Avis du vol entre Doha et Singapore en classe Economique avec Qatar Airways

Suite de ce trajet vers Singapour :
CDG - DOH : QR38 (A330-300)
DOH - SIN : QR944 (A350-900) Vous êtes ici
SIN - DOH : QR943 (A350-900)
DOH - CDG : QR37 (A330-300)
Je vous ai laissés à la fin du FR précédent après le contrôle de sûreté. 1h20’ de correspondance, quand le premier avion est à l’heure et le passage du PIF plus rapide que la queue ne le laisse craindre, cela devrait être sans souci, mais le nouvel aéroport de Doha est immense. FRA, à côté, ferait presque petit.

Nous aurions dû mieux chercher l’accès au people mover aperçu trop tard en hauteur (d'après les commentaires, il ne serait en fait pas encore en service), et malgré les trottoirs roulants, le trajet jusqu’à la porte E22 est interminable. Pour être précis : 13 minutes, qui semblent beaucoup plus longues quand la signalétique ne fournit aucune indication de distance ou de temps de parcours.

La porte E22 est au niveau inférieur, donc PAXbus, et nous y arrivons alors que l’embarquement est déjà annoncé.

Le PAXbus arrive au coin du bâtiment

Surprise : c’est un petit bus, et cette première fournée ne le remplira pas. Nous nous sommes demandés si nous ne nous serions pas glissés dans l’embarquement prioritaire, mais peut-être pas.

Le trajet en PAXbus n’apporte rien au spotting ; c’est une fois descendu que je peux améliorer ma photo de cet A320 Al Maha (filiale saoudienne de QR) déjà au roulage en arrivant.

Le même, vu de mon hublot

L’escalier est entièrement aveugle, ce qui m’empêche de faire la photo traditionnelle de la carlingue au ras de la porte

Mais j'ai quand même pu prendre cette photo pour Pilf et tous les passionnés d'immatriculation

L’énorme Trent XWB de 3 mètres de diamètre

La porte d’embarquement est au milieu de la cabine J, que je présenterai plus tard,et voici l’une des deux cabines Y, vue de l’avant

… et vue de l’arrière

Ce qui m’a frappé immédiatement, c’est le volume des coffres à bagages. Cette valise cabine de dimension standard tenait uniquement à plat dans le sens de la longueur dans les coffres de l’A330 : ceux de l’A350 sont plus profonds et surtout beaucoup plus hauts, ce qui permet de la mettre sur la tranche.

De vrais cale-nuques, rendant inutiles nos cale-nuques gonflables.

La moquette est impeccable, ce qui n’est pas très étonnant pour un appareil qui a moins d’un an d’exploitation.

2 cm de plus qu’en A330 QR pour le pitch…

… et surtout 2cm de plus en largeur, ce qui est appréciable

Le très large encadrement noir donne l’impression d’un écran beaucoup plus grand qu’il ne l’est en réalité,

…mais la diagonale de l’image est quand même de plus d’environ 10,5".

Sous l’écran à gauche, une prise casque, une prise USB, et je ne sais pas quelle est la troisième, mais pas de prise secteur.

La fiche de sécurité recto-verso

Les pictogrammes au plafond sont passés au téléphone intelligent et à l’ordinateur portable.

Les toilettes sont accessibles pendant l’embarquement. Elles sont évidemment impeccables, dans un avion quasi-neuf avant le vol.

Un aménagement que je n’avais pas encore vu : un réceptacle pour seringue usagée.

Le deuxième PAXbus n’est pas encore arrivé, et la cabine Y est toujours quasiment vide

Et puisque l’avion est encore vide, pourquoi ne pas aller jeter un deuxième coup d’œil à la cabine J ?

La cabine est séparée en deux par la deuxième paire de portes, où l’espace est aménagé en bar, au dessus duquel se trouve un luminaire rond – la seule petite extravagance d’aménagement.

Les PNC étaient à l’opposé du « comportement robotisé » que l’on prête aux équipages QR. Un PNC m’a chaleureusement accueilli, invité à visiter tant que je voulais cette cabine J où il n’y avait encore aucun PAX, et proposé de me photographier au bar, espérant avec le sourire que cela me donnerait envie de choisir cette classe de voyage la prochaine fois.

Je n’allais quand même pas tester le confort des sièges ou vérifier le lie / full flat, mais voici ce qui vous attendrait en choisissant des sièges au centre

Ou au hublot

Vue générale de la première cabine J

Après avoir pris congé, il était temps de revenir dans ce qui n’avait jamais moins mérité le sobriquet de « classe sardine ». Embarquement terminé, mais où étaient les passagers ? Un PNC m’apprendra qu’il y avait 77 PAX dans cet appareil de 283 places : seulement 27% de la capacité totale !

Le personnel de piste est habillé de tenues très couvrantes contre le soleil, encore tolérable au petit matin.

Pas de repoussage, l’avion commence directement son roulage. L’IFE diffuse l’image (de très bonne qualité) de la caméra sous le ventre de l’appareil

Le spotting est presque uniquement QR : A321

A320

B787

Stationné dans la zone de fret, un A330-200F

Et deux appareils marocains : un 738 de la RAM

Et non loin de là, un C130 de l’armée de l’air marocaine. Ce n’est pas une coïncidence : le roi du Maroc est en visite officielle au Qatar.

La forme des ailes et les quatre réacteurs trahissent un A380 au fond

Décollage à 7h47, soit 17 minutes de retard

Comme c’était prévisible, aucune vue du Qatar au décollage, compensée par une vue superbe de Dubai dix minutes plus tard, d’autant que l’air sec n’était pas encore trop chaud. Certaines photos sont avec le rendu d’origine, d’autres ont les couleurs renforcées avec la fonction "Auto Adjust Colors" d’Irfanview.
De gauche à droite, les marinas artificielles de Palm Jebel Ali, Palm Jumeirah (la seule qui soit terminée) et The World.

Gros plan sur Palm Jumeirah

… et sur la Dubai Marina à son pied.

Lancé peu avant la crise financière de 2007-2008, l’archipel artificiel « The World », représentant une carte du monde stylisée, est à ce jour un fiasco. Deux îles seulement ont été aménagées, et il est possible que les autres disparaissent progressivement en une décennie, faute d’entretien.

Palm Jumeirah, et dans la première bande côtière, Jumeirah Islands et Emirates Hills

Jumeirah Village Circle, dans la partie inférieure de la photo précédente.

En couleurs naturelles, puis artificielles, l’aéroport international de Dubai, à droite de la voie d’eau Khor Dubai

La forêt d’immeubles le long de la route E11, dans le centre financier de Dubai

Dès qu’on s’éloigne de la côte urbanisée, c’est un environnement désertique

Vue générale

… et gros plans successifs sur l’aéroport de Sharjah, l’aéroport low-cost des Emirats

La même en couleurs très artificielles, le contraste ayant chuté en raison de la distance

L’intérieur de la péninsule est désert

On est ici

Le paysage accidenté de l’émirat de Fujeirah, la côte orientale. Au centre de la photo, dans l’intérieur des terres, se trouve une curiosité politico-géographique, très peu peuplée : l’exclave de Madha, territoire omani, laquelle contient à son tour l’enclave de quelques km² de Nahwa, appartenant à l’émirat de Sharjah (au centre dans le tiers inférieur).

La trajectoire de l’avion va être en grande partie au dessus de l’Océan Indien, à part la traversée en travers de l’Inde.

La forme si particulière du winglet

Le service commence avec un petit déjeuner servi ainsi

Et après déballage. Les différents ingrédients sont assez banals ; on notera de même que sur le vol précédent les couverts en métal. Le croissant est assez petit - 13 cm de long, j’en ai la preuve photographique ;)

Là-dessus, puisque le remplissage de l’avion permet à chaque PAX de se trouver un rang de 3 sièges, je complète ma nuit qui avait été beaucoup trop courte dans le vol CDG-DOH, avec une heure et demie de sommeil dans un full flat au centre, pour me réveiller avec un service d’eau et jus de fruit de bonne qualité après trois heures de vol.

La décoration du gobelet de plastique

L’avion termine sa traversée de l’Inde, dont voici une partie de la côte orientale

L’IFE me permet de vous localiser l’endroit précis

Air to air avec un A330 MH (type identifié par la forme du winglet; merci à jules67500 et Fouvolant pour avoir reconnu la livrée que j'avais pourtant déjà vue).

Voici l’agrandissement à pleine résolution. Soyez charitable envers la qualité du cliché : c’est ma première photo air to air d’un avion volant en sens inverse ! :)

Pas grand-chose à voir au dessus de l’Océan indien, à part ces nuages

L’avion atteint l’archipel des îles Nicobar, situé au-delà de la pointe nord de Sumatra

La souplesse du programme de géovision permet de vous fournir une carte détaillée des îles survolées.

Car la géovision sur l’IFE de cet A350, c’est un vrai bonheur : la carte est orientable à volonté, avec un zoom à volonté, avec une réactivité parfaite de l’écran tactile.

Une collation est servie une heure et demie avant l’atterrissage. De même que la deuxième prestation du vol CDG-DOH, elle est très insipide.

En revanche, pas la moindre indication d’ingrédients de ce sucré salé («sweet and savoury»)

La nuit tombe quand l’avion s’engage dans le détroit de Malacca.

La route aérienne se précise : l’avion reste dans le détroit

Et finit même par s’y attarder un peu :)

Moodlighting de la cabine dans la descente

La baie en face du cœur de Singapour

Sous-exposition volontaire pour éviter le flou dans cette photo du centre ville : on distingue la grande roue du Singapore Flyer au bord droit de la photo.

Les navires amarrés dans la baie

Le débarquement est évidemment ultra-rapide. C’est le seul moment où j’ai aperçu le pare-brise caractéristique de l’A350.

Le cheminement vers la sortie est raisonnablement rapide

Descente vers les nombreux guichets d’immigration où l’attente est très faible

Et arrivée en même temps que notre valise non prioritaire à ce tapis de livraison, 16 minutes après être sorti de l’avion : beau chrono pour les services au sol de SIN !

Il ne reste plus qu’à remettre un peu de crédit sur nos passes de métro et atteindre notre hôtel. Le trajet est un peu long – ce n’est pas une liaison express, et il y a une correspondance quai à quai à quelques stations de l’aéroport – mais dans des rames climatisées et et impeccablement propres.

C’est la fin de ce récit aérien, et le début d’un bonus sur Singapour.
On ne sera pas surpris que je sois allé dès le lendemain de notre arrivée au temple Tian Hock Keng.

Tian Hock, qui est la prononciation de 天后 en hokkien, ne vous dit probablement pas grand-chose, et celle en mandarin

[Tiānhòu] non plus, mais il s’agit d’une déesse qui apparaît régulièrement dans mes FR.

Les

[jiǎnnián] 剪黏, ou sculptures décorées de fragments de céramique colorée, sont typiques des temples originaires de la province chinoise du Fujian, mais c’est aujourd’hui à Taïwan qu’on en voit le plus.

Sans surprise, car

[Tiānhòu] est l’autre nom de Matsu, déesse originaire de la côte du Fujian ayant vécu aux alentours de l’an mil, protectrice des marins, et de ce fait particulièrement révérée des peuples chinois de la côte, de la diaspora en Asie du sud-est et à Taïwan.

Qui traverse aujourd’hui les océans en bateau ? Il me semblait juste d’augmenter un peu le champ de ses immenses compétences qui lui ont valu d’être élevée au titre de Reine du Ciel au XIX° siècle, et de la remercier de nous avoir protégés dans notre voyage.
Comme souvent, ce temple taoïste comporte aussi un sanctuaire bouddhiste – ce sont deux religions différentes – consacré à Guanyin, bodhisattva de la miséricorde.

Symétriquement, le temple Leong San 龙山 (« Montagne du dragon ») aux toitures ornées de très beaux jiannian est consacré à Guanyin.

Elle est représentée ici sous sa forme à mille bras, capable de secourir mille détresses, qu’elle voit par les mille yeux dans la paume de chaque main en couronnes concentriques derrière elle. Cette représentation n’est pas très fréquente, sans doute en raison du travail de sculpture qu’elle nécessite.

Mais le long d’un mur latéral du même sanctuaire, on retrouve Matsu, sous deux représentations différentes : assise, entourée des deux géants qu’elle a soumis à son service (celui de gauche entend à mille lieues, celui de droite voit à mille lieux les gens en détresse en mer).

… et debout, au visage plus jeune, mais portant la même coiffure d’impératrice.

Et comme toujours, on retrouve à côté des offrandes de fruits quelques paires de blocs de divination 筊杯

[jiǎobēi], ces croissants en bois que le fidèle laisse tomber à terre pour obtenir une réponse divine à l’une de ses questions, suivant leur manière de reposer au sol :
- une face plate au sol et l’autre convexe : la réponse est oui
- les deux faces plates au sol : la réponse est non / la question est déplaisante
- les deux faces convexes au sol : la divinité rit, le fidèle devrait connaître la réponse

Derrière le sanctuaire principal se trouve la salle des défunts, aux innombrables plaques funéraires.

Il y avait ce jour là la superbe maquette du palais qu’une famille allait offrir à une défunte.

Ainsi qu’une voiture : tous ces biens symboliques allaient être brûlés pour que la défunte puisse en jouir dans l’au-delà.

Les sacs de plastique noirs ne contenaient pas des déchets, mais une quantité de faux lingots d’or, en pliages de papier cartonné doré.

Cette maquette aussi soignée que légère est réalisée en papier et tissu, sur une fine armature de bambou. Cette tradition pluriséculaire se perd : les familles disposées à y consacrer de 30 000 à 40 000 SGD se font rares, et les artisans qui les créent partent en retraite sans successeurs.

Lors des persécutions contre les chrétiens au Japon à partir du début du XVII° siècle, certains de ces derniers ont masqué leur foi en vénérant en apparence Guanyin, mais en fait la Vierge Marie, dont la représentation et la place dans la pratique religieuse sont similaires. Il n’y a pas eu de telles persécutions à Singapour, mais cet épisode historique me permet de signaler que vous pouvez aussi prier Notre Dame de Lourdes dans ce petit sanctuaire

… à côté de cette église située juste à côté du terminal des bus de longue distance.

L’intérieur de la nef climatisé est particulièrement lumineux

Singapour compte également une communauté musulmane qui elle aussi a ses lieux de culte, comme la Mosquée du Sultan

Et la Mosquée Malabar Muslim Jama-Ath, la seule érigée par la communauté indienne de Singapour.

Ce tour d’horizon ne serait pas complet sans les temples indous, dont les gopuram se repèrent de loin.

Ne comptez pas sur moi pour vous en détailler les nombreux personnages qui l’ornent.

Sur le pilier au second plan à gauche, un avis un peu défraîchi au format A4 est accroché en hauteur.

En tamoul et en anglais (langues officielles à Singapour, avec le mandarin et le malais), ce panneau rappelle que toute la sévérité de la loi de Singapour sera appliquée aux immigrés qui l’enfreignent. Ce panneau date des émeutes nocturnes de 2013, les premières depuis les émeutes raciales quarante ans plus tôt, qui ont enflammé le quartier indien et secoué la société singapourienne qui tient par-dessus tout à l’ordre.

Bon nombre d’émeutiers étaient ivres, et quelques années après, une loi est passée pour interdire toute consommation d’alcool dans les lieux publics de 22H30 à 7h. Mais cette interdiction est étendue du vendredi 22h30 au lundi 7h dans les quartiers de Little India, comme ici, et de Geylang, haut lieu de la vie nocturne.

Ce que ce panneau ne mentionne pas, c’est que la loi a désigné comme « lieux publics » non seulement les espaces piétonniers des ensembles résidentiels où vit une bonne partie de la population singapourienne, mais aussi les dortoirs où sont entassés loin des regards les travailleurs immigrés dans des conditions sordides. Rien ne vous interdit de boire à votre hôtel le soir : cette loi d’apparence égalitaire est en fait très ciblée.
Ainsi va la vie dans un micro-Etat dépourvu de toutes ressources naturelles, pas même d'eau potable dont la moitié de la consommation est importée, et qui sait que sa prospérité ne tient qu’à sa stabilité sociale et son efficacité professionnelle.
Merci de m'avoir lu jusqu'ici !