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Commençons ce bonus par une mise en contexte. Le Trentino - Alto Adige (Trentin-Haut-Adige) est une des 5 régions autonomes de l'Italie, avec la Vallée d'Aoste, le Frioul-Vénétie Julienne, la Sicile et la Sardaigne. Elle est composé de la province du Trentino, dont Trento est la capitale, et de la province du Sud-Tyrol dont Bolzano est la capitale.

La région a fait partie de nombreux empires: le Saint Empire Romain Germanique, les Républiques d'Italie de Napoléon puis l'Autriche-Hongrie jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale où elle fût rattachée à l'Italie. Le régime de Mussolini a longtemps essayé d'italianiser la région et sa population germanophone avec un certain succès du côté de Trento mais pas du côté de Bolzano (ou Bozen en allemand). C'est après de longues années de revendications que la région obtient son statut de région autonome en 1972. Les pouvoirs législatifs, administratifs et financiers sont largement délégués à la région et l'allemand, langue maternelle de 30% des habitants (63% dans la province du Sud-Tyrol), est reconnu comme langue officielle aux côtés de l'italien.
La région du Trentino - Alto Adige retient le 90% de ses revenus tout en étant un contributeur net au budget national Italien. La région s'est aussi associée avec le Tyrol autrichien dans les années 1990 pour former l'Eurorégion Tyrol–South Tyrol–Trentino permettant aux trois provinces de renforcer leur coopération en terme de gestion du tourisme, de l'économie, de l'environnement, des services sociaux et aussi de parler d'une seule voix au niveau de l'Union Européenne. Tout cela fait du Trentino - Alto Adige la région la plus riche d'Italie et une des plus riche d'Europe, et ça se voit. On est en Italie avec la qualité des infrastructures et le calme de l'Autriche.

Trento, tout comme la région du Trentino - Alto Adige, est un lieu de transit et la plupart des habitants de la région vivent dans la vallée de l'Adige, le deuxième plus long fleuve d'Italie. Il trouve sa source dans les Alpes et se jette dans l'Adriatique au sud de Venise.
La ville de Trento compte environ 120 000 habitants et est connue historiquement pour le Concile de Trente dont je parlerai plus tard. Nichée entre les montagnes à l'entrée des Dolomites, il est facile de prendre de la hauteur pour avoir une vue panoramique. Il y a un téléphérique qui permet de monter jusqu'au village de Sardagna où une plateforme offre de belles vues sur la ville et ses alentours.

La ville est presque intégralement construite à l'Est du fleuve Adige. Les bords du fleuve sons bien aménagéss pour des balades à pied ou à vélo. 

La région regorge de lacs et nous avons passé notre première journée à aller de village en village, de lac en lac. 

A l'est de la ville se trouve l'Orrido di Ponte Alto. Il s'agit de gorges modifiées au 16e siècle afin de protéger la ville des inondations répétées. Un système d'escaliers installé en 1500 a donné naissance à deux cascades, dont une de 40 mètres. Ces platformes permettent de ralentir le cours d'eau et ainsi d'éviter les inondations et les coulées de boues et de roches dans la ville. 

La région est un paradis pour cyclistes. Au cas où vous ne le savez pas, il existe des véloroutes Européennes de plusieurs milliers de kilomètres. Des itinéraires spécialement désignés pour les voyages en vélo et traversant le continent dans tous les sens. Plus de détails ici: https://en.eurovelo.com/
L'itinéraire EuroVelo 7, souvent nommée route du soleil, part du nord de la Norvège et finit à Malte. L'EV7 suit l'Adige et nous avons loués des vélos pour la suivre un peu vers le nord. Les pistes cyclables dans la région sont de vraies routes cyclables, bien séparées des voitures, et on trouve des routes comme celle-ci dans toute la région. C'est très agréable et bien plus sûr pour les cyclistes tout comme pour les automobilistes qui au final rencontrent peu de cyclistes sur les routes. 

L'EV7 longe le fleuve, traverse les villages, vignobles et plantations, et se faufile entre les montagnes. C'est un plaisir immense! 

Nous avons suivi la route sur 24 km jusqu'au village de San Michele all'Adige, à la frontière de la province du Trentino avec celle du Sud-Tyrol. Nous avons ensuite quitté la EV7 pour monter la colline voisine et passer à travers des routes de forêt avant de redescendre sur Trento. Une route d'environ 60 km, magnifique, mais qui demande d'être en bonne forme physique pour certaines montées. 

En chemin nous nous sommes arrêtés dans des vignobles, histoire de découvrir un peu les vins de la région à travers des dégustations. Le Trentino produit un vin pétillant, le Trento D.O.C., communement nommé Trentodoc. C'est un vin pétillant qui, comme le Champagne mais à l'inverse du Prosecco, utilise la méthode traditionnelle de fermentation. Cette méthode consiste en laisser la seconde fermentation se faire lentement et naturellement dans la bouteille. Ce fût une belle découverte, un vin pétillant bien plus intéressant que le Prosecco mais pas facile à trouver en dehors de la région. 

J'ai aussi découvert un cépage que j'ai beaucoup aimé, la Nosiola. Là aussi, difficile à trouver en dehors de la région.

Nous avons aussi fait une dégustation de vins à Trento. 5 verres à choisir parmi 40 vins, chacun de soi-disant 5 cl pour seulement 10€. Le tout accompagné d'une petite assiette de fromages et charcuteries. 

D'un point de vue gastronomique, on est au croisement de la cuisine alpine, germanique et italienne. De manière générale il y a beaucoup de porc ou de viande de gibier (venaison principalement), des pâtes, de la polenta. C'est bon mais c'est sacrément consistant.
À Molveno, dans les montagnes, j'ai pris de la polenta avec de la viande de venaison et des champignons. 

Nous sommes allés aussi à Fösterbrau, un restaurant typiquement Sud-Tyrolien qu'on trouve à Merano/Meran et à Trento, où on vous accueille avec des bretzels et de la bière. 

Sur recommandation nous avons mangé du jarret de porc avec des pommes de terre, une saucisse, de la choucroute et des knödel, qu'on retrouve aussi beaucoup dans la cuisine autrichienne et allemande. 

Au Nord du Trentino se trouve la province du Sud-Tyrol et nous y sommes allés deux fois. Une fois à la ville de Merano (ou Meran en allemand) où se trouve une petite station thermale. 

Puis à Bolzano (ou Bozen). Dans le Sud-Tyrol on n'a plus l'impression d'être en Italie. Les gens parlent allemand et l'architecture est plus alpine/germanique qu'italienne. 

La ville de Bolzano/Bozen n'est pas très grande mais semble très agréable. Il y a près de 250 000 habitants dans l'aire métropolitaine mais on a la sensation d'une petite ville. La majorité des gens se déplacent en vélo et la ville est un paradis pour les cyclistes.
La place de la cathédrale accueillait un peu de monde car le lendemain commençait ici le mondial de hockey sur glace et il y avait une genre de cérémonie avec la coupe. 

Nous sommes tombés par hasard sur une parade Tyrolienne, qui je crois célébrait le soulèvement des Tyroliens contre l'empire Austro-Hongrois en avril 1809. 

J'ai bien aimé la tranquillité de Bolzano et la province du Sud-Tyrol. Je ne parle pas italien mais je parle allemand alors c'était plus simple pour moi de communiquer ici qu'à Trento. Je me suis aussi bien amusé de voir que tout est bilingue à Bolzano. Tous les panneaux, les publicités et même le nom des rues. 

La ville de Trento en elle-même est tranquille mais assez vivante en fin de journée, la ville ayant quand même une grande université. La place du Duomo concentre le gros des activités, d'autant plus que nous sommes tombés sur la semaine du 71éme Festival du film de montagne, d’exploration et d’aventure de Trento. 

La cathédrale (Duomo) a été principalement construite entre le XIe et XIIe siècle dans le style roman mais la construction a continué durant plusieurs siècles avec un style gothique de plus en plus marqué. 

A l'inverse de Bolzano/Bozen, l'architecture de Trento est bien plus italienne.

Il n'y a pas beaucoup de musées ou d'attractions touristiques à Trento mais le Castello del Buonconsiglio vaut quand même le détour malgré ses nombreux défauts. Le musée à l'intérieur du château retrace, assez légérement, l'histoire de Trento et sa région. Le cheminement du musée est extrêmement confus, au point de facilement s'y perdre, et la moitié des explications sont uniquement en Italien. Néanmoins, il y a de belles pièces à voir. 

Trento est connue historiquement pour le Concile de Trente, convoqué par le Pape Jean Paul III en 1542 en réponse aux demandes formulées par Martin Luther et Jean Calvin dans le cadre de la Réforme protestante. Il marque le début du mouvement de la Contre-Réforme dont le but était de recatholiser les régions acquises au protestantisme. 

En sommes nous avons passé une excellente semaine même si le temps n'a pas été très bon. Nous étions un peu dans notre bulle, dans une ville calme et agréable, où une fois l'ordinateur fermé nous pouvions flâner dans les rues et s'arrêter à une terrasse pour prendre un verre avant de dîner.

C'est donc ça la dolce vita ?