reçu la livrée surprenante voire controversée avec les fameuses rayures.
Il est à noter qu'il n'y a plus que sept 757-300 en service, immatriculés D-ABOG, H, I, J, K, M et N. Leur sortie de flotte est prévue à l'issue de la saison touristique 2025. Il ne faut pas traîner si quelqu'un parmi vous veut voler une dernière fois à bord de ces appareils. Avis aux amateurs.
Un groupe parmi les passagers se détache du lot. Il porte les couleurs de Condor, avec les désormais célèbres rayures. Ces footballeurs tournaient déjà à la bière (ils n'étaient pas les seuls), dont les canettes arborent elles aussi les couleurs de la compagnie.

À bord du 757-300
Étant versé au groupe 6, c'est parmi les derniers que j'embarquerais.
Je n'ai d'ailleurs jamais compris cette logique - illogique - qui consiste à faire embarquer en dernier les passagers en fond cale en dernier. Alors que ceux des groupes inférieurs continuent de s'installer, ils encombrent le couloir, gênant ainsi les passagers voulant accéder à l'arrière de ce genre d'appareil - comme l'A321 par exemple.

Bouchon conforme à mes prévisions. Le groupe 5 n'a pas fini de s'installer et gêne logiquement le groupe 6.

Ça ne me dérange pas de me faire traiter de ### de bon matin, si c'est fait de la sorte.

Préalablement, il ne faut pas manquer ces deux obligations.


Accueil cordial à bord direction le 46F. J'ai volontairement choisi l'arrière de l'appareil pour avoir la sensation de déport lors des virages au sol.
Ici, ce n'est pas le 46F, mais le siège est rigoureusement identique.

La têtière reprend les rayures, même dans cet appareil qui arbore l'ancienne livrée.

Le pas est très très réduit pour ma taille (1,84 m).

Le PSU est dans son jus.

La forme de ces hublots change un peu de l'ordinaire.

La tablette est d'une taille assez généreuse.

Voyons le contenu de la pochette.
Une fois encore, je n’ai pas essayé l’offre wifi, préférant de loin l’observation de mon environnement naturel.


Partout où des rayures peuvent être mises, elles sont mises.

Même sur ce document plus qu'officiel, une alternance de bandes vient apporter la griffe de la compagnie.

Le verso est toutefois épargné.

Voici les fameuses bières évoquées un peu plus haut.

Dans le détail, le catalogue des prestations vendues à bord.











Et l'autre catalogue, dont la dernière page propose d'aller sur le site en ligne.




Site en ligne en ligne que voici. Et l’on en sait un peu plus sur les rayures et leur nomenclature.

Notez au passage le livret édité à l'occasion du retrait de la flotte du 767-300. Le 757 aura-t-il les mêmes égards ?

Le chargement de l'appareil se poursuit. Le commandant de bord se présente, annonce les caractéristiques de ce vols et un léger retard au départ, justement à cause du chargement des soutes.

À bord, la cabine doit compter un taux de remplissage proche des 100 %, du moins en éco. À 05 h 54, l’annonce est faite que nous sommes au complet.

En route vers Palma
Les démonstrations de sécurité seront diffusées que ces écrans juste avant le taxiing qui débute à 05 h 58.

Un autre vol pour l’Espagne, plus précisément pour sa capitale, sous les couleurs d’Iberia (IB 758) avec cet A321 EC-JZM qui a perdu récemment sa livrée « Cantabria infinita ».

Un des trois vols pour PMI, avec ici le DE 1516, assuré par cet A320 immatriculé en Croatie (9A-IRM). Il appartient à la compagnie FlyAir41. Pour en savoir plus sur cette dernière, je vous conseille vivement le report de Luc, visible ici : https://flight-report.com/fr/report/73153/condor-de4305-frankfurt-fra-munich-muc/

Un frère aux mêmes couleurs.

À 06 h 02, nous nous alignons sur la 23L et les gaz sont mis dans la foulée.


Et zou !

L'A44 franchit ici le Rhin.

Si c’est pas malheureux de voyager en juillet et d’avoir un ciel aussi chargé. Mon IFE naturel me fait faux bond.

N’ayant pas déjeuné à l’hébergement, je fais marcher un peu le commerce local avec ce thé et ce gâteau au citron. La formule valait 5,99 euros. Correct sans plus, surtout en ce qui concerne la quantité.

Mon footballeur de voisin n’a lui pas changé de régime.

Ça faisait donc des années que je n’avais pas volé sur 757 et je dois avouer que j’ai été surpris par le niveau sonore très élevé en cabine, même une fois en croisière.

Palma à l'approche
Pas besoin d’être un météorologue chevronné pour imaginer que l’arrivée à Palma sera agitée.

Nous distinguons enfin le plancher des vacas et Port de Sóller.

Sóller et Port de Sóller. Ces deux villes sont reliées à Palma par un étonnant antique train électrique.

Port d’Antratx.

Nous entamons alors un large virage vers la gauche pour nous aligner sur la 33L.

Mais j’y pense ! C’est la première fois que je me pose à PMI en narrow body. Les trois autres fois l’ont été en Boeing 747-400 de la Lufthansa, en Airbus A340-300 de Swiss et en A350-900 d’Edelweiss. Mais mon coucou du jour est quand même remarquable. PMI, c’est la Mecque des avgeeks !

Toutes voiles dehors !

Et bienvenue dans cette enclave allemande.

Encore du demi-Condor avec cet A320 lituanien LY-VUT d’Heston Airlines, ancien de Tigerair, qui vole donc pour le compte de DE, comme ce matin, en provenance de Francfort, vol 1502.

Et nous nous stationnons aux côtés de ce 737-800 arborant une livrée métissée germano-tchèque (OK-TSO). Il repousse et va s’envoler vers Cologne, vol EW 581.

Nous voilà donc au point de stationnement et le commandant de bord oublie d’éteindre la consigne lumineuse « Attachez vos ceintures ». Qu’à cela ne tienne : tout le monde reste sagement assis.

Puis la cabine principale se lève mais, en fond de cale, mes co-PAX restent encore assis, tout comme nos deux PNC. La crème Danette n’a ici pas d’adeptes. Ils ont beau attaquer très tôt à la bière, ils sont quand même bien disciplinés. D’ailleurs, tout le monde a été très discret ce matin, pas un mot plus haut que l’autre.

Mais puisqu’il faut bien céder sa place un jour ou l’autre…

Je sors parmi les derniers, salué comme il se doit par le sympathique personnel.

Puis on m’autorise ce détour. J’échange quelques mots avec le copilote qui va regretter ses 757 qu’il appréciait beaucoup. Sa reconversion se fera sur A339, ce qui veut dire qu’il intègre la division longs courriers.

Puisqu’il faut vraiment tout faire chez Condor, alors votre serviteur prend les commandes.

J’aurais pu, mais surtout, j’aurais dû photographier les sièges de la business. Mais voilà, j’étais un peu guilleret. Je quitte à regret cet appareil et son équipage qui me laissera vraiment un très bon souvenir de cette première expérience chez Condor.
Le vol suivant est bien sûr déjà affiché.

Et revoilà cette longue saucisse qui aura bien rempli sa première mission de la journée qui sera donc de faire DUS - PMI, PMI - FRA, FRA - PMI, PMI - FRA.

Pour une fois, je sortirais de l’aéroport pour découvrir rapidement la ville de Palma.

Le cheminement est long et pas forcément bien agréable.


Le trafic est soutenu et les destinations très variées.

Aucun retour possible désormais.

Je n’ai pas d’attente ici puisque je voyage très léger.

Pour la somme de 8 euros, j’ai le droit d’effectuer un A/R vers le centre-ville, en une vingtaine de minutes.

Le vol selon FlightRadar24.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
Merci pour ce FR
Ayant travaillé 4 ans dans la Ruhr, plus précisement à Düsseldorf à 30' à pied de l'aéroport, j'ai adoré visiter les sites industriels car le patrimoine est incroyablement conservé :gazomètre, site sidérurgique, site minier, etc ... et le train suspendu de Wuppertal est bien sûr un incontournable.
Plus classe que les nouvelles
Ben s'ils n'ont pas de médicaments à prendre, inutile de boire de l'eau.
Ca a un avantage : ça évite aux "petits malins" du fond d'occuper les compartiments à bagages des rangées de devant. Combien de fois ai-je pesté contre ça ?
Le prix est très réduit aussi
Idem sur 767. On s'habitue vite au confort sonore surtout à bord le l'A380.
Bons vols
Merci Greg pour le partage.
Le B757 est l'un des rares Boeing que je n'ai jamais pris ! Icelandair en déploie sur GVA.
Je note le legroom très serré, aïe. Etait t'il possible de réserver un siège près des issues, moyennant finance évidemment ?
Les footballeurs tournent à la bière, arh so !
Catering payant assez moyen et pas franchement bon Marché je trouve.
Sympa de la part des pilotes de t'avoir accepté dans le cockpit.
A bientôt !
Merci pour le récit Greg!
Tu as donc réussi à caser le 757-300 Condor à temps, bien joué! Cela aurait été limite presque impardonnable pour un avgeek de ne pas tenter l'expérience tant cela fait des années qu'il est opérationnel en Europe ^^
Original ;)
Toujours impressionnante cette vague teutone vers Palma...
Je suis totalement d'accord avec toi.
Un vol calme et bien agréable malgré la présence de paxs consommateurs de bière de bon matin lol
Sympathique tour dans le cockpit, peut-être la dernière fois sur 757 en vol commercial...
A bientôt!