Je suis arrivé très en avance à l'aéroport de Chengdu, vers 11H30, soit un peu avant que l'enregistrement n'ouvre. Il fait très chaud et très brumeux, et quatre vols internationaux, prévus entre 7h30 et 8h00, sont encore en train d'embarquer, ce qui ne présage rien de bon.

Cela me donne le temps de faire un petit tour dans la zone publique de l'aéroport. Il y a en fait très peu de vols internationaux au départ de Chengdu, alors que c'est un hub d'Air China et bien sûr la base de Sichuan Airlines et Chengdu Airlines (je rappelle que pour ce qui est de l'immigration, les vols vers Hong-Kong, Macao et Taiwan sont internationaux).

Quasiment pas de boutiques, très peu de voyageurs côté international, alors que c'est une ruche côté domestique.

Pour les vols domestiques, il y a des bornes d'enregistrement automatiques pour voyageur sans bagage. Elles sont assez récentes en Chine; j'ai connu le temps à Beijing où elles ne pouvaient pas lire les passeports étrangers, mais ce n'est plus le cas.

Il y a en particulier ce stand de fruits qui peut surprendre le visiteur étranger : en Chine on offre traditionnellement des fruits quand on est invité, ou quand on rend visite à sa famille (même si offrir des fleurs se fait aussi).

A l'approche du Nouvel An chinois (fin janvier ? début février), qui est la plus grande occasion annuelle de retrouvailles familiales en Chine, on voit ainsi partout sur les trottoirs des marchands de cartons de fruits, des couleurs rouge et or qui portent bonheur. Comme par exemple ceux de cette voyageuse.

Il y a très peu de monde à l'ouverture des guichets de l'embarquement du vol KA821.

Et il n'y a pas le feu, car comme je le craignais, il est en retard. Une heure de retard, selon l'affichage en haut à droite.

Il y a plus de monde à l'enregistrement du vol KLM qui ne part qu'à 16h, mais lui aussi est affiché en retard, en raison de l'arrivée tardive de l'appareil.
Un vol international par heure environ, cela ne surcharge pas les différents contrôles, qui sont presque déserts. A la douane, il n'y a personne.

Enfin non, il y a un peu plus loin sur la gauche cette douanière, qui dissimule mal son ennui.

Son nom est marqué en anglais et en chinois sur le badge épinglé sur son uniforme de la police de l'immigration chinoise : c'est à Mme Ding Chun, une quadragénaire plutôt avenante, que je tends mon passeport et ma carte d'embarquement, en lui disant bonjour en mandarin. Elle me répond de même avec un grand sourire, fait rapidement son travail, et me rend le tout avec un ravissant sourire agrémenté d'un Bon voyage!. J'ai toujours eu un accueil très sympathique à l'immigration chinoise; je ne peux pas en dire autant de celle de mon pays.

Puisque j'ai maintenant deux heures à tuer, je peux détailler un peu les boutiques hors-taxes. Il y a les pandas en peluche, incontournables au Sichuan, ainsi que les hélicoptères radiocommandés qu'on trouve dans tous les aéroports chinois, même à Lhassa.

Remarquez en hauteur le grand panneau rouge d'information sur le sida : la Chine a fait beaucoup de chemin sur ce sujet qui était encore tabou il y a dix ans, car on ne pouvait reconnaître officiellement le scandale du sang contaminé au Henan et ailleurs, l'ampleur de la prostitution, l'homosexualité et l'existence de drogués, bref aucune des causes de contamination. Le mal ne pouvait venir que des étrangers et on se contentait d'interdire la délivrance de visa aux séropositifs.
Ce qui est également marquant, ce sont les deux boutiques de souvenirs tibétains. Peu de gens savent que la zone historiquement tibétaine est immense, et s'étend largement au delà de la province du Tibet, englobant notamment la moitié ouest du Sichuan. Région qui justement était récemment interdite aux étrangers, en raison d'émeutes réprimées dans le sang à Aba.

J'ai de forts doutes sur l'authenticité des articles proposés dans ces boutiques (il y a d'ailleurs aussi beaucoup de toc au Tibet), en revanche les vendeuses sont aussi Tibétaines que je suis chinois. Elles ont beau porter l'élégant tablier aux raies multicolores des Tibétaines, leur visage est manifestement celui de l'ethnie Han dominante en Chine.
La météo très brumeuse ne se prête pas au spotting, à part ces avions de Sichuan Airlines,

Un 737 de Xiamen Airlines au décollage

Et cet inattendu Canadair Challenger 601 basé à Macao, stationné devant notre porte. Quel multimillionnaire peut se permettre de louer ce jet privé, quand on sait que la procédure pour faire valider un plan de vol en Chine peut prendre jusqu'à dix jours, sans garantie de succès ?

N'étant pas un VIP, ce n'est pas dans cet appareil que je vais emarquer, et j'ai aperçu l'A320 de Dragonair stationné au loin. PAXbus à prévoir, mais au point où on en est de la ponctualité?

Chengdu, ce n'est pas Beijing ou Hong Kong : les rares prises électriques dans la vaste salle d'embarquement ne sont pas alimentées, mais je trouve de quoi brancher mon portable à une multiprise sous le comptoir d'une porte où aucun embarquement n'est prévu. Les Chinois n'ont aucun état d'âme à se brancher ainsi, voire même à débrancher un écran publicitaire pour brancher leur chargeur.

Juste derrière à droite se trouve un local où les voyageurs peuvent se ravitailler en eau froide, tiède ou chaude, avec de petits gobelets de papier en libre service pour qui n'a pas de récipient.

La salle d'embarquement s'est remplie, mais il reste encore beaucoup de place pour s'asseoir, et même pour s'allonger pour faire la sieste : il n'y a pas manifestement pas de quoi remplir le 747 de KLM qui va arriver alors que je vais embarquer.


L'équipage du vol KA821 (2 PNT, 6 PNC ? un homme et cinq femmes) est arrivé, et lui aussi attend.

Embarquement par PAXbus, et l'A320 de Dragonait, lui, est complet.



Hong-Kong, la ville mondiale de l'Asie

Comme à l'aller, il n'y a pas d'IFE, et la démonstration de sécurité se fait à l'ancienne.

Annonce du capitaine s'excusant du retard de l'avion, en raison de l'arrivée tardive de l'avion, et de l'équipement insuffisant de l'aéroport de Chengdu (sic), et annonçant un départ dans dix minutes, pour une durée de vol de 2h10.
Ma voisine s'inquiète pour sa correspondance auprès d'une PNC, ce qui permet d'engager la conversation avec cette sympathique Thaïlandaise qui parle mandarin couramment - c'est sa langue de communication avec son mari chinois, à laquelle elle passe un coup de fil. Elle a encore ses chances pour son vol vers Kaohsiung, mais pour mon vol vers Taipei à 17h45, je sais déjà que ça va être très très juste.
Distribution de verres d'eau, et nouvelle annonce du capitaine : c'est maintenant l'espace aérien de Hong-Kong et Guangzhou qui est encombré, et toujours pas d'heure prévue de départ.

15h36 : repoussage de l'avion, mais il ne se passe rien encore pendant dix minutes. C'est à 15h50, soit avec exactement 2h de retard, que l'avion décolle. Pour ma correspondance à Hong-Kong, c'est mort.
Le roulage est en fait très intéressant, d'abord pour la variété des appareils aperçus, avec ce 737-800 de China Eastern, dans une étonnante livrée verte bien éloignée des couleurs corporate

Chengdu est connu notamment pour être un pôle majeur de l'industrie de la cellule solaire, bénéficiant ici des salaires très bas dans l'ouest du pays et de l'absence de contrainte réelle de lutte contre la pollution quand on a le bras suffisamment long. Comme Hanergy, qui peut s'offrir ce Gulfstream G550.

L'autre découverte, c'est cet immense chantier d'une nouvelle aérogare. Quand elle sera terminée, la capacité d'accueil de l'aéroport de Chengdu aura plus que doublé. Une autre piste sera-t-elle construite ? Je n'en sais rien, mais cela ne devrait pas être difficile. Du côté opposé aux terminaux, il n'y a que des bâtiments à raser, ce que les Chinois savent très bien faire sans demander leur avis aux occupants ou aux propriétaires.

Un avion de Shenzhen Airlines devant le chantier. Shenzhen est la ville nouvelle située aux portes de Hong-Kong; les vols intérieurs vers Shenzhen sont beaucoup moins chers que vers Hong-Kong, car les taxes aériennes sont très inférieures, et je soupçonne les compagnies aériennes d'en rajouter à leur tour, tant le différentiel de tarif est important à distance égale.

L'avion décolle enfin, et arrive peu après la distribution des plateaux repas, avec comme d'habitude le choix délicat entre le b'uf, et le poulet que j'ai choisi. Pour ce qui est du vin, c'est le même qu'à l'aller. Remarquez le verre en verre, qu'on a rarement l'occasion de voir en éco de nos jours.

Ce menu est tout simplement délicieux, largement au-dessus de ce que j'ai habituellement sur les vols intérieurs chinois qui sont il est vrai nettement moins chers. Faut-il rappeler que je suis en classe éco ?
La saga du gabarit de la mini-barquette de beurre (cachée sous le pain) sur les vols entre la Chine et Hong-Kong ou Taipei continue : j'ai eu droit (toujours en éco) à 5 g sur CA, 8 g sur KA à l'aller, 10 g sur CZ? et 7 g sur KA au retour. Qui a volé le gramme manquant par rapport au vol aller ? Je réclame une enquête internationale sur cette insupportable disparité de traitement entre les vols aller et retour !

Les tours de contrôle de HKG sont assez laides (à mes yeux), mais ils se sont rattrapés sur l'architecture et le confort des terminaux. Je connais des aéroports où c'est l'inverse. Le bout de l'aile gauche de cet appareil est malheureusement tronquée, ce qui choque mon sens de l'esthétique et surtout m'empêche avec une mauvaise foi écrasante d'en identifier le type (je me suis fait suffisamment allumer dans mes TR du trajet aller, alors je ne prends pas de risques, lol.

Cet appareil de China Airlines me rappelle que je ne suis plus qu'à 800 km de chez moi. Oui, c'est un 747 pour une liaison aussi courte !

Notre A320 fait un trajet un peu long et? dernier virage vers un poste de stationnement au large. Mimique effondrée de ma voisine thaïlandaise qui voit s'évanouir sa correspondance dans les dix minutes supplémentaires nécessaires pour franchir par PAXbus les cent mètres qui nous séparent du terminal.
Il y a évidemment une longue liste de vols ratés par les passagers du vol KA821, et un véritable comité d'accueil au terminal pour les renseigner.

Un professionnalisme irréprochable : ma carte d'embarquement est déjà prête, il ne manque que le numéro de la porte d'embarquement, facile à trouver sur l'un des écrans d'information des vols au départ. J'ai compté là 42 cartes d'embarquement; avec celles qui avaient déjà été distribuées, on peut estimer que plus du tiers des passagers du vol KA821 a raté sa correspondance et était déjà recasé sur un autre vol.

Je ne suis d'ailleurs pas le seul à avoir raté une correspondance vers Taipei, et je ne sais pas pourquoi ces deux voyageurs taïwanais (des Chinois n'auraient pas transcrit ainsi leur nom en alphabet latin) du vol CX470 qui aurait aussi dû être le mien sont des cas particuliers.

Je n'avais aucun souci : la grille de la desserte de Taipei par CX me garantissait de trouver tôt ou tard une place dans un vol pour rentrer chez moi. C'est d'ailleurs pour cela que j'avais choisi une correspondance à Hong-Kong, plutôt que Shenzhen ou Macao que me proposait aussi l'agence de voyage : il n'y avait par exemple qu'un seul vol au départ de Shenzhen après celui qui m'était proposé, et que j'aurais tout autant raté. Il aurait fort bien pu être complet.
Ici s'arrête le TR du vol KA821; la suite est à lire dans le TR du vol CX464 où une place m'est déjà attribuée, au hublot comme sur le vol CX470 que j'ai raté : un petit détail de qualité de service que j'apprécie.
Bonjour, merci pour le FR. La réponse pour le Cessna nous est délivrée par un photographe d'Airliners : \B-MAC (cn 5178) \Florinda\. Private Jet owned by Mr Stanley Hoo the gambling king of Macau. \ (http://www.airliners.net/photo/Canadair-CL-600-2B16-Challenger/0482627/L/&sid=c8fbe303aba9b6a9e107ba8367081559).
Sinon, la photo avant le 747 de China Airlines, il s'agit d'un A330.
Bonjour,
Oui, j'avais trouvé également cette référence. \Propriété de Stanley Ho\, c'est un raccourci que je n'ai pas repris à mon compte, car cet avion appartient à une société d'avions-taxi, qui appartient à Stanley Ho.
Et oui, j'avais reconnu un A330 notamment à la forme du winglet, mais je n'ai pas pu éviter le clin d'oeil. ;p
Merci pour ce FR Marathon :)
Bien géré le retard en effet, surtout le coup des boarding pass déjà dispo c'est pas mal !
Le repas est cool pour seulement 2h, comme d'hab sur les vols chinois !
Ca m'étonne de voir KLM en B747 sur une telle destination, ca parait trop énorme mais il y a peut-etre des liens spéciaux avec les Pays-Bas ?
A+
@Damss974
Non, pas de lien spécifique avec les Pays-Bas. AF/KLM a dû tirer à la courte paille qui s'y collerait.
C'est en effet étonnant, un 747 pour desservir une bourgade pareille : à peine 2,3 millions d'habitants en zone urbaine, 11 millions pour le district. Heureusement qu'il y a Chongqing à moins de 300km (avec 4 millions / 32 millions, respectivement), lol.
Tiens, tout ça, ça fait deux fois la population entière de l'île de Taiwan, aussi desservie par un 747 de KLM...
Ah désolé je ne savais pas que Chengdu était aussi grand, 2.3 millions en zone urbaine, c'est comparable à Paris en fait si je ne me trompe pas !
Tellement de villes énormes dans ce pays énorme..
A+
En fait, il est difficile de savoir quelle est la population d'une grande ville chinoise. Non seulement la définition de \zone urbaine\ est floue, mais surtout on ne comptabilise que ceux qui ont un permis de résidence (hukou). Le nombre de migrants qui bien que citoyens chinois sont de véritables sans-papiers est colossal, et cela touche toutes les couches de la société. Beijing a officiellement 11 millions d'habitants, mais on estime que le véritable total est plutôt 17 millions. Un tiers de semi-clandestins, cela correspond à la proportion de mes collègues chinois sans permis de résidence, donc sans droit à la santé, à l'éducation, aux services administratifs... y compris parmi les cadres.
S'ajoute à cela le fait que beaucoup de fonctionnaires ont des objectifs de résultats, comme par exemple de limiter la croissance de la population urbaine ou le nombre de naissances. Donc ils trafiquent les données statistiques, ce qui fait qu'à haut niveau, on totalise des chiffres qui sont tous faux. C'est un sujet passionnant, un peu hors sujet sur FR...
Merci Marathon, fort intéressant !
Correctif à mon FR, suite à recherche complémentaire sur le net : la 2° piste (02R/20L) est déjà construite. Elle a été mise en service en 2009, mais je ne l'ai jamais vue être utilisée. Elle est située au sud, au delà du nouveau terminal.