Parmi les personnes qui voyagent souvent en avion, 99,9% d'entre elles voyagent car elles ont un but précis à destination (tourisme, affaires, voir de la famille ou des amis). Parmi ces personnes, tout ou partie sont membre d'un programme de fidélité qui leur permettent par voie de conséquence d'accumuler des miles qui leur permettra éventuellement d'obtenir un billet gratuit.
Mais il y a ce 0,1% restant pour qui accumuler des miles n'est pas la conséquence d'un voyage, mais la cause. C'est ce que l'on appelle faire un Mileage Run.
La philosophie du mileage run est de sacrifier du temps et de l'argent à un moment T pour qu'à un moment ultérieur T', le retour sur investissement, comprenez la dépense des miles accumulés au moment T, soit significativement plus important.
Le respect de cette règle de base induit que dans une majorité de cas, les mileage run soient constitués de vols en classe économique. C'est logique… un voyage en classe économique coûte bien moins cher qu'un voyage en classe Affaires, donc le coût du mile à l'achat ( prix du voyage / nombre de miles accumulés ) sera bien moindre en classe économique, et le différentiel avec le prix de revente du mile à la compagnie (quand vous achetez un billet prime) sera par voie de conséquence plus élevé.
Mais en vérité, le mileage run est une pratique en voie de disparition. Il y a plusieurs raisons à cela :
- Rares sont les compagnies qui sont encore généreuses sur l'accumulation de miles en classe économique. La majorité des programmes associent à leurs tarifs promotionnels en classe économique (donc ceux que vous allez très probablement utiliser si vous faites un mileage run) des gains de miles équivalent au quart de la distance parcourue (chez Flying Blue par exemple…), ou dans les pires cas, qui accumuleront tout simplement 0 miles.
- L'introduction de programmes de fidélité basés sur le coût des billets. C'est le cas de MileagePlus (United) ou SkyMiles (Delta), et je doute fortement que la liste ne s'allonge dans les mois ou années à venir. Là, vous en déduirez que le mileage run devient un non sens complet.
- La dernière raison est simplement lié au fait que l'aérien est un secteur dynamique. Les compagnies sont de plus en plus restrictives sur le règles de routing (introduction des MPM, etc…), les billets d'avion deviennent plus chers… Bien sûr, cette tendance peut s'inverser, mais ça ne semble pas d'actualité pour le moment.
Tout ceci fait que rares deviennent les opportunités de voler dans le seul but d'accumuler des miles. L'âge florissant, consumériste de l'aérien commercial est derrière nous, et c'est dans ses ruines que les acteurs de l'aérien sont à la chasse aux rares clients voyageant encore en Première Classe ou Classe Affaires, ceux qui génèrent la plus grosse partie de leurs revenus. Ils cherchent surtout à les courtiser, notamment en rendant leurs programmes de fidélité attractifs à ces clients dépensiers, quitte à les rendre très désavantageux aux yeux du reste de la clientèle - dont les mileage runners font en quelque sorte partie.
Maintenant, si j'ai dit que les opportunités de mileage run sont rares, je n'ai pas dit qu'elles étaient complètement éradiquées. Je pense notamment aux mistake fare, que pititom a décrit ici, ou aux promotions exceptionnelles: mais comme il le dit très justement, il faut que ces mistake fare concernent un voyage que vous êtes en mesure de faire (un tarif erroné sur un Delhi-Johannesburg ne va vous servir à rien si vous vivez en France), mais aussi, puisqu'on parle de mileage run, sur la compagnie ou au moins l'alliance de laquelle vous êtes client.
Mais il y a des fois où les bons prix tombent au bon endroit et au bon moment, et où alléger un peu son porte monnaie et passer un peu de temps en avion pour mileage-runner prend tout son sens. Vers la fin février, en navigant sur flyertalk comme tous les soirs en rentrant de cours, je tombe sur ce thread:

Alitalia propose sa Premium Economy à environ 500 euros sur tout son réseau long-courrier asiatique et sud-américain. Qui dit Premium Economy, dit gain de miles plus élevé que la classe Economique, mais quelle ne fut pas ma surprise quand je remarque que la classe Premium Economy chez AZ crédite 1,5 fois la distance parcourue sur Flying Blue ! C'est autant que la classe Affaires !

Très vite, l'adrénaline se met en place et je me mets en quête de vols qui satisfassent mes contraintes : ne pas passer de nuit à destination, et faire un open jaw entre Paris et Genève, pour que ce mileage-run serve au moins à me ramener chez moi depuis Paris où je suis en stage une semaine. Déjà, ces tarifs demandent la nuit du samedi au dimanche sur place (l'extrait des fare rules concerné est visible dans la capture d'écran de flyertalk plus haut), et comme les stopover ne sont pas autorisés, pour ne pas passer de nuit sur place, il faut partir vers l'est le samedi soir (de ce fait, la nuit est passée dans l'avion et on peut repartir immédiatement le dimanche matin). Donc, au final, ça laisse deux destinations possibles… NRT et AUH (Alitalia venait de stopper les vols vers KIX).
NRT est proposée à environ 650 euros mais aller à Tokyo pose deux problèmes majeurs :
- FCO-NRT, c'est tout de même 12h de vol. Je veux bien que ce soit de la Premium Eco, mais 24h (aller retour) d'avion, plus les transferts à FCO, avec moins de 3h au Japon, c'est vraiment très fatiguant.
- Le vol de retour NRT-FCO arrive à 19h, et il n'y a plus de vols FCO-GVA après cette heure là. Ce qui fait que je dois prendre un hôtel à Rome… NRT tombe définitivement à l'eau.
La seule option restante est donc AUH, proposée pour environ 300 euros, ce qui est parfait car à distance raisonnable donc pas trop fatiguant, avec turnaround immédiat (arrivée et départ avec le même avion) à destination, et avec des horaires à ma convenance (départ le samedi en fin d'après midi de Paris, nuit de mileage run et arrivée à Genève en milieu d'après-midi le dimanche).
Je me suis également rendu compte en étudiant bien les règles tarifaires qu'il m'était possible de mettre le segment post-acheminement FCO-GVA en classe I ce qui est de la classe Affaires, et me rapportera 750 miles de plus qu'un vol de post acheminement normal en classe Y.
Au final le bilan rentabilité de ce mileage run est très satisfaisant : pour ce voyage j'ai accumulé 15,432 miles à 332 dollars, j'ai donc acquis mon mile à 2 centimes d'euros environ, ce qui est assez bas.

Conclusion : je suis d'avis que les mileage run sont à considérer comme un malheureux vestige d'une ère passée, du moins d'après la définition que j'en fais et pour les raisons que j'ai listées, mais de bonnes affaires comme celle dont j'ai profité pour cette série de vols peuvent faire renaître de manière éphémère cette pratique. Après, chacun se fait sa propre définition du mileage run (les coûts d'acquisition des miles varient selon les moyens de chacun, entre autres), et les voyageurs fidèles à American Airlines notamment peuvent ne pas être de mon avis.
- Paris-Rome (Alitalia, Airbus A320, Economy) VOUS ETES ICI
- Rome-Abu Dhabi (Alitalia, Airbus A330-200, Premium Economy)
- Abu Dhabi-Rome (Alitalia, Airbus A330-200, Premium Economy)
- Rome-Genève (Alitalia, Airbus A320, Business)
Bien évidemment le check in en ligne ne marchait pas sur un itinéraire constitué de vols Alitalia, et qui plus est, dont le segment retour est ouvert à l'enregistrement au même moment que le segment aller. Je rejoins donc le comptoir d'enregistrement SkyPriority pour m'enregistrer et retirer mes cartes d'embarquement.
L'agent d'enregistrement arrive très rapidement à me sortir la carte d'embarquement du Paris-Rome mais un message d'erreur l'empêche de sortir le sésame pour le reste des segments. Malgré toutes ses tentatives pour débloquer la situation, et l'aide du superviseur de la zone qui se trouve sur le comptoir d'à côté, rien ne pourra être fait si ce n'est de me donner un reçu e-ticket et me demander de me rendre au comptoir de transit à Rome. J'avais volontairement pris le vol d'avant qui m'offrait 2h de correspondance et non celui qui me laissait seulement 45 minutes, je me félicite de ce choix !
Le passage de la sécurité sera très rapide et me voici en zone airside.
Arrivée au salon qu'on ne présente plus, il est très peu fréquenté en ce milieu d'après midi.
Offre de presse
Le buffet de l'après midi est toujours aussi désolant avec ces quelques tranches de charcuterie et yaourt. Il est grand temps de passer à une offre de type repas tout au long de la journée.
L'embarquement est appelé à l'heure et je me dirige vers la file Sky Priority.
Très mauvais accueil à bord (pas de bonjour ni buongiorno d'ailleurs!) et découverte de la cabine sans aucun intérêt
Classe Business avec siège neutralisé
Classe Eco
Nous partirons à l'heure sous la grisaille parisienne, pour rejoindre Rome un temps de vol d'1h50.
LBG
Décollage vers l'ouest oblige, nous aurons quelques belles vues de la capitale, malheureusement la luminosité n'est pas optimale pour les prises de vues.
Le Stade de France
Le service commence et ce sera un banal sucré-salé accompagné d'un thé.
Le pitch est correct pour cette durée de vol.
Beaucoup d'appareils AZ sont équipés de PTV, avec lecteur de carte de crédit mais qui ne marchent jamais.
Le vol se déroule de manière normale et ma seule occupation sera de voir les miles défiler en dessous de nous :)
Puis c'est l'arrivée sur Rome, à l'heure, heureusement.
Le débarquement s'effectuera en portes B.
A bientôt pour la suite.
Un CDG-GVA par le Golfe, voilà qui est intéressant :)
Il est certain qu'un run sera presque toujours plus efficace en Y, particulièrement en cas de Fuel Dumping (là où la YQ représente parfois 80% du tarif...). Mais c'est exténuant. KL651 nous avait déjà gratifié d'un run sur AZ vers AUH, on avait l'impression de lire un récit en mode zombie sur le retour !
Merci pour ce FR :)
Merci pour ce FR.
Sauf erreur ce pricing AZ est asser régulier car il me semble que KL651 en avait profité il y a une année (ou deux).
Les vols européens AZ ne valent pas le prix auxquels ils ont achetés, exception faite peut être pour un MR. ;)
A bientôt.
KL651 avait profité d'un mistake fare (et non d'une promotion) en classe Y et non W.
Merci pour le commentaire !
Bien étudié la chose pour un gain de miles sensible.
Les Compagnies font de moins en moins de cadeaux, même à leurs clients haute contribution et avec statut SEN et HON. La dernière en date avec M&M, est d'avoir supprimé la réservation gratuite de siège en Y, (dans les classes de résa les + basses), aux issues ou aux places donnant plus de confort pour les jambes ! Cette nouvelle règle commence en octobre...
Un vol classique avec AZ
Merci pour toutes ces infos et ce FR
Merci Kristof ! Si ce FR est classique , les précisions que tu donnes et la question posée concernant les miles run sont très intéressantes ! Je crains que Fying Blue n'emboite le pas aux autres en liant le gain de miles au montant paye .Bon choix de routing pour un gain qui justifie la fatigue (j'aurais certainement passé une nuit mais je suis un peu plus âgé que toi ! ) j'attends les autres FR du routing avec impatience
Depuis que la nouvelle Alitalia est née sous l'égide d'Etihad, on remarque une campagne agressive pour attirer des nouveaux passagers. Après le status match, un AR en Y+ vers GVA pour moins de 400 euros. Bravo pour la trouvaille.
Merci K.
Merci pour ce commentaire Bernard
Tant qu'AZ est dans Skyteam, profitons en!
Merci pour l'explication du routing c'est très intéressant, vraiment continuez!
Merci beaucoup pour votre commentaire!
Merci pour ce FR
Qui me rappelle l'âge d'or des MRs où j'enchaînais pendant 3 jours de suite des vols Côte Ouest-Côte Est qui rapportaient 625% de miles avec BMI ;)
Bien trouvé ce CDG-GVA qui est d'un bon rapport miles/prix
4,5 pour le sucré salé qui ne démérite pas par rapport à la concurrence c'est dur !
A bientôt
Merci GG
Allah c'est quelque chose que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre ;)
Merci pour ce FR !
Beau tarif que celui là. Il est vrai qu'Alitalia s'est montrée aggressive au mois de Mars avec des NCE-FCO-GRU pour 400 euros en eco... Et 700 euros en W.
À bientôt pour la suite,
Ilyes
Merci Ilyes !
Il me semble qu'il était possible de trouver moins, mais c'était dans cette lignée de tarifs. Très durs à trouver maintenant.
Merci pour ce FR et cette introduction.
Le vol post-acheminement était d'office en I ou alors il a fallu faire une manip particulière pour l'obtenir ?
Finalement un simple Paris-génève mais qui rapporte gros.