C'est le FR du retour du vol TSA-KNH du même jour
Par rapport aux autres compagnies régionales taïwanaises, voler sur TransAsia Airways, ce n'est pas drôle. Non seulement sa flotte composée d'A320/321 et d'ATR72 est d'une affligeante banalité, mais en plus elle est la seule à avoir un site internet bilingue, qui ne pose aucune question intrigante ou condition dissuasive, et où l'achat se conclut par un message rassurant en bas de cette copie d'écran :

Seule petite surprise : il y avait une case précochée sans choix possible : un étranger semble devoir être un résident, mais cela ne correspond à aucun avantage tarifaire ou restriction de vol, et comme j'ai constaté qu'on peut très bien présenter un passeport au lieu d'une carte de séjour à l'enregistrement, il n'y a pas lieu de s'en inquiéter.
Autre curiosité : le site exclusivement en chinois de Far Eastern Air Transport envoie un courriel de confirmation dont l'objet est en anglais, alors que c'est l'inverse pour TransAsia Airways.

Mais peut-être parce qu'il s'agit d'un vol en biturboprop, au contraire des E-190, MD-83 et MD-90 de ses trois concurrents, les tarifs de TransAsia sont très inférieurs : 1417 TWD contre les 2050 TWD que m'a coûté l'aller avec FAT.
Avant de parler de ce retour, une longue page de publicité touristique.
La guerre civile commença dans les années 1930 en Chine, et en 1937, un forgeron de Kinmen du nom de Wu (nom banal s'il en est), dans une situation économique difficile où l'acier était une denrée rare et chère, eut l'idée de recycler les éclats d'obus qui parsemaient l'île. C'était un coup de génie, car il ne pouvait deviner qu'à vingt ans de guerre civile allaient succéder trente ans de bombardements chinois sur Kinmen, située au plus près de la frontière sino-taïwanaise. Rien que la bataille qui commença le 23 août 1958 déversa près de 500 000 obus chinois sur Kinmen, et on estime le total sur trente ans à un million, créant un gisement artificiel d'acier quasiment inépuisable.
Outre le fait qu'il survécut à ces bombardements, M Wu eut la chance que les Chinois (et les Taïwanais aussi, d'ailleurs) envoyèrent énormément de propagande, sous forme de tracts tassés dans des obus qui n'explosaient pas, mais dont le fond était simplement légèrement emboîté, ce qui rendait la récupération de cet acier d'excellente qualité facile et sans danger.
Ses successeurs furent doués en marketing : aujourd'hui les couteaux et tranchoirs de la forge de M Wu sont très réputés à Taïwan, et la forge mérite la visite. Ce tranchoir a été réalisé sous mes yeux en un quart d'heure chrono.



Ma visite s'est terminée par quelques emplettes, mais il n'y a aucune pression pour passer à la caisse. L'addition est évidemment plus lourde que dans une quincaillerie banale de Taipei ou de Paris, mais ce n'est pas de la camelote made in China. J'ai étrenné l'un d'eux pour préparer mon repas de Noël, et je confirme qu'il vaut mieux être du bon côté de la lame.

Kinmen, c'est le territoire taïwanais le plus proche de la Chine. A l'extrémité nord-est, Mashan est le lieu taïwanais accessible à un civil le plus proche d'une terre chinoise aussi accessible à un civil, à savoir les deux petites îles situées à l'ouest du cap, à deux kilomètres et demi seulement. Au premier plan, c'est Taïwan, mais au fond, c'est la Chine.


Aujourd'hui, on peut voir ces habitations banales, avec de très mauvaises longues vues, mais en fait, à l'?il nu, on voit aussi bien pour ne pas dire mieux.



Cette fois-ci, j'avais pensé à emporter ma SIM chinoise, ce qui m'a permis d'envoyer un SMS à l'une de mes meilleures amies chinoises. En ces jours où les familles se rassemblent, ayez une pensée pour ceux que les frontières séparent, comme elle qui étant Chinoise n'avait pu aller au mariage de sa meilleure amie, une Taïwanaise qu'elle avait connue pendant ses études à l'étranger.

Haha ! Merci ! Nous sommes en train de déjeuner, cela nous a vraiment fait très plaisir de recevoir ton SMS :)et nous souhaitons nous aussi joyeux Noël à toute ta famille !
On est en pleine campagne, à Kinmen. Au sens géographique du terme, mais aussi politique. Vous suivez tous la campagne pour les présidentielles de 2012, et moi aussi. Taïwan étant en avance sur la France, dans ce domaine comme dans bien d'autres, c'est le 14 janvier qu'aura lieu ce scrutin décisif. Il y a comme toujours ici deux candidats principaux : Ma Ying-jeou (KMT, sortant) et Tsai Ying-wen (DPP), plus un trouble-fête marginal. Les îles périphériques sont acquises au KMT, mais cela n'empêche pas les militants de s'activer : ici à Kincheng pour ce tractage DPP au marché :

Ce qui n'empêche l'une des militantes à gauche d'en profiter pour faire du tourisme

Et à Shanhou, à l'autre extrémité de l'île, avec ce meeting KMT (les photos représentent le président et le premier ministre sortants, entourant le candidat local, car les législatives sont simultanées).

Remarquez le groupe folklorique qui va faire un peu d'animation, et l'ingrédient indispensable de tout meeting politique taïwanais : le tabouret de plastique empilable. Le reste du fourbi à gauche n'a aucun rapport avec la politique, ce sont les articles de la quincaillerie qui se trouve être là.

Je ne me suis pas attardé, car j'ai l'embarras du choix pour ce qui est des rassemblements politiques à Taipei tous les jours, et j'avais beaucoup trop de chose à voir à Kinmen. Je vous parie un TWD que l'adorable loueuse de scooters de KNH va me revoir en 2012. Mais le soir tombe, et il est temps de revenir à KNH, justement. Ce qui est accroché aux réverbères, c'est de la publicité électorale.

Le parvis du terminal de KNH est l'occasion d'un petit cours historico-écologico-religieux. En 1662, le roi Koxinga expulsa définitivement les Hollandais de Taïwan, présents depuis 38 ans. Pour construire les navires de la flotte nécessaire à cette expédition, il fit couper tous les arbres de Kinmen, mais ces arbres protégeaient contre l'érosion due au vent (piloter un scooter à Kinmen permet d'appréhender le problème), et l'échec des récoltes suivantes provoqua une terrible famine. Ceci explique que c'est à Xiamen (en face, côté chinois) qu'on voit une statue géante de Koxinga; on ne risque pas d'en voir une à Kinmen.

Aux grands maux, les grands moyens : les habitants de Kinmen créèrent un nouveau dieu : le Dieu-Lion, et lui érigèrent des statues un peu partout dans l'île. Le dieu fut manifestement motivé, et l'île retrouva peu à peu, bien que difficilement, son équilibre. Ce n'est que relativement récemment que Kinmen a vraiment recouvré ses forêts d'origine.
Toujours est-il qu'en allant du terminal au petit parking en face, vous ne pouvez pas manquer cette statue du Dieu-Lion. Elle est moderne, bien sûr, mais j'en ai vu beaucoup d'anciennes très similaires. Pour ceux qui n'auraient pas saisi la symbolique, je rappelle qu'il s'agissait d'abord d'un dieu de la fertilité.

Enregistrement sans problème au comptoir de TransAsia Airways, et j'ai obtenu le hublot côté droit pour avoir la vue sur Taipei à l'approche de TSA.

Le vol est complet, et à 18h10, c'est le dernier de la soirée : on se couche tôt, dans les aéroports régionaux taïwanais.

Si vous avez bien lu jusqu'ici, vous comprendrez que c'est l'occasion d'une nouvelle expérience : le bagage enregistré sur un vol intérieur taïwanais. Bien que les risques de détournement d'un avion taïwanais vers la Chine, ou d'attentat terroriste avec un ATR72 contre la tour Taipei 101 soient assez limités, je n'ai pas cherché à mettre des couteaux de Maître Wu dans mon bagage à main, et j'ai battu un record de légèreté de bagage enregistré : moins de quatre kilos !

Depuis le restaurant à l'étage, voici les deux ATR72, celui du vol GE2082 vers Kaohsiung qui va partir dans quelques minutes et le mien vers Taipei. A l'arrière plan, c'est la mer.


Pour ceux pour qui Kinmen n'était qu'une étape dans un trajet depuis la Chine, et qui ont acheté des produits aux duty-free du port de Shueitou, ceux-ci sont livrés à ces comptoirs en salle d'embarquement. Il y a un enfant qui semble vérifier si ce sont bien ses cadeaux de Noël à lui.

A H-16' minutes, l'embarquement n'a pas commencé, c'est normal ici, car le cheminement à pied est très court, et il n'y a pas de bousculade. On a quand même trois contrôles de carte d'embarquement et de pièce d'identité : ici, à l'extrémité du cheminement couvert côté tarmac, et enfin au pied de l'avion.

Il faut donc vraiment le vouloir pour se tromper et embarquer par mégarde dans cet E-190 de Mandarin Airlines.

Donc voici l'ATR72 de TransAsia Airways


Gros plan sur l'immatriculation, pour ceux qui prétendent ne pas l'avoir vue dans les photos précédentes.

A bord, c'est effectivement complet. Pendant le placement des passagers, l'une des hôtesses avait conservé son manteau bleu marine; c'était surprenant, mais plutôt élégant.
Le journal de mon voisin titre évidemment (en haut à gauche) sur le débat Ma ? Tsai de la veille au soir.

Mais peu avant le décollage, une hôtesse vient m'apporter spécialement un exemplaire du China Post. Deux bons points pour cette initiative qui me permet d'avoir un résumé du débat en anglais (je me retiens de commenter, mais c'est très intéressant), et de découvrir que l'affaire des prothèses défectueuses de PIP fait la Une à Taïwan aussi.

A dire vrai, cela ne m'étonne qu'à moitié, car vous n'imaginez pas l'ampleur du secteur de la chirurgie esthétique à Taïwan, bien supérieur au marché français malgré une population trois fois moindre. Il y a une clinique de chirurgie esthétique dans l'immeuble où se trouve mon bureau, ce qui ne va pas vous aider à le localiser, tellement elles sont nombreuses (plaisanterie classique : dans l'ascenseur de notre immeuble, les femmes sont plus belles à la descente qu'à la montée). Les Taïwanaises n'étant pas si plates, je soupçonne que PIP a exporté ses produits jusqu'ici.
Pour ce qui est de la collation, c'est au standard taïwanais, mais le café est moins catastrophique que celui de FAT.

En revanche, le pitch est nettement moins généreux que chez les concurrents, et les sièges un peu plus étroits, mais ce n'est pas du low-cost d'outre Manche quand même. Pour une heure de vol, ça va.

Un bon point supplémentaire car toutes les annonces à bord sont bilingues, d'une diction parfaite. Ce bon point est malheureusement annulé par le fait que ces annonces sont bilingues mandarin ? taïwanais : Fuxing Hangkong Gongsi fait partie de ce club de compagnies aériennes où il n'y a pas d'annonce de sécurité en anglais, oralement ou par sous-titrage sur un IFE. En taïwanais, tout ce que je capte, c'est que ceinture de sécurité se dit presque pareil qu'en mandarin.
Approche de TSA, mon APN est toujours aussi inadapté pour immortaliser la vue. Il faudra que vous veniez pour en profiter vraiment.

Kiss landing haut de gamme qui me permet de pardonner à GE ses sièges un peu tassés, et stationnement au loin, comme d'habitude.

Le PAXbus se charge rapidement, et le temps d'arriver à la salle de livraison des bagages, le mien arrive aussi, tellement petit que vous ne le voyez pas sur cette photo. L'étiquette des bagages est vérifiée par un employé, et ce n'est pas inutile, car une passagère devant moi s'était trompée de valise. Je suis toujours surpris que ce contrôle ne soit pas systématique dans les aéroports, français notamment.

Cette fois-ci, c'est vraiment mon dernier FR d'une année bien remplie. A part un trajet et demi Europe ? Taipei, je me suis cantonné à deux pays, mais quels pays! Moins de vols que pour certains, beaucoup plus que pour d'autres, mais beaucoup de routes aériennes qui n'existaient pas il y a seulement dix ans. Et, comme vous le devinez, beaucoup de trajets de liaison non-aériens qui ne furent pas moins pittoresques. J'ai même eu la petite satisfaction de devoir rajouter ici à la main MFK que gcmap.com ne connaît pas encore.

A tous ceux qui fêtent aujourd'hui Noël en famille et à ceux qui sont seuls aujourd'hui,
A tous ceux qui fêtent de toute façon plutôt Pessah, l'Aïd ou ChunJie,
A tous ceux qui pour qui 2011 fut une année de rires et à ceux pour qui ce fut une année de larmes,
A tous ceux qui utilisent le calendrier grégorien, et à ceux qui utilisent le calendrier hébraïque, l'Hégire ou l'ère de l'Empereur,
A tous ceux qui font le tour du monde dans les airs et à ceux qui le font à l'écran,
A tous ceux dont le billet d'avion a coûté quelques dizaines d'euros et à ceux dont il a coûté quelques milliers d'euros,
A tous ceux qui ont toléré mes digressions et mes approximations,
A tous ceux qui ont fait de Flight Report ce qu'il est aujourd'hui,
Avec ces enfants qui jouaient des cantiques de Noël rue de la Paix (ça ne s'invente pas !) pour inciter les passants à aller à la messe de l'église du quartier,
J'adresse mes meilleurs v'ux pour la 101ème année de la République de Chine !

Merci pour ce SUPER Fr ! :D Bonne fête !!
Merci pour ce FR Bonne fête !!
Merci pour ce FR de fin d'année ;)
Merci, grand merci beaucoup pour ce FR qui mele depaysement et érudition, et qui prouve qu'Internet ne rend pas (seulement) bete!! Et bonnes fetes à tous!
Un tout grand merci pour tes superbes FR.
Merci pour ce FR génial et plein de vie ! Bonnes fetes a vous aussi !!!!
Merci pour ce FR (et tous les autres avant), toujours hyper intéressant. Bonnes Fêtes !
Merci pour ce FR Marathon :)
A+
Vivement 2012 et de nouveaux FR by marathon
Merci pour ce récit. Je me coucherai moins bête ce soir. Très bonnes fêtes et à l'année prochaine !
Voila qui est moins difficile que FAT mais un choix qui me semble bien plus logique.
Encore un FR passionant, comme RAPHIMARC je vais me coucher moins bete.
Merci pour ce FR et bonnes fêtes à tous !
Merci pour ce FR.
Encore un FR!? (non,je blague, j'en suis bien sur tres content car ils sont en plus tres complet)
Seul petit reproche (que je remarque de plus en plus dans les FR), la partie qui ne concerne pas le trajet en avion, soit, les explications touristiques (en bonus) sont un peu longue et prennent trop de place dans la réalisation du FR... mais c'est interessant quand meme...
J'attends biensur les prochains FRs, surement nombreux, avec impatience!
Merci pour ce TR et avec un peu de retard bonnes fêtes
Merci à tous pour vos commentaires.
@Denzee
Vous êtes très en avance, le Nouvel An chinois, c'est dans trois semaines :) Noël n'est pas férié ici, et si cela n'avait pas été un dimanche, je serai allé au bureau le jour de Noël, comme à Beijing et à Tokyo.
@02022001
c'est vrai, j'ai eu la main un peu lourde cette fois-ci. Pour la prochaine fois, je compte ne parler que des trajets jusqu'aux aéroports, mais vous me connaissez, j'ai du mal à faire simple quand on pourrait faire compliqué. Rendez-vous dans deux semaines!