Avis du vol entre Munich et Tirana en classe Affaires avec Lufthansa

intro

Je vous retrouve pour une petite série destination l'Albanie. A la base le pays n'était pas forcément sur ma "to do" immédiate, sauf qu'après deux séjours au Kosovo mon guide Kosovar est devenu un vrai ami avec qui nous échangeons presque au quotidien. Lors de mon dernier séjour il me dit que si je passais par l'Albanie il pourrait aussi me guider. Planning en main nous vérifions nos dispos et tombons d'accord sur un long week-end en Août pour découvrir Tirana et son immédiate proximité.

J'ai (presque) toujours eu de la chance avec mes guides, je les déniche sur un chouette site qui s'appelle tours by locals, qui a l'avantage de ne proposer que des locaux (forcément comme son nom l'indique) et qui permet aussi de totalement customiser son tour. Quand le guide est bien ou très bien je le recommande, quand il est extraordinaire, je prends toujours sa carte de visite et ne manque pas de l'appeler lors d'un prochain passage dans ce pays.

J'ai noué deux très belles relations avec deux guides, Danijela en Bosnie qui est devenue également une amie, certains éminents contributeurs du site ont eu l'occasion de la rencontrer, et Bekim au Kosovo qui lui aussi l'est devenu. Deux très, très  belles personnes.

Donc ce sera un "long" week-end avec un départ le jeudi après le travail sur un horaire infâme me faisant arriver à pas d'heure et un retour le dimanche, deux jours complets sur place c'est un bon début pour débroussailler et peut être donner l'envie de revenir.

Pour le routing, ça donne ça :

first class lounge muc et le comportement de certains passagers

La voiture m'attend et me conduit directement au pied de l'ascenseur qui mène au salon :

L'accueil est sympathique mais le salon est hyper bruyant. Je m'attends à ce qu'il soit blindé mais non, ce sont juste trois couples d'américains qui ont raté leur vol vers New York et qui ont décidé de faire la fermeture du salon, c'est à dire 22H00 car les vouchers pour le dîner et la nuit au Hilton n'incluaient pas les boissons alcoolisées, comprendre, nous allons nous bourrer la gueule et dévaliser le bar jusqu'à ce qu'on nous foute dehors.
Un comportement sans limite, à se brailler dessus, à interpeller les serveurs pour leur apporter à boire, à manger, à s'étaler comme des veaux, pieds nus. On se serait cru dans une porcherie.

J'avais un appel pro assez longuet à passer et impossible de le faire dans ses conditions là, je m'en suis ouvert à l'accueil (d'où j'ai eu les explications du pourquoi des ces personnes) et l'on m'a donné une chambre "day use" bien qu'il soit 18H30 et des poussières. Mais c'était la seule solution pour être au calme.

Du coup je peux vous présenter cette chambre qui est bien mieux agencée et plus confortable que celle de FRA.

Elle est surtout parfaitement insonorisée et dispose de quoi se rafraîchir :

Un peu de pub pour le fournisseur de la literie, excellente au demeurant puisqu'après mon appel, je ferai même une sieste !

Un peu plus tard je vais faire un tour au buffet, le salon c'est entre temps bien rempli, il y a de l'orage dehors et beaucoup de vols sont soit retardés soit carrément annulés. J'y reviendrai, mais retournons au buffet en premier :

L'offre est variée et intéressante :

On peut naturellement aussi se faire servir à table, amis le buffet possède tout ce qu'il faut, de fait je n'ai pas demandé la carte.

Ma sélection pour le soir :

J'ai volontairement fait léger car pas très grand faim. Un coup d'oeil sur le FIDS montre l'ampleur des retards du soir :

Les tous derniers vols ne semblent pas affectés mais c'est un peu un leurre, en effet les retards en cascade vont forcément en engendrer d'autres. Mon embarquement est censé se faire à 21H30 mais l'agente du salon passe un coup de téléphone en porte et n'a pas de réponse, ce qui veut dire qu'il n'y a personne en porte.
Elle me dit qu'elle vérifiera régulièrement mais que ce n'est pas la peine que j'y aille.
A tout hasard je lui pose la question piège : "le salon fermant à 22H00, si je quitte le salon à 22H pour aller à mon vol et que celui ci est ensuite annulé, je vais où ?"
La réponse est très claire mais poliment formulée : "Dans tous les cas le salon ferme à 22H00, donc ne le quittez pas avant, en cas d'annulation avant 22H on peut s'en occuper, sinon il faudra voir dans le terminal sachant qu'il n'y aura pas de comptoir HON/First et que de toutes façons à 23H l'aéroport ferme"
Très classe de la part de LH.
A 22H00 le salon ferme, et il n'y a toujours personne en porte, je n'ai d'autre choix que d'aller voir là bas à quelle sauce nous serons mangés :)

le vol

Direction ma porte qui n'est pas loin :

parenthese germanique - munich vous aime -

En me rendant à ma porte, je croise une file monstre devant le service center :

Et une annonce est passée en boucle : "Nous regrettons les annulations et les retards de ce soir mais tenons à vous rappeler que l'aéroport de Munich ferme à 23H00 tout comme tous les comptoirs des compagnies aériennes. Passées 23H00 vous ne pourrez plus être assistés à l'aéroport, il faudra appeler la hotline de votre compagnie aérienne. Par ailleurs, tous les hôtels de la plateforme aéroportuaire sont complets. Nous vous invitons à chercher un hébergement en ville, avant l'heure de la fermeture du S-Bahn".
Voilà, en gros si à 23H00 tu n'as pas été rebooké et t'as pas un voucher pour dormir quelque part, tu sors et tu te démerdes !

retour à mon vol

La partie du terminal où je me rends est étrangement déserte :

Me voilà à ma porte, il est 22H10, personne et le FIDS affiche toujours 22H00. Je sens qu'on va patienter un petit bout de temps !

Mais tout vient à point à qui sait attendre et subitement du personnel débarque arrivé de nulle part et lance l'embarquement à 22H15. Vamos !

C'est un 321 qui effectue le vol ce soir :

Direction l'avion :

Instant P. :

L'accueil est fort sympathique, la configuration avec le siège milieu totalement neutralisé sur trois rangs pour faire passer la capacité physique et non théorique à moins de 200 places (donc l'avion peut s'opérer avec 4 PNC au lieu de 5), n'est vraiment pas ma préféré :

J'aurais le rang de mon ami le vénérable SEN de Savoie à vie pour ce court trajet :

Notre voisin un 321neo sans WiFi et sans prises :

L'index de retard est à 5.0 soit le pire (c'est une échelle qui va de 0.0 à 5.0) :

Nous sommes prêts au départ, avec le moodlighting particulier de LH :

Décollage :

Au final nous n'aurons eu "que" 35 minutes de retard, on peut s'estimer heureux. Notre avion a le WiFi mais pas de prises ^^

J'aime toujours cette idée de mettre les tablettes contre la cloison, comme ça les accoudoirs se relèvent :

Et en plus, ces tablettes sont vraiment grandes :

Tiens le roulé à la truite, ça faisait longtemps que je ne l'avais plus vu celui là, accompagné d'un gâteau au chocolat que je connais bien :

Et un déca pour finir !

Avec son petit chocolat biz biz :

Nous ne rattraperons rien du retard et poserons avec 30 minutes de retard.
L'équipage était top de bout en bout avec un pilote qui nous a expliqué le pourquoi du comment et du personnel commercial totalement charmant et qui en plus, cerise sur le gâteau, avait une escale de 32H sur place, ils étaient ravis !
Pas de passerelles à TIA, débarquement à pied puis bus :

Au revoir l'A321 !

Je n'ai pas pu prendre d'autre photo que celle là du hall d'arrivée, mais il existe à présent des E-gates, le passage se fait en un éclair, par contre plus de tampons. J'aurais bien voulu en prendre un mais la file des "tampons friendly" était vraiment longue tandis que les e-gates étaient déserts. Sachant que le lendemain la journée commençait tôt, tant pis pour le tampon ^^

La salle de livraison des bagages :

J'ai pas cherché à comprendre et j'ai commandé une navette de l'hôtel pour me récupérer, solution de paresse mais qui évite la négociation avec un taxi dans un pays que je ne connaissais pas.

bonus hôtellier marriott tirana

Le personnel a été absolument charmant de bout en bout et j'ai eu le droit à une suite diplomatique immense, beaucoup d'espace pour moi tout seul !
La partie salon :

La chambre :

Un énorme dressing :

Et une dernière vue de la chambre à coucher :

Et de la vue depuis celle ci de jour :

Krujë

Une localité charmante qui surplombe la ville de Tirana, comme le disait justement Marathon, l'accès à la vieille ville se mérite et j'étais bien content de ne pas avoir à rouler. De plus amples renseignements chez Maître Marathon par là !

Pas mal de monde mais les vues valent le détour !

Un petit reproche à la ville, contrairement aux ruelles bosniaques, ici c'est vraiment boutiques, boutiques boutiques !

Par contre nous n'avons pas fait l'impasse sur le musée Skanderbeg de la forteresse qui n'en ai pas vraiment une.

Pas spécialement intéressant mais on avait un peu de temps à perdre et surtout nous y sommes rentrés gratuitement !

Quelques vues sur la ville avant de repartir :

durrës

Ville portuaire et balnéaire au plus près de Tirana, je vous le dis tout de suite : intérêt zéro. On y est passés parce que Bekim voulait me montrer la mer et accessoirement aussi récupérer quelque chose dont il y avait besoin, mais j'avais été prévenu que l'intérêt été proche du néant. Pas été déçu :)

tirana

Au centre ville se trouve l'opéra :

Où y flotte un joli drapeau albanais :

Tirana succombe aussi à la mode du I love XYZ

L'Intercontinental et devant lui un des plus vieil hôtel "de luxe" de Tirana, l'International Hôtel

Quand on va sur leur site web, c'est drôle mais on ne voit jamais l'Intercontinental derrière :)

Le palais de la Culture :

La cathédrale de la Résurrection-du-Christ :

L'intérieur est magnifique mais cette cathédrale n'a que 11 ans en même temps :

Retour vers l'extérieur :

Les feux pour piétons sont originaux :

Le monument de l'Indépendance :

bunk'art 2

Un petit mot d'histoire :

Enver Hoxha, l'ancien président communiste, on devrait plutôt dire … dictateur …  de l'Albanie, était tout simplement un grand paranoïaque, non content de rendre son pays totalement athée, il avait également peur de tout ce qui pouvait faire basculer son régime (nombre de ses amis ont fini exécuté parce que représentant une menace pour lui) mais une chose le hantait par dessus tout : une attaque nucléaire.

Son règne a duré de 1944 à 1985 et beaucoup de pays voisins voyaient l'Albanie comme un eldorado alors que les Albanais n'avaient qu'une envie, fuir le pays. Tout le monde était surveillé, tout le temps. Une dictature à la mode Corée du Nord.

Pour en revenir à sa paranoïa nucléaire, Hoxha avait planifié la construction de plus de 200'000 bunkers pour la population, voici les chiffres "officiels" bien que le comptage final se soit révélé quasi impossible :

Prévus pour la population : 201'175, réalisés 161'878
Prévus pour combattre les tanks : 17'177, réalisés 9'824
Prévus pour les bataillons militaires : 1'245, réalisés 889
Prévus pour le commandement des bataillons : 1'291, réalisés 686
Prévus pour la directions des brigades : 104, réalisés 29
Prévus pour le commandement des brigades : 101, réalisés 45
Prévus pour la direction des divisions : 24, réalisés 10
Prévus pour le point de Commande général : 26, réalisés 10.

Tout bonnement incroyable !

Les deux principaux bunkers, Bunk'Art 1 (en 2014) et Bunk'Art 2 (en 2016) de Tirana ont été reconvertis en de fantastiques musées d'histoire et d'art contemporain afin d'aider les Albanais à se réconcilier avec leur passé et une immersion au plus profond du communisme de l'après-guerre.

En plein centre de Tirana, derrière le ministère des Affaires intérieurs, le Bunk Art 2 se consacre à l'histoire de la police communiste sous la dictature d'Enver Hoxha. Moins grand que le Bunk Art 1 (que je couvrirai dans un second bonus), celui-ci couvre environ 1 000 m² de surface et est protégé par des murs en béton armé de plus de 2 m d'épaisseur.

Il a été créé entre 1981 et 1986 afin de servir de refuge à la police d'élite ainsi qu'aux membres du ministère de l'Intérieur en cas de guerre atomique.

La collection du Bunk'Art2 se compose de nombreuses photographies et de matériels reconstituant la persécution des opposants à la suprématie communiste, soit plus de 100 000 Albanais, entre 1945 et 1991.

A titre perso j'ai largement préféré Bunk'Art1, beaucoup plus grand et plus immersif. A mon avis regrouper les deux au Bunk'Art1 ferait beaucoup de sens car il reste plein de place vide la bas tandis que le 2 est vite saturé par les touristes.

L'extérieur :

L'entrée :

L'on passe de pièces en pièces avec différentes expositions ou reconstitutions :

Comme ces pièces destinés aux ministres avec le portrait (très flatteur du dictateur au temps de sa jeunesse) :

Les prisons politiques du pays :

L'affreuse réalité de ce pays que ses voisins prenaient pour un eldorado :

Les longs couloirs :

Une cellule :

Le lieu reste très oppressant et je n'ai pas été mécontent d'en sortir :

la grande mosquee de tirana

Dont vous ne verrez, malheureusement que l'extérieur, tellement nous y avons été mal accueillis. Bekim est très croyant, je l'accompagne souvent dans ses prières en restant à l'arrière des mosquées, j'ai toujours trouvé ces moments privilégiés et d'une grande sérénité.
Sauf qu'à Tirana, pour entrer dans la Mosquée, il y a des heures. Je comprends qu'on ne puisse pas y entrer en temps de prière officielle, mais sinon c'est strictement règlementé : pas de touristes passé 16H00. Bekim me dit de le suivre, qu'il va expliquer qu'il va prier et que son ami l'accompagne.
Nous avons été dévisagés de haut en bas, puis Bekim a parlementé, encore et encore avant d'être finalement autorisé à m'emmener avec lui. Mais ablutions obligatoires pour tous les deux sauf que le local est occupé par une dame. Donc nous devons attendre qu'elle ait fini.
Ca prends du temps et je sens les regards insistants du "personnel" à l'entrée. Au final je dis à Bekim que je l'attends dehors, dans ces conditions là, je n'y trouve plus la sérénité des mosquées que je connais. Il est également très énervé et décide de ne pas prier du tout.
Je ne l'ai jamais vu faire ça, mais lui aussi estime qu'on lui a "volé" son moment. Ce n'est pas comme ça que ça doit se passer, du coup il priera dans l'appartement que son beau frère lui a prêté pour la nuit.

C'est la première fois qu'une telle expérience m'arrive et je dois dire que j'ai été déçu, moins pour moi mais surtout pour lui qui n'a pas pu me faire voir ce qu'il voulait voir ni exprimer sa foi dans des conditions convenables.

Voilà pour cet aller, le retour arrive bientôt !