la fin d'une époque
L'Histoire n'est qu'une succession de pages qui finissent toujours par se tourner avec plus ou moins de succès. Si la technique de l'aviation est en évolution constante pour s'adapter aux contraintes à venir, les dessertes aériennes régionales ont toujours eu une existence compliquée.
A l'instar d'un grand nombre de villes moyennes ayant connu leur heure de gloire avec leur propre aéroport et leur liaison directe vers Paris, Lorient et son aéroport ont tourné une page de leur histoire en ce vendredi 26 mars 2021.
Mais avant cela, petit flash-back. Okapi, Akivi et moi-même devions voler en mars 2020 vers les cieux bretons en empruntant notamment la liaison LRT-CDG opérée par Amélia. Le premier confinement nous ayant empêché de réaliser nos vœux, nous nous étions promis de retenter lorsque la situation s'améliorerait.
Lorsque début janvier 2021 nous apprenons la fermeture définitive de la liaison Lorient-Paris, nous nous décidons de nous y rendre pour le dernier vol, histoire de pouvoir loguer in-extrémis cet aéroport. Le grand maître Okapi viendra même se joindre à nous.
Mais voilà, comble de l'ironie, la pandémie nous rattrape à nouveau et un 3e confinement débute pile sur la période choisie. Nous hésitons donc tous à braver l'interdiction de quitter sa région.
Avec une certaine réflexion, je me dis que si j'ai le droit d'aller et venir comme je veux entre Poitiers et Paris dans le cadre de ma formation, je ne devrai pas être un grand danger public en me rendant expressément à Lorient, donc je tente l'aventure en compagnie de l'animal aux pattes rayées.
Le routing sera on ne peut plus simple : aller en TGV, retour en avion, avec suffisamment de temps sur place pour faire un petit tour de la ville.
Place au report !
Enchainement de vols
- 126/03/21 | TGV 8701 | Paris-MP → Lorient
- 226/03/21 | AF 7735 | Lorient → Paris-CDG | Hop! | Embraer ERJ-170
sur les chemins de lorient
Rendez-vous donc à Montparnasse pour le premier TGV vers le pays breton, départ 7h00.

J'abrège le détail du voyage qui se déroulera dans la luxure la plus raffinée (et oui, ne sommes nous pas à bord du Lorient Express ? ^^)

lorient-ville
Avouez qu’architecturalement, la gare de Lorient valait le détour !

Le temps est au ciel de traîne, bien représentative de l'image d’Épinal de la météo bretonne. Profitons donc qu'il ne pleut pas pour déambuler ci et là, au hasard des espaces verts et rues diverses.

Amateur de voiliers, j'entraîne mon compère jusqu'au port. Nous n'irons cependant pas jusqu'à la cité de la voile Eric Tabarly, un peu trop loin à pattes. Et puis nous n'aurions pas eu le temps.

Architecture nouvelle vague bétonnée pour cette église.

Mais avant de repartir du centre ville, n'oublions pas d'aller récupérer le kit de survie indispensable ! #jefaismescoursesàlacrêperie

le chemin des écoliers
Contrairement à Quimper, Lorient ne propose pas de navette (même à la demande). Pour se rendre à l'aéroport, nous avons donc le choix entre la solution simple mais onéreuse du taxi et la solution capillotractée pas chère dont je suis grand adepte : se rendre jusqu'à Plœmeur avec le bus T3 et finir le trajet à pied (30min… théoriques !). Okapi a la grande folie d'accepter cette seconde proposition.
Certes, au début tout se passera bien.

L'arrivée dans le charmant bourg de Plœmeur se fera sans encombres.

La direction vers Lann Bihoué est même bien fléchée !

Mais voilà, j'avais zappé qu'en Bretagne, le beau ne durait qu'un certain temps…

C'est donc en mode scouts bravant le Tonnerre de Brest que nous nous avançâmes au travers des forêts.

Heureusement, les flammes sont waterproof !

En sortant de l'école nous avons rencontré,
un grand okapi qui nous a emmené,
tout autour de la terre,
en direction du chemin des airs…

Lann-bihoué airport
Heureusement, la Terre Promise finit par être en vue !

Voilà un lieu qui sent plutôt bon l'aviation… Ou plutôt le sapin, vu l'état délabré du parking qui dû accueillir jadis moult véhicules de location. Seule Hertz semblait y faire timidement acte de présence.

L'architecture quelque peu surannée n'est pas sans charme (et me rappelle accessoirement mon école primaire, mais dans cette dernière, les avions étaient tous en papier :p).

On sent que la concurrence avec les aéroports de Quimper, Vannes, Lorient, Brest, Lannion et Rennes a du être rude dans le passé !

Bon point, nous ne sommes pas tout seuls, preuve qu'il y aura bien un aéronef qui décollera d'ici ce jour !

Cependant, l'aéroport est complètement fermé en dehors des courtes période d'escale. La zone extérieure est heureusement bien abritée.

On ne va pas vous le cacher, après notre randonnée-natation, j'attends de pouvoir me mettre au chaud avec une certaine impatience ^^

Les portes seront ouvertes à 13h30, soit 1h30 avant le départ de notre vol.

Le Hall d'accueil est plutôt spacieux.

6 banques d'enregistrement sont à notre disposition et sont utilisées par les 2 seules compagnies : Hop! (qui s'arrêtait ce jour) et APG Airlines qui continue encore de relier Lorient à Toulouse en Beech 200. Un vol très avgeek mais bien trop cher pour mes pauvres économies.

L'unique vol quotidien n'empêche pas la présence de la signalétique habituelle. Nul doutes que l'accès Skypriority ne sera pas trop nécessaire !

En revanche, on retrouve certaines antiquités qui ravivent mes souvenirs d'enfants, quand on nous avait distribué une petite trousse bleue planète bleue à bord d'un 747-400… C'était mon premier long-courrier en 1999 vers PPT. Nostalgie !

Damnation, la seule photo que j'aurai du FIDS est floue ! On va laisser cela sur le compte de l'émotion ^^
Les 2 vols pour CDG et Toulouse sont bien mentionnés.

Focus sur les posters à la gloire d'APG Airlines. En visualisant l'aménagement intérieur, on comprend les sommes assez astronomiques proposées sur leurs vols !

Une vitrine présente fièrement quelques belles maquettes. Parmi celles-ci, seul le CRK vole encore… et pour pas longtemps !

Normalement, il me reste un vol à venir en CRK, histoire d'en profiter. Je préfère de loin cet avion aux E170/190.

Pour ce qui est des ATR, c'est du passé. Heureusement qu'il reste encore Chalair et Amélia !

Cette bestiole me conviendrait Ô combien mieux que l'ERJ-170 du jour !

Quand au Stratocruiser, que l'on croirait sorti tout droit de l'imaginaire de Jules Vernes, ça fait rêver !

Bon, revenons à nos moutons ! Après avoir récupéré notre BP auprès d'une agente bien aimable, nous pouvons franchir le PIF.

Une fois n'est pas coutume, mon manteau est isolé pour une fouille approfondie. Le distrait que je suis avait oublié des couverts à pique-nique dans une des poches. Le couteau ayant une pointe courbe, ça passera. Ouf ! Notons que tous les agents du PIF étaient super sympas. Probablement que pour certains d'entre eux, c'était leur dernière journée de travail.
Dans la salle d'embarquement, on croise une vieille relique des gloires passées, avec 2 générations de logo !

Petit tour du propriétaire, depuis la sortie du PIF…

…à la porte.

Le tout en passant par la grande baie vitrée avec vue imprenable sur le tarmac.

Pour la dernière fois, l'écran indique la direction vers Paris.

De quoi rendre bien collector ce BP cartonné.

Un grondement sourd vient troubler la quiétude des lieux.

Le ciel breton en est particulièrement ému :p

PNC, dernier virage !


Il n'y a pas à dire, l'avion fera toujours rêver petits et grands ;)

embarquement tout en émotion
Alors que l'embarquement allait débuter, tout le personnel de l'escale et de l'aéroport nous a rejoint en salle d'embarquement pour dire adieu à cette ligne qui aura perduré pendant près de 60 ans. Un moment assez émouvant dont je vous partage quelques instants ci-dessous :
Après ces quelques mots, nous sommes autorisés à rejoindre notre oiseau du jour.

Désormais, Lorient ne verra plus que des passagers en régulier vers Toulouse et en charters.


Si j'avais déjà effectué quelques ouvertures de ligne, je n'avais encore jamais été présent lors d'un dernier vol (mise à part pour la tournée d'adieu du DC-10 Biman en 2014). L'ambiance y est tout autre, et on se prête à rester encore quelques minutes sur ce tarmac bientôt désert.

On prend le temps de photographier notre destrier. Personne ne nous en voudra, surtout ce jour !

L'instant porte avec bras levé est de rigueur ;)

Vue générale de l'aérogare depuis l'escalier.

Avec le reflet, c'est encore mieux !

à bord
Nous sommes chaleureusement accueilli par le CC et le CDB. A bord, on retrouve une cabine bien connue.

Qui dit Embraer dit hublots mal alignés ! C'est la principale cause de mon désamour pour cet avion, malgré que ce dernier ait une jolie "bouille" (surtout le 170) et qu'il soit confortable.

Le pas est plutôt bon.

Instant bibi !

Et enfin, pour les amateurs ;)



l'adieu
L'embarquement et terminé et l'avion n'est que partiellement rempli. Mais avant de quitter notre poste, une petite surprise nous attend.

Le personnel de l'aéroport se prépare à un petit baroud d'honneur…

…à la façon "photo de classe", chacun tenant un carton avec une lettre, pour un dernier message d'adieu (impossible pour nous de voir ce qui était écrit. J'avais bien vu passer une photo sur twitter, mais celle-ci est introuvable actuellement).

Le CDB nous adressera également un petit mot.
le vol
Puis nous mettons en route sous les saluts du personnel. Au revoir Lorient !

Il y a tout de même un peu de trafic avec ce jet d'affaires qui s'est posé devant nous.

Nous décollerons en 25, face à la mer.


Allez départ !
Très vite, nous rejoignons la côte, avec l'île de Groix au fond.

La plage des Kaolins et la pointe du Courégant.


La météo n'est malheureusement point propice à l'observation du paysage…

Tout juste arriverai-je à voir la rade de Lorient avant de disparaître dans la couche.

Après un moment bien brumeux et tumultueux, nous rejoignons cet havre de paix qu'est le ciel :)


Petit focus winglet pour la route ^^

breizh'catering
Côté catering, covid oblige, nous n'aurons qu'une offre liquide. Mon choix se portera sur un café et un verre d'eau.

Mais comme nous avons fait quelques courses en amont, j'améliorerai mon ordinaire avec cette succulente galette aux pommes !

Le vol se poursuit sereinement au-dessus des cumulus.

Mais très vite, nous entamons notre descente vers CDG.


Comme nous nous poserons face à l'ouest, l'approche sera assez longue.

En finale piste 26 gauche.

Et voilà, c'est fini (déjà !)

On retrouve des silhouettes familières.

Salut toi !

Puis on vient se garer aux côtés d'un 318.

paris vous aime…
Alors que nous arrivions en porte dans les temps, nous patientons de longues minutes. Puis le CDB nous informe que personne n'est là pour nous prendre en charge et qu'il nous faut les attendre. Il n'a pas été tendre dans ses propos, et on ne peut que l'approuver !
Alors que nous nous sommes positionnés en porte à 16h15, il aura fallu attendre 16h35 pour pouvoir débarquer !
J'avais un rendez-vous important pour la suite, et Okapi était en connexion vers Milan. Autant dire que ce retard n'était point le bienvenue !

Ainsi s'achève ce récit. Depuis l'an dernier, l'aéroport de Lorient continue d'essayer d'attirer les compagnies aériennes. Dernièrement, Twin Jet semblait intéressée pour réouvrir la ligne Lyon-Lorient. A suivre…
Merci pour votre lecture :)
A bientôt !
Merci beaucoup Cyrille pour le partage !
Un trajet bien arrosé pour aller jusqu'à l'aéroport quoique très bucolique :)
Quelle émotion pour le personnel ce jour là, l'annonce est superbe et tellement symbolique.
C'est triste de voir une ligne fermer et surtout si c'est la seule ligne qui maintient l'aéroport à flot, parce qu'APG c'est pas vraiment une ligne aussi régulière que ça.
A bientôt !
Merci à toi Stephan !
A refaire en été quand il pleut (un peu) moins :p
Fermer une ligne n'est jamais facile. Alors quand il s'agit de la dernière liaison importante, c'est encore plus dur. De ce que j'avais compris, le personnel du terminal est intégralement resté pour assurer les vols d'APG et les charters (qui continuent à être assez réguliers, notamment pour certaines équipes sportives). Par contre, ce jour là, une partie du personnel de piste, ainsi que les loueurs de voiture, on cessé leur activité. Une page qui se tourne...
Il est vrai qu'elle ne dégage pas un gros CA pour l'aéroport... Mais visiblement, la chambre de commerce n'a pas baissé les bras.
Air France n'avait pas souhaité se représenter lors du renouvellement de la DSP. Amelia s'était positionné avant finalement de se rétracter.
A bientôt.
Merci Cyrille pour ce FR ;)
C'est bien triste que cet abandon de la ligne Lorient-CDG, c'est aussi l'ouverture vers le monde qui s'éloigne pour les habitants. Surtout que le TGV jusqu'à CDG, c'est pas non plus très rapide depuis l'ouest/sud-ouest de la France.
Et pour l'aéroport, ça va être bien compliqué sans vrai vol régulier...
Merci Jules :)
C'est bien triste, mais la région n'est pas dépourvue d'aéroports heureusement. Il reste quand même Quimper, Nantes et Rennes pas très loin.
Ce fut le cas pour l'aéroport de Dinard : l'arrêt de la ligne vers Alderney et l'arrêt des vols Ryanair pendant la crise du covid ont motivé le licenciement de tout le personnel de l'aéroport. Depuis, celui-ci est définitivement fermé.
A bientôt :)
Merci Cyrille pour ce FR historique !
Un abandon triste de cette ligne qui de mémoire n'était pas subventionnée... C'est une perte pour les avgeek mais du bon sens, car il y a trop d'aéroports et de lignes en Bretagne. Quimper n'est qu'à 50 min de voiture, et le TGV efficace depuis Lorient.
A bientôt !
Merci pour le partage et ce moment d’émotion.
Une ouverture de ligne, c’est toujours plus sympathique qu’une fermeture. Mais chapeau au personnel sol pour cet au revoir très professionnel.
Je ne connaissais APG Airlines; par curiosité avgeek j’ai regardé le tarif d’un LRT-TLS: j’aurais finalement préféré ne pas le faire :-)