Bonjour à tous,
3é partie d'un itinéraire caribéen consacré à six avions de 30 ans de moyenne d'âge, avec cette fois le plus petit module de la série, et une compagnie pour le moins confidentielle, mais les deux étaient déjà listés sur la database de flight-report.com sans que j'aie à demander leur ajout. Chapeau Messieurs les gentils administrateurs !
Voici les liens avec les deux premiers tronçons :
1/ MAD-SDQ A340-300 Plus Ultra
2/ SDQ-AUA-CUR MD82 PAWA Dominicana
Je quitte le Curaçao Airport Hotel à pied, en direction de l'aérogare située à quelques centaines de mètres de là. L'occasion de contempler la zone de maintenance d'INSEL AIR, qui est particulièrement garnie, et pour cause : tous les MD80 et les Fokker 70 de cette compagnie, et de sa filiale INSEL AIR ARUBA, sont cloués au sol par décision administrative !

Petit coup d'oeil au FIDS qui témoigne d'une activité assez fournie en ce dimanche après-midi.

Je me rends au comptoir de la compagnie locale, Fly DIVI DIVI, dont j'avoue avoir découvert l'existence en préparant ce voyage quelques jours plus tôt, car elle avait échappé jusqu'alors à ma connaissance.

Son réseau régulier est très simple : une seule ligne, entre Curaçao et l'île voisine de Bonaire, assurée environ six fois par jour. Le vol de 15h30 que je souhaite prendre est prévu complet, et je suis donc en liste d'attente. Il faut croiser les doigts pour que l'un des huit pax prévus ne se présente pas. Hum, mal parti…

Miracle à H-20mn. L'agent me signale qu'il lui reste une place pour moi. Toujours aussi chanceux ce Lucky Luke : tous les pax sont là mais il y a eu une erreur sur une personne voyageant avec un bébé pour laquelle deux sièges avaient été réservés alors qu'un seul suffit. J'aligne immédiatement le cash tandis que l'agent d'enregistrement, qui est aussi agent de vente, fait mon billet.

Un vrai billet papier à l'ancienne…

… avec un reçu en bonne et due forme pour les 69$ acquittés.

Et voilà le sésame qui va me permettre d'agrémenter cette deuxième partie de la journée par un nouveau vol insolite.

L'agent qui a déjà effectué la vente et l'enregistrement est plus que polyvalent puisqu'il va aussi s'occuper de l'embarquement : il a donné rendez-vous à tous les passagers au pied de l'escalator permettant d'accéder à l'étage où se trouvent PIF et PAF. Nous bénéficions donc d'un "fast track" au grand dam des touristes allemands et hollandais qui font la queue avec discipline avant leur vol long-courrier^^.

Une fois ces formalités accomplies, alors que l'heure théorique du départ a été dépassée, nous voici en salle d'embarquement.

Le vol est bien affiché à la porte indiquée. DIVI DIVI est une petite compagnie, mais elle a tout d'une grande !

La zone est commune à tous les vols, car contrairement à ce que l'on pourrait penser, les trois îles méridionales des Antilles néerlandaises (Aruba, Bonaire et Curaçao) constituent trois états différents. C'est donc le circuit international classique à chaque vol inter-îles, avec fiche de police à remplir et gros tampon sur le passeport à l'entrée et à la sortie. Dans ces conditions, faire durer dix ans un passeport avec sa vingtaine de pages relève de la gageure.

Pas terrible pour faire des photos à travers les vitres en attendant son vol, comme vous pouvez le voir…

A 15h40, les 8 pax (et le bébé) que nous sommes franchissent la porte d'embarquement.

Il y a quelques travaux d'agrandissement en cours.

On emprunte un petit escalier pour rejoindre le tarmac, carrément sous le nez de cet A330 d'Air Berlin.

Ensuite, il va falloir marcher une bonne centaine de mètres.

Voici une photo d'ensemble. Et là, damned !, carte mémoire pleine. Je vais devoir effacer à la hâte quelques photos afin de retrouver de la capacité. Ça me privera hélas de quelques vues supplémentaires de la zone autour de laquelle est stationnée notre avion, et de notre avion lui-même !

Car il faut faire vite, le vol a déjà un bon quart d'heure de retard et j'en suis quand même un peu la cause avec mon billet acheté en last minute. Nous nous retrouvons donc directement à bord !

A côté, un F70 tout blanc, et un autre portant les couleurs de la compagnie du Surinam Fly Allways.

Les seuls avions d'INSEL AIR qui volent encore à cette date sont deux Fokker 50, dont celui-ci.

Je vous parle d'avions et encore d'avions, mais je ne vous ai toujours pas dit dans lequel on se trouvait : c'est un BN-2A Islander, vous connaissez ? Un vrai avion de ligne, équipé de huit sièges pax, qui est tellement petit qu'il n'a pas de couloir central dans sa cabine.

Les 4 pax des deux premiers rangs accèdent à leurs sièges par une portière située à l'avant gauche du fuselage, les 4 pax des deux derniers rangs en font de même, en direction des deux biplaces de l'arrière, grâce à une autre portière située côté gauche. Le tout s'ouvrant et se fermant de la manière la plus sommaire !

Et voilà, on roule à 15h45, quasiment à l'heure à laquelle on devrait être arrivés à Bonaire, mais ce n'est pas grave.

L'occasion de faire quelques photos du tarmac, à défaut d'avoir pu les faire en embarquant à pied.


Nous voilà au milieu de la piste.

Les deux moteurs Lycoming s'emballent.

Une petite vue côté droit, en allongeant le bras à hauteur de ma voisine, de manière à voir l'aéroport de Curaçao défiler à mesure que l'on décolle.

Et voilà, airborne.

Excusez moi Madame, une petite dernière photo de votre côté, avec mon hôtel au milieu, qui surplombe le hangar de Divi Divi et le taxiway.

Le BN-2A s'élève de manière assez poussive. C'est un très vieil avion, construit en 1980. Ma dernière expérience à bord d'un Islander remonte à 1996 aux îles Orcades (Orkney Islands). J'avais eu la chance de faire 6 étapes dans la même journée à bord d'un BN-2A de Loganair aux couleurs de British Airways, parmi lesquelles le vol réputé le plus court du monde (2mn bloc bloc) en Westray et Papa Westray. Point de record de durée de vol aujourd'hui, mais celui-ci étant programmé en 20mn, ça ne devrait pas être très long.

Quant à mon premier vol en BN-2A, il date de 1979, entre Calvi et Ajaccio, à bord de Kallistair, une filiale d'Air Littoral qui assurait en son temps des lignes intérieures corses ! Ça devait déjà ressembler un peu à ça. L'Islander est un avion de conception très ancienne (1er vol en 1965) mais il s'est est vendu de partout sur la planète. 1.280 exemplaires au total ont été construits. L'Islander a aussi une variante tri-moteur, baptisée fort pertinemment Trislander, mais ça c'est une autre histoire que j'espère vous raconter un autre jour…

Le vol s'effectue d'abord le long du rivage de Curaçao.

C'est assez vert comme île. Il doit pleuvoir souvent.

Merci à la maman et au bébé d'avoir réservé deux places au lieu d'une !

Le siège de la deuxième rangée à droite est vide, mais c'est parce qu'une passagère a été invitée par le pilote à s'asseoir dans le cockpit à sa droite, ce siège n'étant visiblement pas commercialisé auprès du public. Eh oui, il n'y a qu'un seul pilote à bord, et bien entendu, aucun PNC si certains habitués des gros avions en douteraient^^.

Le pitch est réduit mais ce n'est pas pire que dans certains avions bien plus gros.

Ah, vous aviez remarqué, la pochette est vide. Il n'y affectivement pas de magazine de bord sur DIVI DIVI. Mais il y a en revanche des consignes de sécurité, dont cet exemplaire qui s'est malicieusement glissé dans mon sac^^.

Nous voici déjà en descente vers Bonaire. DIVI DIVI a connu un crash tragique sur cette même ligne avec un BN-2A identique en 2009. A la suite d'une panne moteur, l'avion s'est abîmé en mer. Tous les passagers ont pu être secourus par des bateaux mais pas le pauvre pilote qui s'était évanoui lors de l'impact et qui n'a pu être détaché de son harnais, sombrant de ce fait avec son Islander. NB : j'ai trouvé ça sur wikipédia après mon vol, donc à cet instant ces pensées macabres ne m'habitaient pas…

Vol sans souci que celui-ci malgré l'âge avancé de l'appareil (37 ans). On a franchi les quelques dizaines de kilomètres qui séparent les deux îles et l'on est en approche.

Du peu qu'il m'a été possible de voir, ça a l'air d'être beaucoup plus tranquille que Curaçao et Aruba sur le plan de l'environnement. Ni raffineries ni casinos à l'horizon.

Les spotters du dimanche, disciples de Bécaud à Orly, ça existe même à Bonaire !

On atterrit sur une piste un peu surdimensionnée pour notre si petit avion^^.

Roulage en direction de l'aérogare, dont on distingue déjà très nettement la couleur rose.

Bloc arrivée à 16h15, avec 25mn de retard sur l'horaire, après un vol de 30mn bloc bloc, dix de plus que ce qui programmé.

Confirmation que la couleur dominante ici c'est le rose.

Et pour cause avec un nom pareil…

Ambiance très paisible. Pas de "no photo" hystérique dans mes tympans, alors je vais pouvoir tranquillement faire le tour de l'Islander en le photographiant sous toutes les coutures, me rattrapant ainsi de la boulette faite à l'embarquement.
1/ Plein profil

2/ La même avec un plan un peu plus large, question que la une de FR ne lui coupe pas le nez et la queue.

3/ 3/4 avant

4/ La même de plus près.

Il est temps de se rapprocher du terminal, avec cette vue de la tour.

Un slogan très approprié.

Bon bini !

Me voici landside dans les instants suivants, après un passage bon bini, donc bon enfant, de la PAF locale,

Ainsi s'achève le 3ème FR de cette petite série, au point de demi-tour de mon itinéraire des "avions trentenaires". Merci de m'avoir lu. A très vite pour la suite.
Bonsoir et merci pour votre FR, toujours plaisant à lire sur des appareils et des compagnies très peux (voir pas du tout) reporter sur le site.
A très vite pour la suite de votre routing.
Merci ! J'espère que la suite vous plaira tout autant.
Merci pour ce FR et pour la petite histoire de l'islander et de l'ancien pilote de cette micro-compagnie ;-)
Merci à vous du commentaire.
Merci pour ce FR ^^
Grace a vous 3 nouvelles connaissances en plus.
- La compagnie
- L'avion
- L’aéroport BON.
Ça a doit être une expérience inoubliable et ce n'est effectivement pas les plus gros avions qui feront cet effet!
A la prochaine ^^/
Merci à vous. C'est sûr que les avions de petite taille ont souvent plus de charme que les gros !
Merci Luc pour ce FR toujours aussi agréable à lire !
Une nouvelle découverte pour de nombreux FRistes (dont je fais partie) et ce, de par la compagnie, le type d'avion et la destination !
Un vol simple mais efficace et de bien jolies vues aériennes !
Hâte de lire la suite,
A bientôt,
Merci Mathieu et tant mieux si ça t'a plu. Partager à posteriori ce genre d'expériences avec d'autres fanas est un plaisir pour moi. A bientôt.
Merci, merci, merci pour ce voyage dépaysant et si étonnant. Je me demandais où voler dans in islander. Peut-être du côté des îles Anglo-Normandes mais plus si sûr. En tous cas, dans les caraïbes, ça a l'air cent fois mieux. Dur de reprendre un banal 320 après ça...
Merci. C'est sûr que le BN-2A est très peu banal. En Europe, il en vole toujours aux Orcades avce Loganair mais aussi en Allemagne en direction des îles de la Mer du Nord. A bientôt.
Merci pour ce FR dépaysant.
Sympa ce petit coucou et de la chance avec ce siége qui se libére au dernier moment.
Merci. Eh oui, ça tient parfois à pas grand chose. Sans ce désistement, ce vol me passait sous le nez ainsi que le vol retour objet du prochain FR. A bientôt.
Merci pour ce FR Luc
Intéressante balades dans les Antilles néerlandaises.
Une fois de plus chanceux, mais je constate que tu n'as pas pu rivaliser avec la pax pour choper le jumpseat.
Les critères de choix du pilote me semblent assez évidents ! Et ce n'est pas être chanceux !
Merci Mogoy.
Il y a deux explications possibles au fait que je n'aie pas été pressenti par le pilote pour faire le vol à ses côtés :
- soit son critère de sélection était le volume capillaire, et dans ce cas la pax choisie avait des arguments bien supérieurs aux miens,
- soit il s'est dit qu'en cas de mésaventure similaire à celle de son malheureux collègue 8 ans plus tôt, des mains féminines seraient sans doute plus expertes que les miennes dans l'art du débouclage de sa ceinture en apnée :-)
A bientôt.
Petit vol mais grand FR encore une fois !
Original cet aéroport Barbie XD
Merci du partage, à bientôt pour la suite !
Merci. Oui, aéroport à la Barbie effectivement, ou bonbonnière comme le dit Chevelan plus bas, ou genre ancienne entrée du zoo de Vincennes, c'est au choix. La suite arrive...
Bonjour ,
Merci pour ce FR atypique venu des Antilles, cet avion est vraiment petit ,le cesna 9 places paraît grand à côté .
Mieux vaut ne pas connaître les histoire du crash avant le vol ...
Bonne journée
Merci du commentaire. A bientôt.
Génial le FR ! et merci pour le partage d'expérience :)
Personnellement je trouve c'est avion vilain ! Mais il sent bon les premiers âges de l'aventure aéronautique et j'aimerais bien le prendre !
A bientôt
Merci. Ah, les goûts et les couleurs en matière d'avions, comme du reste, ça reste toujours très personnel. Mais comme tu le dis, on peut trouver un avion laid et avoir quand même envie de voler avec. A bientôt.
merci pour ce FR à nouveau vintage avec cet appareil qui semble robuste et simple
De belles vues en vol.
Merci. Robuste et simple, ce sont en effet deux adjectifs qui vont bien à l'Islander. A bientôt.
Merci pour ce nouveau FR improbable !
Merci.
Bonsoir Luc
Un vol sous les tropiques à bord d'un coucou hors d'age, c'est du Lucky-Luke tout craché ^^
Le Trislander est utilisé par entres autres par Aurigny Air basée dans les îles Anglo Normande, si je ne m'abuse ?
Le jeune homme est vraiment polyvalent, j'ai bien cru qu'il piloterait lui même l'avion D:))
J'adore le billet vintage, fait à la main, un retour dans le passé
Bienvenue dans la bonbonnière à Bonaire, charmant petit aéroport
Merci pour ce FR, à bientôt !
Merci Hervé. Oui, on peut encore faire du Trislander chez Aurigny, dans les îles anglo-normandes (moi c'est fait depuis 1980...), même si les Dornier 228 destinés à les remplacer devraient très prochainement reprendre la main. Avis aux amateurs.
Le récit avec sa dose d'imprevu pré-vol est aussi intéressant que le vol lui-même, comme l'auteur nous y a habitués.
Que celui qui n'a jamais eu de carte mémoire pleine par négligence au moment crucial jette la première pierre !
Outre celles qui ont déjà été citées, l'islander a deux caractéristiques insolites : un volumineux train principal non rétractable et des moteurs à pistons (il existe une variante biturboprop, mais ce n'est pas le cas de celui-là).
Pour compléter le tableau, malgré l'ancienneté de sa conception, cet appareil est toujours construit : peu d'appareils auront eu une telle longévité commerciale.
Merci pour le partage !
Merci de cet avis d'expert et des compléments apportés de manière fort pertinente : moteurs à pistons, train fixe et production toujours en cours. L'Islander est immortel ! A bientôt.
Merci Luc pour cette nouvelle balade à l'exotisme des lignes et des appareils :)
Tout ça sous le soleil, c'est encore plus sympa !