Avis du vol entre Strasbourg et Toulouse en classe Economique avec Cello Aviation

Salut les FRistes !
Pour mon 99é FR, je ne vous propose pas beaucoup d'exotisme sur le plan géographique, mais quand même une double originalité question aéronautique :
- un vol domestique français en B737 "classic", chose devenue peu courante en cette fin-2018,
- une compagnie éphémère, qui a fermé boutique… quatre jours après le vol que je vais vous narrer ci-après !
Voyons ça de plus près.
Au départ, tout ceci n'est qu'un banal vol Hop… Je dirais même d'autant plus banal qu'il est… affrété à une autre compagnie, ce qui, comme chacun sait, est monnaie courante dans le ciel français depuis maintenant plus de deux ans, la filiale régionale d'Air France étant en proie à des tensions récurrentes d'effectifs PNT, sujet que je ne développerai pas ici.
Parmi la multitude de F100, BAe146/Avro RJ, CRJ, EMB135/145 et autres ATR42/72 que Hop affrète auprès de diverses compagnies européennes, vous connaissez sûrement l'Avro RJ100 G-ILLR de Cello Aviation qui a fait l'objet de plusieurs récits sur ce site , et que j'avais pris pour ma part en avril dernier sur un vol AF en ORY-LYS.

CELLO AVIATION est (était…) une petite compagnie charter britannique, créée en 2010 sous la marque Altavia Jet Services, opérant principalement en vols "VIP" pour le compte de sociétés ou de clubs sportifs, et accessoirement, surtout depuis que Hop l'a sollicitée au printemps dernier, des vols en "ACMI", c'est à dire affrétés sous le pavillon d'autres compagnies. En 2018, elle exploite (exploitait…) un B737-300, normalement équipé de 62 sièges seulement, et le fameux RJ100 illustré plus haut. C'est précisément lui qui est là, toutes portes fermées, sur le tarmac de l'aéroport de Strasbourg où je débarque en cette journée ensoleillée d'octobre avec une idée bien précise en tête…

Car vous vous doutez bien que si je rode devant ces bornes dans l'aérogare de SXB-Entzheim, ce n'est pas parce que je suis venu profiter d'une météo fort agréable pour l'Alsace à cette période de l'année, mais parce que j'ai eu vent d'un "tuyau" qui sent la bonne prise pour mon flightlog : de manière tout à fait exceptionnelle, CELLO AVIATION a dépêché son B737-300 en remplacement de l'Avro RJ100 affecté au contrat Hop depuis près de six mois… Il s'agit d'une occasion quasi-unique de voler sur ce 737-3L9, qui ne fait que très rarement de l'ACMI. En effet, à moins d'être cadre sup dans une boîte de la City, footballeur dans un club de Premier League ou… Reine d'Angleterre (qui affréta CELLO AVIATION en 2011 pour se rendre à Dublin), il a peu de chances de se retrouver à bord d'un charter ponctuel opéré par cette compagnie.

Sans que j'aie à effectuer la moindre manip, la BLS m'assigne le 1F. Excellent, je vais pouvoir être au hublot tout en ayant la possibilité de me déplacer en cabine pendant le vol.

Et Hop ! me voici enregistré à environ une heure du départ.

Le PIF sera franchi sans aucune attente. Je me dirige vers le 1er étage. Le vol est déjà affiché en porte 24.

A H-30mn, les agents de l'escale AF de Strasbourg lancent l'embarquement en précisant qu'il s'agit d'un appareil affrété à "Tchello Aviation" (sic). J'attendrai la fin pour y aller…

… avant de redescendre au RdC par un escalator, pensant me diriger vers un paxbus.

Mais non, ce sera du "faux contact", donc un embarquement à pied par le tarmac.

Curieux car la passerelle télescopique correspondant à la porte 24 était libre.

Tant mieux ! Cela permet de faire une photo de l'avion en entier.

Immatriculation G-MISG. Line number : 2688. Age : quasiment 24 ans. Précédents opérateurs : Maersk (d'où la série -3L9), Deutsche BA, GB Airways et bmibaby. Chez Cello depuis Juin 2016.

100% de la flotte de CELLO AVIATION réunie en un seul cliché, de manière assez improbable sur l'aéroport de Strasbourg.

Bien qu'il s'agisse d'un moyen-porteur, l'escale AF de SXB applique la procédure destinée aux avions régionaux pour les bagages cabine les plus volumineux : étiquette verte et retrait au pied de l'escabeau afin d'être placés en soute.

Les chromes qui entourent le moteur gauche de notre B737-300 brillent comme un sou neuf !

Me voilà tout près du but ! Comme de plus en plus de compagnies, CELLO AVIATION a stylisé la peinture entourant la verrière du cockpit pour arborer un look d'A350 !

Direction le 1er rang face à la paroi de séparation avec le galley avant, tandis qu'un "pistard" s'apprête déjà à retirer l'escabeau.

Pitch plutôt sympa.

Dans les minutes suivantes la porte est fermée et la CC va lancer les démos : en anglais au PA et en français par bande sonore enregistrée. L'équipage est entièrement britannique. Il n'y a pas de représentant commercial Hop à bord.

L'avion n'est pas en version 62C comme la plupart du temps de sa carrière chez Cello. Il est équipé en 148Y, 3+3 classique, la bonne nouvelle étant qu'il n'y a personne en 1E.

Preuve de la vocation de cette cabine à n'avoir que 2 sièges au lieu de 3 de chaque côté du couloir : il n'y a que 2 pochettes à documents contre la cloison.

Vous avez pu voir que les pochettes à documents étaient garnies de consignes de sécurité. Il n'y a aucune autre lecture à disposition, les équipes qualité de Hop n'ayant pas poussé le détail jusqu'à ordonner la présence du magazine AF. En revanche, question consignes, c'est l'abondance. On y trouve la V1…

… et la V2…

… ainsi qu'une autre V2 plutôt différente ! Jackpot pour les collectionneurs :-)

Il est 18h20 et nous roulons avec 10 minutes d'avance sur l'horaire.

Une vue lointaine de l'aérogare au soleil couchant lors du roulage.

Décollage en 05, donc vers le nord-est, à 18h30.

Dans les instants suivants, on peut avoir une bonne vue sur les installations de ce que fût la BA124 de SXB-Entzheim.

Nous entamons ensuite un long virage à gauche de façon à mettre le cap vers le sud-ouest, opposé à notre axe de départ.

Ce qui est fait quelques instants plus tard, le soleil étant à présent passé à droite de l'appareil.

Dès la montée terminée, les 3 PNC (féminins) présentes à bord vont débuter le service. Contrairement à ce qui se fait chez AF/A5, solide et liquide sont servis séparément.

Mon voisin du 1D a pris le célèbre cake au pavot et s'est auto-attribué la 1/2 tablette du 1E.

Arrive ensuite le liquide. Je célèbre le moment à ma façon avec une Heineken bien fraîche, à défaut de la Kronenbourg qui se serait encore mieux insérée dans le contexte.

Ceci avalé, je vais faire un tour à l'arrière.

Que nous réservent les toilettes de ce vieil avion ?

Eh bien, c'est du "VIP style" digne d'une P sur A380 EK. Cela me rappelle le B737-500 d'AIR X Charter pris il y a quelques années sur un vol Volotea. Rien à voir avec les toilettes pourries de certains avions plus récents mais pas aussi méticuleusement entretenus.

Même le vieux lavabo brille !

Je m'installe quelques minutes au dernier rang.

Le pitch n'est ni pire ni meilleur que dans un autre B737-300 ou -700 équipé à 148Y.

Recline très correct.

Comme on peut le voir, le remplissage est bon. Le CRJ1000 prévu au programme de base, ou le RJ100 de Cello qui le remplace habituellement, auraient certainement vu leur centaine de sièges quasiment toutes occupées.

Le vol se poursuit agréablement alors que la météo se dégrade un tout petit peu sur le Massif Central.

Retour vers l'avant. On notera que les triplaces du niveau de l'issue de secours sont devenus des biplaces dans cette configuration.

Au début de la descente, les PNC distribuent bonbons et serviettes raff. On les sent habituées à avoir beaucoup de présence en cabine, tradition des vols VIP exige !

Le coucher de soleil est splendide malgré les nuages de plus en plus denses.

Notre vénérable B737 Classic poursuit sa descente avec son bruit si caractéristique de CFM-56 première génération et semble bien parti pour conserver l'avance sur l'horaire d'origine prise dès le départ.

Vue classique de la ville de Toulouse lors de l'approche par le sud, avec l’île du Grand Ramier et le Stadium.

C'est soir de courses à la Cépière.

Courte finale et atterrissage dans les instants suivants.

Bloc arrivée à 19H50, avec 10mn d'avance. Un vol parfaitement exécuté.

Nous sommes stationnés au contact cette fois-ci, ce qui ne peut qu'augmenter la perception positive de ce vol de la part du client, sachant que les embarquements et débarquements par bus sont souvent chaotiques à Blagnac. J'imagine que, du coup, les bagages "étiquettes vertes" retirés au pied de l'escabeau lors du départ de SXB, vont être livrés sur le tapis des arrivées comme les bagages enregistrés.

Voilà comment s'achève ce vol, dont je pense qu'il aura entièrement satisfait tous les passagers présents ce jour là, et pas seulement l'Avgeek que je suis.
Quatre jours plus tard, j'apprenais que CELLO AVIATION avait décidé de fermer ses portes sans préavis, après quasiment 10 années d'existence. Ses dettes envers son actionnaire majoritaire étaient énormes par rapport à son modeste chiffre d'affaires annuel (8M£) et à l'habituelle question d'injection de cash quand les choses vont mal, la maison mère a répondu "stop" après avoir semble-t-il plusieurs fois dit "encore" par le passé. Eh oui, aux problèmes de gréer ses propres avions eu égard à ses soucis d'effectifs PNT, Hop doit aussi faire avec la fragilité des compagnies qu'elle affrète : c'est en effet la deuxième fois en deux ans qu'une compagnie cesse d'opérer alors qu'elle a un contrat en cours avec AF/A5. En novembre 2016, c'est Denim Air qui fermait ses portes sans coup férir, alors que son unique Fokker 100, aux couleurs d'une éphémère "paper airline" dénommée SkyGreenland, photographié ici à TLS avant un départ vers LIL, était supposé voler toute la saison pour le compte de Hop.

Nombre de compagnies européennes ont bien du mal à survivre en ces temps incertains, qu'elles soient charter, ACMI, low cost ou traditionnelles. Ces dernières semaines, VLM, SkyWork, Primera Air et maintenant Cello Aviation sont passées à la trappe, s'ajoutant à la longue liste démarrée l'an dernier au firmament de laquelle se trouvent Air Berlin et Monarch.
A qui le tour ?