Ia Orana !
Après le long-courrier pour se rendre en Polynésie, place désormais aux vols inter-îles.
Pour ces vols, Air Tahiti (VT) détient le monopole, hormis quelques compagnies privées comme Air Tetiaroa, qui dessert uniquement ladite île de Tetiaroa (j'en reparlerai dans un prochain FR). De fait, VT pratique des tarifs relativement élevés eu égard aux temps et distances de vol, même si au bout du compte les transferts en bateau reviennent à peu près au même. Il est donc assez onéreux de se déplacer entre les îles polynésiennes, même si les forfaits inter-îles proposés allègent (un peu) la note. En contrepartie, VT propose il est vrai un programme de vols suffisamment étoffé pour visiter aisément les différentes îles sans avoir trop de contrainte de ce point de vue-là.
Etant donné les incertitudes liées au voyage (cf. FR précédents), les billets VT n'ont été réservés qu'une dizaine de jours avant le départ. Un peu stressant, mais au final aucun problème de disponibilité.
Pour commencer notre séjour, nous avons choisi l'île de Tahaa. Celle-ci ne possède pas d'aéroport et il faut donc prendre un vol pour Raiatea et emprunter ensuite le bateau (bonus en fin de FR).
L'Aéroport de PPT en mode vol domestique
Autant nous avions été agréablement surpris la veille par l'efficacité de PPT à l'arrivée de notre vol en provenance de CDG, autant ce matin-là, ce sera vraiment la pagaille pour les vols domestiques.
Nous avons dormi pour cette nuit de transit au Tahiti Airport Motel, situé en face de l'aéroport. Il est d'autant plus pratique que notre vol pour Raiatea est à 7h30. C'est donc vers 6h que nous arrivons à PPT. Il semblerait que quelques néons soient à remplacer…

Et là, c'est la surprise : une cohue invraisemblable se presse pour accéder aux comptoirs domestiques, avec une queue qui remonte bien au-delà des tensoguides. Elle commence ici (et ira bien au-delà à mesure que les pax arriveront).

Puis s'étire sur une bonne trentaine de mètres…

Avant d'arriver au début de la file organisée.

En cause : impossible d'obtenir les BP en ligne et de nombreux vols au départ.

Comme vous pouvez le voir sur le FIDS, la plupart des vols effectuent des rotations sur les différents archipels. Pour ce qui nous concerne, nous devrons faire une escale à Huahine avant de rejoindre Raiatea.
La file avance très lentement. Il nous faudra plus de 20 minutes pour arriver au début de la file "officielle". C'est dense, c'est bas de plafond, le wifi fonctionne très mal et comble de tout : l'application Air Tahiti m'indique que ma réservation n'est pas éligible à l'enregistrement. Pour la magie polynésienne de l'arrivée, on repassera…

Il existe bien une file prioritaire, mais il faut disposer du passe-droit VT dont bien évidemment nous ne disposons pas.

Le marquage au sol est en mode covid, mais inutile de vous qu'il est impossible à respecter, d'autant plus qu'il faut chèrement défendre sa place dans la file avec de nombreux resquilleurs qui tentent de gratter de précieuses places.

Malgré tout, un point positif : VT a dédié un agent chargé de gérer cette queue bordélique et de faire passer en priorité les passagers pour les vols qui sont prêts à embarquer. Il fera preuve d'une efficacité aussi redoutable qu'incorruptible.
Après 1 heure de queue, nous arrivons enfin à un comptoir d'enregistrement. L'agente VT est charmante, ce qui apaise un peu la tension palpable dans la salle de check-in.

Seuls les petits bagages à main peuvent être conservés en cabine, les autres bagages doivent tous être enregistrés.

La contention s'effectuant au check-in, le PIF est passé très rapidement. Les agents sont très sympathiques, ça change de Paris. Nous arrivons dans une salle d'embarquement pratiquement vide, celle-ci se vidant aussi vite qu'elle se remplit.

Voici notre porte d'embarquement.

Un 787 TN est au roulage, prêt à décoller pour LAX.

L'embarquement n'est lancé qu'un quart d'heure avant le départ. Il va falloir que je m'y habitue ici ! ^^

Ne me demandez pas ce qui est écrit en tahitien…

L'embarquement se fait bien sûr à pied. Au loin nous apercevons notre avion de la veille, F-GSPJ, en plein avitaillement.

VT exploite une flotte principalement composée d'ATR (2 ATR42-600 et 7 ATR72-600) mais aussi 3 Beechcraft B200. Ici F-ORVS (baptisé Heireva) que je ne prendrai pas aujourd'hui mais un peu plus tard pendant notre séjour.

D'autres ATR.

En me retournant, j'aperçois le Tahiti Airport Motel, dont certaines chambres disposent d'une belle vue sur les pistes.

Direction notre appareil.

Au loin, le relief de Moorea, qu'hélas par manque de temps nous ne pourrons pas visiter.

Aujourd'hui, nous aurons la chance de voler avec Ra'ireva (F-ORVV), l'un des trois ATR disposant d'une livrée Tatau ("tatouée"). Ces tatouages, dessinés par les élèves du Centre des Métiers d'Art de Papeete, reprennent des motifs symboliques polynésiens et ont nécessité 40 heures de pose.

Seuls les trois derniers ATR ont reçu cette livrée, dont voici la signification.

Nous voilà donc prêts à embarquer, par l'arrière comme il se doit sur un ATR.

Le flight report
L'accueil en porte est sympathique. Le placement est libre, il vaut mieux ne pas se retrouver le dernier si l'on veut espérer un hublot… ou éviter de se retrouver à côté de ce colosse !

Voici les sièges, en configuration 2+2.

C'est raide et pas bien épais, et le pas est contenu, mais le vol dure peu de temps.

Voici les consignes de sécurité, trilingues (français, anglais, polynésien) comme d'ailleurs toutes les annonces qui seront faites, ce qui, compte tenu des durées de vol très courtes à chaque fois, représentera proportionnellement une part non négligeable du temps passé dans l'avion.



Plus de magazine de bord, covid oblige. J'ai trouvé amusante la lanière en caoutchouc qui retient la tablette.

Tablette que voici, amplement suffisante pour ce vol sans prestation.

Originalité, les deux sièges sont "reliés", ce qui renforce l'intimité.

L'accoudoir peut se relever.

Pour les spécialistes, le plafonnier, moderne.

Notez que les motifs Tatau sont également reproduits en liseré sur les coffres à bagages.

Un dernier flux de passagers arrive enfin. Nous sommes à peu près 70 dans l'avion.
Dernière inspection par la PNC avant le décollage. Celle-ci est sympa et me confirmera qu'il faut bien se mettre à bâbord pour profiter des plus belles vues. Quand je lui demande si le service à bord est revenu, elle me dit que c'est prévu pour le 15 juillet (deux semaines plus tard), en précisant d'un air malicieux : "ce sera la fête au village" !

J'en profite pour vous présenter les documents de voyage.

Notre voisine de devant ne déroge pas aux traditions locales.

La pagaille au check-in aura eu tout de même des conséquences puisque nous ne partons qu'à 7h50, avec 20 minutes de retard.

Nous passons à côté d'un Twin Otter de la compagnie Air Archipels, qui assure des vols privés.

Nous décollons face au nord-est, ce qui me permet de voir la tour de contrôle et la caserne des pompiers.

La piste est située au bord de l'eau (comme partout en Polynésie).

Nous longeons le récif corallien et faisons la course avec un bateau faisant la navette entre Papeete et Moorea.


Nous sommes du bon côté pour profiter du demi-tour.

Au loin, l'île de Moorea.

Au large de laquelle nous passerons, pour notre plus grand plaisir.


Lorsque nous approchons de Huahine pour notre escale, le temps commence à se couvrir.

On voit bien à gauche le lagon turquoise du sud de l'île et au centre la passe menant à la baie de Maroé.

Nous contournons l'île par le nord pour atterrir à HUH. On distingue ici à droite le lac Fa'una Nui, en réalité un grand bras de mer.

Voici HUH.


Il nous faut faire un grand tour pour atterrir par l'ouest et faire face au maramu, le vent d'est qui souffle pendant l'hiver austral.

Atterrissage au bord de l'eau, après 30 minutes de vol.

Voici la totalité des infrastructures de HUH, avec la tour de contrôle et le poste secours à gauche et l'aérogare à droite.

Nous avons droit à un beau tracteur rouge pour le déchargement des bagages.

Une vingtaine de pax descendront à HUH et à peu près autant nous rejoindront. Entre les deux flux les PNC désinfectent les poignées des coffres à bagage, tandis qu'une joyeuse musique polynésienne est passée en fond sonore.

Une fois toutes ces opérations terminées, nous pouvons reprendre la route de RFP après cette escale de 20 minutes.

Le vol suivant sera extrêmement court, puisque Huahine et Raiatea sont seulement distantes de quelques dizaines de kilomètres. 10 minutes de vol = le vol le plus court que j'ai réalisé !
Bye bye HUH, on se retrouve dans une semaine !

Raiatera est juste en face.


Malgré le temps grisâtre, l'arrivée sur le lagon turquoise est juste magique ^^


Comme à HUH, il faut faire un tour pour atterrir face à l'est.

C'est beau, quand même…

Le soleil a décidé de pointer le bout de son nez pour éclairer Tahaa.

Atterrissage.

Le roulage jusqu'au point de stationnement nous donne l'occasion de constater la luxuriance de la végétation.

Nous débarquons avec le plaisir d'admirer la superbe livrée de Ra'ireva.



Il n'y a pas long à marcher pour rejoindre l'aérogare.


Je note que RFP a droit à une belle voiturette (et non un tracteur) pour le transport des bagages.

L'entrée de l'aérogare est aux couleurs locales, avec ce tiki (en réalité de style marquisien), un frangipanier et deux plants de tiaré.

L'aérogare est des plus simples. Ici, pas de notion de airside ou landside.

C'est ce qui s'appelle attendre le lever de rideau.

Les bagages sont déposés sur des racks.

Nous n'avons pas de peine à trouver un taxi pour nous conduire au port d'Uturoa, d'où partira notre bateau pour Tahaa.

Merci de m'avoir lu, place maintenant à un petit bonus touristique !
Bonus touristique
Nous avons choisi Tahaa comme premier lieu de séjour en Polynésie française. L'île est réputée pour son authenticité, et c'est vrai que ça a été, avec Huahine, notre coup de coeur.
Pour cette escapade, quoi d'autre qu'un bungalow au bord de l'eau ? Le cadre est intimiste, enchanteur, loin de tout, magique. Merci encore à Mathieu pour son accueil et tous ses bons conseils !


Notre petite plage privée, avec Bora Bora au loin.

La contrepartie de cette tranquillité, c'est la faiblesse de l'offre de restauration. Il n'est pas rare de trouver porte close devant les roulottes. Il existe toutefois un hôtel superbe, le Tahaa Pearl Resort, l'un des plus beaux hôtels de Polynésie paraît-il. Pour en profiter sans se ruiner, le bon plan est d'aller déjeuner au restaurant de l'hôtel. La navette, gratuite, vous amène directement sur le motu (l'îlot) où se trouve l'hôtel. Les couleurs donnent une idée de l'endroit, même si pour ma part je ne suis pas fan des bungalows sur pilotis alignés en rang d'oignon.

Le lobby est situé dans cette palmeraie.

Quand au cadre du restaurant, je vous laisse juger par vous-mêmes.

Impossible de ne pas goûter à la spécialité locale, le thon rouge au lait de coco. Une tuerie.

Le reste de l'île est toutefois resté très simple et plein de charme. La culture du coprah prend encore une place importante dans l'activité locale, et l'on voit de nombreux séchoirs sur le bord de la route. Pour ceux qui auraient raté leurs cours d'agronomie tropicale, le coprah est la coque intérieure de la noix de coco, séchée au soleil et dont on tire une huile, qui sert notamment à la fabrication du monoï.

Mais la richesse de Tahaa vient surtout de la vanille. Pas n'importe quelle vanille : la vanille de Tahiti, d'une qualité bien supérieure à la vanille bourbon cultivée à Madagascar. La vanille polynésienne ne représente qu'une infime partie de la production mondiale, mais c'est l'une des plus recherchées, notamment par les chefs pâtissiers. Sur ce séchoir, il y en a pour une vraie fortune !

C'est avec regret que nous quittons Tahaa…

Un mot aussi sur Raiatea, dont nous ferons le tour. L'île mérite surtout le détour pour son site ancien, le plus prestigieux de Polynésie, le marae de Taputapuatea (à la fin on arrive à le prononcer de manière fluide ;-). Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, ce site rappelle que c'est d'ici que les Polynésiens ont colonisé pratiquement tout le Pacifique, jusqu'à Hawaii au nord, l'île de Pâques à l'est et la Nouvelle-Zélande à l'ouest. Le fameux "triangle polynésien", dont Raiatea est le centre géographique mais aussi culturel et religieux.

Oui effectivement avec le début des vacances scolaires en Polynésie française il y a beaucoup de monde, entre les habitants des autres îles, les élèves internes, les touristes locaux et les touristes étrangers.
Petit message pour souhaiter aux passagers un agréable voyage.
Ces motifs, dit "motifs tahitiens", s'inspirent des motifs anciens des îles de la Société. Il s'agit des motifs de Tatau (différents des motifs Patu Tiki Marquisien par exemple) mot tahitien qui a donné le mot anglais tattoo puis le mot français tatouage. Parmi les trois ATR il y en a un qui arbore des motifs des îles Australes (Et sur Air Tahiti Nui on distingue des motifs d'inspiration marquisienne).
Oui et il n'est pas rare de voir des gens couronnés aux départs des archipels vers Tahiti, l'inverse n'est pas possible pour éviter l'introduction d'insectes présents sur Tahiti mais pas sur les autres îles.
Le mot Tiki est un mot marquisien, l'équivalent en tahitien est Ti'i. (le style marquisien aussi bien dans les motifs de tatouages que dans la sculpture traditionnelle a mieux résisté à la colonisation et surtout à l'évangélisation, grâce notamment aux travaux d'un médecin et anthropologue allemand qui a répertorié tous les motifs de tatouages qu'il pouvait voir sur les derniers marquisiens tatoués dans les années 1890)
Mauruuru pour ce FR en Polynésie française
Merci beaucoup Moana pour ce long commentaire, particulièrement éclairé ;-)
J'ai vu effectivement beaucoup de femmes avec des couronnes de fleurs et de feuilles, mais je ne savais pas que c'était interdit dans le sens PPT > îles.
A votre nom et vos précisions, j'en déduis que vous êtes de là-bas ! Si c'est le cas, bon courage face à la situation sur place.
A bientôt.
Merci Stéphane pour le partage !
Un monde fou à l'aéroport, heureusement que ça a été bien géré par le personnel.
Dommage que tu aies loupé la fête à bord pour une quinzaine de jours :) :)
A bientôt !
Merci Stephan.
La fête au village devait se résumer au mieux à un jus et un snack, donc je ne regrette pas trop ;-)
A bientôt.
Que de souvenirs, rien n'a changé en 11 ans...
Merci pour le partage. Le thon au lait de coco, a se faire péter le bide...
Merci Mathieu pour le commentaire.
Ah... le thon rouge au lait de coco........
Merci Stéphane pour ce récit. Des images qui font rever ! Un entegistement longuet heureusement rattarpé par l'hotesse du check in et surtout la suite du vol et les payasges survolés. Les sièges font plus penser à un bus qu'a ceux d'un avion ! Le resort avait vraiment l'air top et ces couleurs ....
Merci Christophe pour le commentaire.
Expérience laborieuse à PPT, heureusement que les vues étaient belles ! Les ATR de VT sont un peu les bus inter-îles de la Polynésie ^^
A bientôt !
Merci Stéphane pour ce FR.
La file est impressionnante. => de quoi faire monter le stress.
d'une livrée Tatau ("tatouée") => c’est très joli.
Le placement est libre => Alors autant se presser pour avoir de bonne place.
Originalité, les deux sièges sont "reliés" => je pense que c’est la première fois que je vois cela.
Superbe bonus, je constate que nous avons toujours les mêmes goûts en termes d’hébergement.
A bientôt
Merci Valérie pour le commentaire.
Moi aussi, et c'est plutôt agréable quand on voyage à 2.
Je l'avais remarqué aussi ;-)
A bientôt !
1h de queue…c’est long quand même. Sûrement pas bon pour la compagnie non plus dont les vols doivent finir par être en retard.
Très belles vues. Il ne faut pas rater le hublot en embarquant.
Très joli bonus. Merci pour le partage..
Merci Moritz pour le commentaire.
En même temps, l'agent de VT au check-in faisait bien son boulot, les passagers étaient appelés en priorité en fonction de leur horaire de départ. Au final 20 minutes de retard ce n'est pas si pire ;-)
Surtout du bon côté !
A bientôt.
Merci Stéphane pour ce récit.
1h de queue à PPT, mais ça vaut le coup pour la suite !
Ça m'est arrivé de me retrouver à coté d'un tel colosse sur un ATR (de Nantes à Orly), ais il était finalement plus gêné que moi par le pitch.
Une charmante hôtesse visiblement sur ce vol : dommage pour la fête au village à 15j près !
J'aime bien le "lever de rideau" à destination, et surtout le super bonus !
A bientôt.
Merci Patrick pour le commentaire !
1 heure de queue pour 1 heure de vol, le ratio n'est pas top...
Elle nous a bien fait sourire en effet !
A bientôt.
Merci pour ce FR et son bonus (j'en profite pour documenter mes projets ahah), un vol qui fait le job mais dont les tarifs sur place ne sont vraiment pas donnés. Quand je vois ce que propose la compagnie SATA aux Açores avec des vols similaires, effectivement c'est vraiment très onéreux avec Air Tahiti.
À bientôt
Merci pour le commentaire.
VT n'est pas donné, mais j'ai envie de dire que tout là-bas est plus onéreux qu'en métropole. A prendre en compte dans son budget.
A bientôt.