Bonjour à tous,
Ce voyage date d’avril 2014. À cette époque, je ne soupçonnais même pas l’existence de Flight-Report et je ne prenais que peu de photos de mon environnement aérien. Le résultat est que je n’ai que peu de clichés correspondant à un « report » normal.
Si celles-ci font trop défaut, les modérateurs peuvent supprimer ce compte-rendu, je ne leur en voudrai pas. Malgré tout, j’ai encore quelques souvenirs assez précis de ce périple, je tente quand même le coup, cette zone du globe étant assez peu couverte, si ce n’est par Numéro_2 ici même https://flight-report.com/fr/report/27135/United-UA155-Guam-GUM-Honolulu-HNL.
Le Pacifique nord
Cette partie du globe m’a toujours fasciné. Vu d’Europe, c’est si loin, si isolé, l’ultime frontière. Ces états insulaires, on n’en entend jamais parler, sauf un peu avec les conséquences de l’élévation du niveau des mers. Alors bien sûr, avec Internet, on peut voyager virtuellement dans ces lointaines contrées mais c’est quand même mieux en 3D !
En février 2010, profitant d’un séjour aux Philippines de trois semaines, je décide de « planter » les potes une semaine pour visiter le Palaos et Yap (États fédérés de Micronésie), reliés par Continental Micronesia à l’époque depuis Manille. J’avais adoré et en rentrant en France, une démangeaison persistante me collait à la peau, non pas une maladie dermatologique, mais bien l’envie de pousser un peu plus loin vers l’est.
Entre temps, je rencontre celle qui allait devenir mon épouse. Je me marie en 2013. Quand ma moitié me demande une destination pour le voyage de noces, je lui déponds tout de go « les Îles Marshall ! » Et j’ai eu le dernier mot ! C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de poser mes valises dans ce lointain état insulaire du Pacifique nord.
Outre l'intérêt culturel de ce voyage et l'envie de découvrir ces lointaines terres, j'avais bien sûr une motivation "avgeek", celle de prendre le fameux "Island Hopper". D'abord sous les couleurs de Continental Micronesia, et depuis 2012 sous celles de United, un service (presque public) relie Guam (un territoire non-incorporé des États-Unis) à Honolulu, en passant par trois des quatre états fédérés de Micronésie, puis deux arrêts aux Îles Marshall. J'avais lu çà et là des papiers sur cette ligne aérienne atypique. Je vais pouvoir l'emprunter !

Enchainement de vols
- 1Lyon LYS - Dubaï DXB EK082 77L
- 2Dubaï DXB - Tokyo HND EK312 77W
- 3Tokyo NRT - Guam GUM UA827 772
- 4Guam GUM - Chuuk TKK UA176 737
- 5Chuuk TKK - Majuro MAJ UA155 738
Départ dans la matinée du lundi 6 avril 2014 depuis le centre de Tokyo. En train, nous rejoignons Narita. C'est avec le vol United 827 que nous rallions dans un premier temps Guam à bord d'un 777-200 immatriculé N779UA, parqué depuis janvier 2022.


Après quelques heures à Guam (à visiter les environs de l'aéroport), nous prenons le vol UA176 Guam (GUM) - Pohnpei (PNI) qui dessert Chuuk. Il était assuré par ce 737-700 N14735.
Nous arrivons en fin de soirée dans l'état de Chuuk (un des quatre constituant les États fédérés de Micronésie), dans l'archipel de Truk, sur l'île de Weno. Vous suivez toujours ? Ici, les distances sont énormes, les bouts de terre éparpillés et éloignés, ce qui impose une certaine autonomie dans la vie de tous les jours. Celle-ci se retrouve aussi sur un aspect administratif et politique ce qui explique ce découpage pour le moins déroutant. Pour exemple, le Palaos compte 21000 habitants au total mais est découpé en 16 états avec chacun leur drapeau, leurs plaques d’immatriculation, etc.
Mais revenons à Chuuk. Cet archipel est bien connu de certains amateurs des profondeurs océanes puisque les alentours ont été le théâtre de violents combats en 1944 entre les États-Unis et le Japon ; de nombreuses épaves gisent au fond du lagon pour le plus grand bonheur des plongeurs.
C'est avec une belle frayeur que nous atterrissons suite à cisaillement de vent (wind shear) à une dizaine de mètres de hauteur, avec donc un touché des roues très très musclé.

Vu la taille de l’aéroport et du flux despassagers, la PAF est rapidement passée, le passeport tamponné, le sac à dos vite récupéré.


Il fait nuit noire, les environs sont peu éclairés et il faut trouver l’établissement que j’ai réservé préalablement. Il n’y a aucune signalisation, les touristes en individuel étant très rares. J’avais lu qu’il fallait se méfier de la « viande saoule » en soirée. Ce n’est pas une légende, nous devons changer de trottoir deux fois. Après avoir trouvé notre adresse, nous passons la nuit au High Tide Hotel, un établissement miteux, finalement situé à deux pas de l'aéroport. L'offre est extrêmement réduite sur l'île, l’éloignement et la taille de l’île ne plaident pas pour avoir un parc hôtelier plus conséquent, nous n’avions guère le choix.
Dans la matinée, avant de repartir vers Majuro et les Îles Marshall, nous visitons les abords de l’hôtel. Le quartier n’est pas transcendant



Puis il est déjà l'heure de rejoindre l'aéroport qui ici ressemble plus à une simple gare routière, certes bien grillagée. Les panneaux solaires apportent une touche de modernité mais surtout de bon sens dans ces contrées où le soleil sait se montrer généreux et où l'énergie fait souvent défaut.

Comme la veille, lors de l'enregistrement, nous avons droit au traditionnel "Where are you going today?" qui semble être la semble être un peu la signature de United.
PIF et PAF sont vite expédiés. Sans aucun stress, on se retrouve airside très rapidement également.
Entre temps, le 737-800 N14249 pointe le bout de son museau, arrivant de Guam. C'est donc sa première escale ; il lui en reste cinq (Pohnpei, Kosrae, Kwajalein, Majuro et Honolulu).

La passerelle couverte est mise en place, nous allons pouvoir embarquer.

À bord dE l’island hopper
Malheureusement, je n’ai aucune photo à bord. Je ne pensais pas à en faire et comme je l’ai écrit plus haut, je ne soupçonnais même pas l’existence de ce site. Mais quel dommage !
L’accueil était correct si je me souviens bien. Le personnel est américain, basé à Hawaï pour l’essentiel, ou détaché dans cet état.
En ce qui concerne les passagers, là, c’est nettement plus atypique. Tout le monde se connaît ou presque. On pourrait presque comparer cette liaison aérienne à une petite ligne de chemin de fer reliant plusieurs villages d’une même vallée. Les gens voyagent pour certains assez régulièrement (des fonctionnaires peut-être) et d'autres plus rarement ; pour ces derniers, lorsqu’ils le font, c’est lourdement chargés. La gestion des bagages à main (pour le moins hétéroclites) en cabine est donc assez délicate. Beaucoup emmènent avec eux des caisses en polystyrène, c'est-à-dire avec des produits alimentaires. Malgré tout, ça ne sent pas la marée à bord ! J'ai même pu observer une plante verte (genre yucca) en cabine d'une taille assez conséquente. A priori, il y a une certaines tolérance offerte aux locaux qu'on ne retrouve pas entre Denver et Seattle ou entre Boston et Atlanta. Pourtant, il s'agit bien d'un vol "intérieur" américain, puisqu'il relie Guam à Honolulu.
Line up on runaway 4, throttle on TOGA, take off.






N'ayant pas pris de photo à bord, je peux néanmoins vous dire que le personnel était gracieux. La clientèle a un comportement sans doute bien différent qu'entre Dallas et Chicago. Le point d'orgue de cette gentillesse a été atteint par ce steward qui a emprunté le ukulélé d'un passager (visiblement très connu, sans doute un artiste du coin) pour montrer que lui aussi savait jouer et chanter. Et c'était plutôt réussi ! Certains locaux ont eux aussi poussé la chansonnette. Quand je vous dit qu'il y a de l'ambiance à bord ! Je ne sais même pas pourquoi ça vaut le coup d'installer des IFE…
Voici, ci-dessous, les temps de vol estimés par le captain entre les différentes escales.

Et c'est ainsi qu'après trois-quarts d'heure de croisière, la descente s'amorce sur Pohnpei (PNI).
Cette île abrite la capitale de l'état de Pohnpei (Kolonia), mais aussi la capitale de la Fédération des quatre états, Palikir. Vous suivez toujours ?








Les mêmes scènes se reproduisent. On peut descendre si on le veut, en prenant soin de prendre ses bagages à main. Les PNT vérifient alors qu'il ne reste plus rien à bord. Il me semble me souvenir qu'il fallait placer ses effets personnels du côté gauche si on restait à bord, à droite si on descendait à la prochaine escale.
Les démonstrations de sécurité sont renouvelées une fois les nouveaux passagers à bord. Pour le personnel naviguant commercial qui souhaite se perfectionner à la sortie de l'école, cette ligne est parfaite !
Nous repartons vers la prochaine escale, Kosrae, toujours dans les États fédérés de Micronésie.







Comme sur le segment précédent, nous repartons pour une heure de vol environ.
En ce qui concerne le confort à bord (c’est quand même Flight-Report, n’oublions pas les fondamentaux), il était correct, le pas suffisant. Vu la durée du vol sur toute sa longueur, c’est plutôt pas mal même si je doute qu’il ait beaucoup de passagers de bout en bout, à part Numéro_2.
Pour la restauration à bord, je n’ai que le vague souvenir d’un sandwich correct sans plus. Chaque segment voyant l’arrivée de nouveaux PAX, le service est renouvelé à chaque fois par les PNC. C’est vraiment un vol difficile pour eux ; heureusement, l’ambiance est détendue à bord.
Nouvelle descente, cette fois-ci pour Kosrae.







La météo n’est pas extraordinaire…
Le même cérémonial bien huilé se renouvelle à Kosrae, l’état le plus oriental des États fédérés de Micronésie.
La prochaine escale verra un changement de pays, avec une arrivée sur le territoire des Îles Marshall ??.
Cette nation est desservie par deux escales de l’Islands Hopper : Kwajalein et enfin Majuro.
La première destination est un site sensible : c’est une base US. En principe, les photos y sont interdites, mais sans la mesure où on nous n’impose pas d’abaisser les volets, je prends quelques clichés qui ne compromettront en rien la sécurité de la base.
Kwajalein est aussi le plus grand atoll au monde.




Il nous reste à faire notre dernier saut de puce, le plus court. Une quarantaine de minutes plus tard, nous serons arrivés à Majuro.

La nuit est presque tombée lors que nous nous posons à Majuro. Au revoir cher 737 et merci de nous avoir permis cet incroyable trajet ponctué de tant de magnifiques arrêts.
Le passage de la PAF est rondement mené. J’imagine que ce n’est pas tous jours que les policiers tamponnent des passeports français.

Nous récupérons nos sacs à dos et nous trouvons la navette qui nous mènera à notre hôtel. La semaine qui s’offre à nous est pleine de promesses : découverte de cet atoll, de la vie locale, de ses habitants. Cela promet d’être passionnant. Je vous ferais le bonus touristique sur le report du retour, de MAJ à GUM.
Merci pour ce FR d’archives.
Et pour la référence ! ;)
L’excuse était toute trouvée !
Effectivement c’est vraiment une liaison à part, et il faut tout de même avoir une petite graine de folie avgeek pour l’avoir réservée dans ce sens car c’est tout de même plus « direct »via HNL ! Je doute que l’épouse de Lefrid eût accepté de « se coltiner » toutes les escales du fait du passage par NRT. ;)
A bientôt.
Merci pour la réponse et le commentaire.
Mon épouse a une peur bleue de l’avion. Ça n’a pas été si simple de la convaincre même si j’avais omis (volontairement) de lui décrire l’ensemble du voyage. À chaque décollage, atterrissage ou turbulences, j’ai l’avant-bras bleu (comme sa peur).
Au fil des années, ça va un peu mieux, mais c’est pas encore gagné. Heureusement que sa motivation d’aller elle aussi aux Marshall a pris le pas sur sa peur.
C'est un bon départ pour un mariage...:-) Aucune vengeance nocturne de quelques nature que ce soit?
J'ai voulu faire du saut à l'élastique sur le Zambèse en voyage de noces et elle m'a dit:"Si tu fais ça je te quitte"
L’envie de visiter le Japon a été plus forte. Mais j’ai longtemps hésité à boucler la boucle via HNL et SFO. Finalement, ça s’est fait par le Japon.
En J flat bed, on pourrait discuter :-) Ici c'est vrai que ce serait plus difficile à faire passer. D'autant qu'il faut d'abord arriver là avant les sauts de puce...
Merci beaucoup pour le partage de cette belle archive !
Aucun soucis pour moi, côté modération, aucun problème, c'est validé !
Quelle belle expédition quand même :)
A bientôt !
Merci pour le commentaire.
Ouf, je n’ai pas rédigé ce report pour rien ! Et donc il va m’en rester un autre à faire.
Effectivement, ça fait quelques heures de vol. Mais ça vaut le déplacement.
Merci pour ce récit dépaysant! Certes il manque des photos d'époque où tu ne connaissais pas le site, mais tu as tellement bien décrit les événements qu'on imagine très bien les choses. Comme tu dis, à quoi sert les IFE quand on a autant d'animation à bord? Tu as eu une ambiance exceptionnelle de tout point de vue ^^
A bientôt!
Merci pour le commentaire.
Effectivement, c’est le genre d’ambiance qu’on ne retrouve pas à bord de tous les vols. Ça permet de s’imprégner préalablement de la manière de vivre des locaux quelque peu nonchalante, dans le bon sens du terme.
Hello et merci pour le report,
super intéressant et de belles photos!!
j'ai une petite question : lors de la première photo de passeport, on voit le tampon de la PAF américaine avec écrit "admitted AGA" ?? Soit j'ai manqué un épisode de colonisation américaine, mais il me semble qu'AGA est l'aéroport d'Agadir ?
Etait-ce, en 2014, un autre aéroport ?
merci ! louri
Les tampons d’immigration US ne reprennent pas le code IATA des aéroports.
AGA vaut pour Guam dont la capitale est Agana.
Merci pour le commentaire.
Comme l’a précisé Numéro_2, il s’agit bien d’Agana, qui peut s’orthographier aussi Agaña voire Hagåtña. La PAF US a donc choisi pour abréviation AGA, ce qui est un peu surprenant dans la mesure où ils privilégient en principe le code IATA.