Avis du vol entre Papa Westray et North Ronaldsay en classe Economique avec Loganair

Quittons donc "l'avenue" de l'aéroport. J'arrive au grand carrefour par delà duquel il faut faire un choix ! L'île n'est pas bien grande, mais je suis à pattes ! Et avec un vent pareil, c'est fatiguant. Mon objectif premier est de rejoindre là côte au vent, juste en face de moi, afin d'aller découvrir dans quel état est l'océan de ce côté ^^ Après, j'irai vers le sud, la côte y est plus proche, et surtout me permettra de revenir en fin de journée avec le vent dans le dos.

Je galère profondément à trouver un accès à la côte. Mise à part les quelques routes, impossible de marcher autre part vu que l'île entière est couverte d'enclos de pâturages pour la gent bovine et ovine. Il faut dire qu'on a plus de chance de tomber sur des animaux domestiques et sauvages que sur des humains (seulement 72 habitants en 2011).

Enfin, je finis par me frayer un chemin entre 2 enclos pour arriver sur la côte. Je trouve même un gros rocher pour m'abriter, idéal pour pique-niquer. Il y a pire comme endroit non ? ^^

Au loin,un grand phare attire mon attention.

Non sans me faire penser à celui de Chassiron, le phare de North Ronaldsay date originellement de 1789, et fut entièrement reconstruit et modernisé en 1854. Il a une portée de 24 miles et est doté d'une corne de brume. Il signale l'extrême nord-est de l'archipel des Orcades. Les Orcades et les Shetlands forment un chenal dangereux entre la Mer du Nord et l'Océan Atlantique, vers les îles Féroé et l'Islande. North Ronaldsay, Papa Westray et Westray sont les gardiens de la partie sud de ce chenal. L'importance de ce phare est donc considérable !

Côté faune, si je connaissais la réputation en terme de diversité au niveau des populations d'oiseaux, j'avais particulièrement envie de voir des macareux-moine, un des emblèmes de la région (pas une boutique de souvenir à Kirkwall sans macareux !!). Alors, en voyant un groupe d'oiseau se reposant dans les vagues au loin, je zoome en leur direction dans l'espoir que ce soit… A non, échec ! Ce sont des canards !
Malheureusement, je suis à la toute fin de la période d'observation des macareux qui s’étale d'avril à juillet, donc peu de chances d'en observer.

Par contre, un objet très étrange dans l'eau attire mon attention. Diantre ! Qu'est-ce donc ? Une bouteille ? Un bout de bois ? Mmmmmh… (réflexion intense ; puis en zoomant sur l'objet au maximum, et en examinant l'objet avec attention, je m'aperçois que l'objet semble avoir des moustaches… Des moustaches ? Nann, ne me dites pas que c’en est un ? ^^)

Et oui ! Il s'agit bel et bien d'un phoque ! Cet animal est un peu la mascotte dans ma famille et mon expérience des phoques en milieu sauvage se limitait jusqu'alors à la Baie de Somme. Alors forcément, à quelques encablures du rivage, la rencontre est superbe ! Ce dernier est en train de prendre sa respiration verticalement.

Tout heureux de cette magnifique rencontre fortuite, je reprends mon chemin en direction du sud de l'île.

Un bourdonnement interrompt le bruit incessant du vent. Il s'agit de Charlie Alpha qui effectue sa deuxième rotation journalière.

Les orcades sont également le paradis d'autres oiseaux, beaucoup moins bruyants ^^ Ici, les oiseaux sont essentiellement migrateurs et je vois soudain quelques uns dont l'apparence et la façon de voler me sont très familiers ! En effet, j'ai du voir un nombre incalculables de documentaires sur les oiseaux dans mon enfance et certaines choses me sont restés. Sur tous les oiseaux marin, je dois dire que j'ai mes espèces préférées, comme le paille-en-queue, le macareux ou encore la sterne arctique. Si j'ai déjà pu voir des paille-en-queue à la Réunion, les 2 autres ne sont dans mon esprit qu'au travers du petit écran. Et là, ce vol très particulier et familier m'intrigue ! Alors, je prends mon appareil photo et essaye d'immortaliser l'un d'entre eux. Je grossis ensuite la photo sur l'écran de mon appareil et je constate qu'effectivement, je suis tombé en plein lieu de nidification de sternes arctiques !

La sterne arctique est un oiseau absolument époustouflant et magnifique…

…36cm de long, 85cm d'envergure et une masse de 90 à 120g, soit un profil parfait pour le vol au long court…

…ce qui n'est point un hasard car cet oiseau de très faible gabarit parcours chaque année 38 000 Km !!!
En effet, la sterne arctique ne vit que dans les climats arctiques et subarctiques. Durant l'été dans l'hémisphère nord, la sterne est donc présente dans tout le nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, ainsi que sur les côtes du Groenland. C'est durant cette période que les petits naissent. Durant l'été austral, la sterne vit sur les côtes de l'Antarctique.
Les oisillons sont capables d'effectuer ces migrations 3 mois seulement après leur premier envol !
Elles peuvent vivre jusqu'à 29 ans et parcourt dans leur vie en moyenne 800 000 Km, soit un aller-retour Terre-Lune !

Ma présence pourtant très discrète les dérange cependant (la nidification est une période de forte vulnérabilité) et l'une d'entre elles viendra faire des passes d'intimidations juste au-dessus,consistant à se tenir à ma verticale, puis plonger d'un seul coup en criant "iaaaart" jusqu'à 1 mètre de ma tête pour remonter ensuite aussitôt, et ce à quelques secondes d'intervalle ! Sans crier gare, ça fait peur ^^ Je me suis donc éloigné pour les laisser en paix.

Quelques grandes masures par-ci par-là, comme celle-ci brandissant un drapeau italien.

Puis au détour du chemin, je découvre un accès sur l'autre rive ! Chouette ! me disais-je. Une longue plage de galet avec une eau plus calme grâce au vent de terre, parfait ! J'ouvre donc la barrière métallique (qui évite que le bétail ne se retrouve sur la plage) non sans quelques grincements discordants, puis je referme la barrière, CLAC, puis je me retourne et là… STUPEUR !!!!!!!!! Je m’aplatis instantanément sur le rivage…





















…car devant moi… La plage est bondée non pas d'humains… mais de phoques !!!!

Je n'en crois pas mes yeux !!! Un rêve d'enfant que de se retrouver à quelques dizaines de mètres de phoques dans leur milieu naturel.

Toujours à plat ventre, je tourne les yeux vers la droite et là ! STUPEUR (encore !), un phoque est présent devant moi à seulement 10 mètres !
Je réalise que celui-ci ne pouvait pas ne pas repérer ce bipède étrange qui claque une barrière, et s'il ne s'est pas enfui, c'est qu'il estimait qu'il n'y avait pas de danger immédiat. Néanmoins, je suis surveillé ! Je décide donc de rester à plat ventre (mmmh les galets glacés ^^) et de bouger le moins possible.

Alors, ceux-ci m'oublient rapidement et ferment les yeux. Je saisis alors l'incroyable sentiment dont je ne pouvais soupçonner l’existence, ce sentiment merveilleux d'être au contact d'une espèce dans son milieu naturel et de se faire accepter par celle-ci.

Probablement parce que mes actes et mouvements ne sont que de bienveillance, et que si la bienveillance est comprise de chaque côté, alors il n'y a pas de raison de fuir.

En vidéo, c'est encore mieux ^^

Comme dans toute société, il y a les adultes, et puis les jeunes… qui occupent leur temps à s'amuser et faire des bêtises, comme celui-ci !

Ce jeune phoque va passer son temps à s'amuser à faire des aller-retours plages-vagues, à venir entre les différents groupe d'adultes puis repartir, à jouer avec du sable ou des algues… Je ne me lasse pas de le regarder !

Mais la séquence la plus drôle arrive maintenant ! Notre petit phoque s'amuse à bouffer du sable (ou peut-être y avait-il quelques crustacés ou mollusques délicieux dedans).

Toujours est-il qu'il continuera jusqu'à la 7e seconde de la vidéo ci-dessous. D'un seul coup, j'interprète sa démarche comme "Bwaaah, mais c'est pas bon ça ! Et hop! je recrache tout beurk" !! Cette séquence m'a énormément (et continue encore) fait rire et je ne me lasserai jamais e sa réaction tellement hilarante ! Je saisis le lien en terme de caractère et de réactions commun aux mammifères et je me dis que si nos dirigeants politiques et économiques avaient vécue une pareille expérience, peut-être que le monde irait beaucoup mieux, en replaçant un peu les humains à leur place. Mais je suis sans doute un trop grand rêveur… Quoique…

Un vrombissement bien connu émerge des bruits du vent et des vagues : c'est Charlie Alpha qui repasse pour la troisième fois de la journée.

Cela ne dérange nullement monsieur ! (ou madame, je ne suis pas assez specialiste).

Charlie Alpha redécolle pile au-dessus de nous, mais cela ne dérange nullement nos amis à nageoires et moustaches.

Cela me permet de réaliser in-extremis une photo phoque+avion ^^

Un peu plus tard dans l'après-midi, une partie du groupe se met à l'eau, probablement pour aller chasser. Le spectacle de toutes ces têtes dans l'eau est magique !

Puis une demi-heure plus tard, les voilà de retour !

Pendant ce temps là, le temps change radicalement et au quelques minutes l'horizon se couvre de nuages de plus en plus sombre. Et autant dire qu'avec un force 6 à 8 prévu dans la soirée, les nuages vont extrêmement vite ! Je suis à au moins 45min à pieds de l'aérodrome et il convient de se dépêcher pour ne pas se faire saucer. Je dis donc adieu à mes copains phoques. Nul doute que je me souviendrai encore longtemps de cette journée absolument extraordinaire.
Inutile de dire qu'on ne sort pas indemne d'une telle rencontre. Être au milieu d'un groupe d'animaux sauvages qui savaient pertinemment que j'étais là, c'était juste extraordinaire. Cela m'a totalement changé la perception que l'on peut avoir habituellement de la nature.

L'instant découverte :

La suite de la journée sera pour l'opus suivant ;)

Merci pour votre lecture !

A bientôt !