Avant de plonger dans les fables aéronautiques, permettez-moi d’utiliser cette contribution printanière pour souhaiter a toute la communauté FRiste une excellente année du lapin. Qu’elle soit pleine de vols ainsi que de découvertes mémorables !
J’estime -très pertinemment, d’ailleurs- que l’esquisse du pourquoi et du comment de ce récit ne me décèlera nul prix littéraire. Car, entre autres, sa raison d’être est capitalement banale : fin novembre, un amas de miles va cesser d’exister s’il n’est pas usé, et je souhaite trouver du repos après le tintamarre qu’accompagne les célébrations de la nouvelle année chez nous. C’est tout.
- Alors on part où ?
Je n’ai jamais mis les pieds dans la préfecture de Kagoshima, reliée avec notre aéroport maison par vol direct. Elle offre des onsen formidables, du thé succulent et, vraisemblablement, la meilleure eau-de-vie de l’archipel japonais (Moriizo ? Hamada ?? la vôtre ??).
En plus, elle a l’air superbe depuis les cieux, comme je pus le constater lors de mon dernier voyage de 2022 (c'est par ici).
- Et c'eeeeeest……. vendu !!
12.000 miles seront suffisants pour traverser le Bungo Suido 豊後水道 et m’amener à la pointe méridionale de l’île de Kyūshū (sans aucun cout supplémentaire).
Je n’ai pas trop fait de recherches, mais j’estime que la base de données de FR ne regorge pas de récits dépeignant la ligne MYJ-KOJ ni ses deux aérogares… Les mots qui suivent permettront, peut-être, de la truffer subtilement d’épices asiatiques.
Passons, sans plus, aux faits divers (1. Événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne. Larousse dixit.)
LE TRAIN D’AVANT LE VOL
A chaque jour, notre liaison est l’une des dernières à s’envoler depuis MYJ. Théoriquement, il est possible d’enchainer une journée complète de travail avec un départ envers KOJ. Mais je ne souhaite pas commencer mes vacances avec sprints ni débandades. Le boulot sera plié en début d’après-midi et on se dirigera calmement vers notre gare ferroviaire.
En premier plan, une boîte à lettre pour déposer les cartes postales ou des lettres de séparation avant le départ.

Cet après-midi on jouit d’une belle lumière, mais elle ne suffit pas pour attirer les foules sur les quais.

La souplesse de cette lumière met en valeur le drapeau de l’Iyo Nada Monogatari (train de luxe et plaisir, circulant entre Matsuyama et Yawatahama).

Même si c’est clair que celui-ci ne nous amènera pas aujourd’hui à Matsuyama, on ne sait pas encore quel sera notre chariot ce soir…

Ichi, ni, san… … … … Bingo !!!
C’est ni plus ni moins que le ‘ANPANMAN densha’ qu’atteint hâtivement les abords de notre abri !!

Pour les non-initiés, ce personnage à la forme de petit pain est un super-héros énormément populaire parmi les bambins(-es) de l’archipel nippon (ainsi que parmi leurs parents). Son créateur, Yanase Takashi, est originaire de la préfecture de Kochi, voisine d’Ehime.

Notre carrosse n’outrepasse jamais les lisières de la préfecture d’Ehime, mais le merchandising lié a ce petit pain est tellement rentable que juste une proximité géographique suffit pour revêtir des rames avec ses couleurs, attirant les foules d’amateurs de convois ferroviaires ou de papis et mamies cherchant à chouchouter leurs grands-enfants.

La fabuleuse baie d’Iyo ne peut être admirée que pendant un très court instant, lorsqu’on prend le train express. C’est vraiment dommage… surtout au crépuscule.

On devra se contenter, donc, des exploits d’Anpanman et Ro-rupanna…

Ah, j’allais oublier d’illustrer l’agencement intérieur de notre premier destrier du jour. Le confort est assuré.

LE BUS D’AVANT LE VOL
Arrivés à la gare JR de Matsuyama à la tombée du jour, nous approchons l’arrêt du bus chargé de nous amener à l’aérogare.

Le voici.
(A cette heure-là, pas mal de sarariman retournent à leur bercails tokyoïtes ou osakiens).

L’AEROPORT D’AVANT LE VOL
En moins de 15 min on nous dépose en face de Mikkyan et ses copains, dans leur version hiberno-printanière.

Les aléas du boulot ne nous ont pas laissé beaucoup de temps pour faire un déjeuner complet. Je crève la dalle et je succombe naturellement à un bol de nouilles avec du konbu, pris face aux agents de l’Empire.

Montons à l’observatoire afin d’inspecter les -potentiels- mouvements aéroportuaires, avant de procéder à notre enregistrement.
La lumière n’est plus là (si ce n’est que dans les néons).

Et un seul oiseau, en départ pour Osaka, occupe le tarmac. Trop peu de choses à passer sa faim. Sniff….

Rentrons et demandons nos papiers de voyage. Ils auront la seule et exclusive finalité d’orner le dossier qui retracera nos péripéties à Kagoshima.
Deux vols encore à congédier. Mais la grande partie du boulot a été déjà faite.

Tout se passe avec une grande souplesse. La carte d’embarquement m’est remise par un souriant hôte, rare chez JAL (son genre, pas son sourire). Le control de sécurité n’offre aucune attente. On se retrouve ici (photo) en moins de deux minutes, après avoir monté un étage et parcouru environ 300m.

Le décor est un peu quelconque mais, lorsqu’on fouille autour du treillis anonyme, une subtile fleur de cerisier apparait sur nos yeux.
Abracadabra.

Comme par magie, couleurs bariolées se répandent face à nous !

Elles sont complémentées par des boissons et des chaises.

Elles, aussi, variées en style et en forme.
Ici, pour les vertueux du travail.

Là pour ceux capables d’allier bières et travail.

Ou bien, ici pour ceux qui préfèrent accompagner le tout avec un encas.

Ou encore ceux qui sont carrément en mode alcool et vacances.

Ces descriptions ne sont pas entièrement hasardeuses. J’ai tenté de caractériser le type d’occupant lambda de chaque siège, d’après mes observations lors de différentes visites du Salon Sakura de MYJ.
Comme vous avez constaté, les foules ne sont plus de la partie (quelques spécimens de sarariman étaient présents lors de mon accès, mais ils sont tous disparus avec l’annonce de l’embarquement du vol pour Tokyo).
Partons faire des perquisitions sur des flocons condamnés.

Pour édulcorer -ou camoufler-, des sachets aux vives couleurs.

Et voici le gadget le plus stupéfiant de toute la buvette…
Devinez-vous sa fonction ?

C’est une machine à oshiboris !!!! (il n’y a que les japonais pour engendrer un machin pareil !!)
Génial !
A son côté, les machines à pression ne méritent vraiment pas de louanges.
Toutefois, on ne va pas se priver de les employer.



On conclut notre apéro par un yaourt fait par de vaches de la région.

Les deux réceptionnistes méritant leur repos, on décide de prendre congé plus tôt que d’habitude (15min avant le départ de notre vol).

Pour autant, l’embarquement vient de commencer. On patientera dans les sièges de la salle des communs mortels. Cela nous permet d’immortaliser notre oiseau de loin.

Les demoiselles aux portes d’embarquement regardent d’un mauvais œil ma valise, cependant acceptée sans problèmes à maintes reprises auparavant.
C’est sans compter ma faute de néophyte… car nous allons embarquer un mignon ATR-42, disposant de 48 places, bien moins des 100 requises pour admettre des valises de taille ordinaire. C’est ma première fois à aborder un tel navire…
Les gentes dames finiront par prendre en charge ma petite malle et je me lance, tout souple, dans une longue marche.

Finalement je ne suis pas si mécontent que ça d’avoir vu mon colis usurpé…

Un demi-compagnon d’alliance nous fait coucou depuis le palier des escaliers.

LE PETIT OISEAU
Et quelques instants après on retrouve notre colibri fleuri.

En bon retardataire, les vues de la cabine ne sont pas fameuses. Mais la cabine, elle, reste mignonne, surtout avec les coloris verdâtres des fiches préparées soigneusement par le personnel de Japan Air Commuter.

Voici une vue plus publiable, prise à notre arrivée.

Et mon siège pour ce soir.

Les abords des sièges de bâbord se révèlent encore plus confortables que les nôtres…

Si l’on est assuré de l’absence de voisins…

Mon compagnon à l’avant de l’avion est sorti gagnant dans le tirage au sort. Il peut s’étaler sans soucis, ce soir.

La vue à ma gauche.

En face de moi (avec la pochette pleine de beaux documents).

Et au-dessus.

Voici une partie de la littérature à bord.

Et son verso.

On est prêt à partir. Le grand vacarme… Un brouhaha monstrueux inonde la cabine.

Et hop ! voilà, on sillonne les airs (croyez-moi, c’est ainsi. Les capabilités de ma caméra n’aident pas à la narrative. Mais on a bien décollé).

Voici tout ce que je peux vous offrir comme paysage de notre traversée, pour l’instant…

Après multiples essais, j’arrive seulement à améliorer la noirceur de la chose.

En vue de la pauvreté du spectacle, centrons notre attention sur l’intérieur de la cabine.
Je suis agréablement surpris de retrouver du divertissement physique, en papier ! C’est le sud de la France qui reçoit les accolades en ce mois de février

Voici en version légèrement plus compréhensible pour la majorité des résidents du PACA.

Ou encore en duetto avec le bel archipel hawaiien.

Le vol est court et un seul passage avec un plateau rempli de bonbons et serviette alcoolisées résume l’offre du jour.
(Si on se veut chevaleresque, il faut admettre que l’unique demoiselle présente en cabine ce soir a fait du zèle et est venue m’offrir une jolie carte postale d’un ATR-42 survolant le volcans Kirishima ??). Kudos to her.

Le vol est court et la descente est amorcée. Néanmoins, les vues ne deviennent guère fameuses.

A l’approche du kassoro (piste d’aéroport, en japonais) la nuit devient disco dancing queen.

Pour finalement nous conduire envers nos écuries. Apres l’immense obscurité, la lumière est un peu trop étourdissante.

On quitte notre confortable siège et on remercie notre pcnette pour son boulot.

L’aéroport d’arrivée nous offre une vue un peu plus dégagée de notre oiseau.
Partielle…

Et complète.

Pour tout arrondir, voici le gabarit un peu mieux centré. Ça nous permet aussi de rendre hommage à la responsable de la cabine de ce soir. Arigatou !

Nous entamons une longue marche jusqu’à la sortie, à une heure où l’aéroport se prépare pour aller se coucher.


Une partie de notre séjour se déroulera dans cette pseudo-station balnéaire, offrant une vue à couper le souffle du Sakurajima (comme vous pouvez le constater lors de la petite photo au coin).

Et on ne se privera pas de profiter d’un des nectars distinctifs de la préfecture de Kagoshima.

Ce soir, la salle à mallettes est pour nous aussi.

A KOJ on se préoccupe par les cyclistes, mais d’une manière bien, bien subtile.

C’est avec cette photo que le récit prend (presque) sa fin.
Après une courte attente, notre valise nous sera rendue et nous filerons rattraper le premier bus en départ vers la ville de Kagoshima. (Il y en a un toutes les 15 min mais le nôtre est un des derniers de la journée. On est toujours demandé 1400JPY avant de monter).
Le vol en résume FR 24.

Départ et arrivée, en détail.


Merci pour votre lecture et bons vols à tous et toutes !!
Bonjour et merci pour ce FR exotique au pays du soleil levant, dommage toutefois que ce vol de nuit n'ait pas permis de profiter du Japon vu du ciel.
D'autant qu'ils sont très sympa à lire et souvent plein de petites particularitées très Japonaises et en effet le BDD ne regorge simplement pas de Fr sur Japan Air Commuter
Au sol le service est bon tandis qu'a bord il est limité par le temps de vol. Cabine toute neuve dans un ATR encore très récent.
Bon vols !
Merci beaucoup pour prendre le temps de lire ce récit et de le commenter !
Notre petite bestiole surpassait à peine les six ans, lorsqu’on fit connaissance.
A vrai dire, ce genre de déplacement ne représente pas (plus ?) d’exotisme pour moi, mais je peux comprendre que ce soit le cas pour des lecteurs/lectrices installé (e)s en dehors de l’Asie orientale.
Le salon est assez simple mais a tout ce qu’il faut pour un aéroport de cette taille.
L’absence de collation pourrait être due au covid ou c’est habituel?
Merci pour ce FR et le bonus. J'ai faim maintenant ^^
Merci beaucoup de votre lecture et de vos mots.
On peut se considérer heureux a MYJ, car des salons Sakura dans des aéroports d’une taille similaire sont presque du jamais vu. En plus, l’offre de nourriture a le mérite d’exister (galettes au riz, yaourts ou des manjus locaux -petits gâteaux aux haricots rouges-) chose assez exceptionnelle aussi.
Malheureusement, je n’ai pas une réponse claire à votre question... Je ne crois pas que l’absence de collation soit due au covid. La communication de JAC dit que le service est en fonction de la ligne empruntée... Mais je ne peux pas etre plus specifique... Sorry
Je suis impressionné par le nombre de destinations (9) au départ de Matsuyama. Je dois me contenter de seulement 3 destinations, c'est l'inconvénient d'avoir une ligne shinkansen.
Concernant le service à bord, il n'y a normalement pas de collations sur les vols courts, j'en ai fait l'expérience au départ de Naha vers Kumejima, Miyako, Ishigaki...
L'offre de nourriture au salon est en effet assez unique, je n'ai jamais rencontré cela dans les autres salons de JAL au Japon, en dehors des Diamond Premier Lounge.
Merci beaucoup pour le partage de ce vol, je crois que seule Japan Air Commuter opère des ATR au Japon mais je peux me tromper.
A bientôt !
Hello Stephan, la confidentielle Amakusa Airlines dispose d'un unique ATR42-600 (avec une belle livrée bleue) elle fut la première compagnie a introduire le type au Japon ;-)
Danke schoen fur deine Worte
Comme Scorph vient de le souligner, au Japon il y a un tas de compagnies régionales (bien méconnues du grand public) et pas mal d’entre elles volent avec des ATR. Amakusa Air, Oriental Air Bridge ou Hokkaido Air System me viennent à la tête...
Merci pour ce FR, avec ce style de narration si particulier et ma foi très agréable à lire !
Les vols domestiques japonais sont une aventure avgeek en soi, j'en ai en préparation de FR.
JAC dessert aussi l'île de Yakushima, si je ne me trompe pas, liaison que j'avais lorgné il y a quelques semaines ^^
Ces sièges face à face en ATR me rappellent un vol PIS-LYS... étrange tout de même lorsque l'on a un voisin en face de soi, bataille de jambes garantie !
Dommage pour l'absence de service, je ne connais pas le remplissage mais un service de boisson aurait été apprécié.
A bientôt !
Merci pour ce FR
A propos du Iyo Nada Monogatari, les japonais ont vraiment l'art de faire durer le matériel parce que ce sont de vieux Kiha 47 incroyablement rétrofités. C'est pareil entre Kyoto & Osaka avec le Kintetsu Aoniyoshi express, un train de loisir sur une base très ancienne. C'est ce que j'aime au Japon, cette pleiade de trains dont le confort et la propreté fait la fierté (justifiée) des habitants.
Merci de votre commentaire et des remarques sur le patrimoine ferroviaire nippon.
Je n'appartient pas vraiment à la fratrie, mais le Japon est, apparemment, un sanctuairea à ciel ouvert pour les 'otakus' du train.
Petite précision technique, si vous me permettez... L'lyo Nada Monogatari fut renouvelé en avril 2022. Deux rames devinrent trois, et les anciennes Kiha 47 furent substituées par de plus modernes Kiha 185 (bâties, tout de même, à la fin des années 80).
Merci pour cette mise à jour, j'étais resté sur les Kiha 47 et j'étais passé à coté de la nouvelle. Donc il va falloir que j'aille faire des photos de ces "nouveaux" Kiha 185. En tous les cas, la maintenance combiné au soin des passagers fait que ces 'vieilles series' durent très longtemps.
Je serai au Japon en début Avril ... je vais (encore) me faire un festival ferroviaire.
Merci pour ce FR.
Cela commence par un beau trajet en train, avec un train typiquement japonnais par sa décoration ahah ^^ le salon fait dans le "haut de gamme" par rapport à ce que l'on peut voir d'habitude au Japon. Le vol fait bien le boulot, même s'il doit être vraiment beau de jour. L'avion est fort élégant avec ses petites fleurs ^^
À bientôt !
Merci de votre commentaire, AirOne.
Oui, c'est drôle de constater que le Japon peut être identifié comme le berceau du Zen et au même temps comme le berceau des treillis rocambolesques des Toshogu (Nikko ou Kuno). A chacun ses goûts...
Mais, la déco partout.
Le Salon Sakura de MYJ est plutôt bien.
Merci pour ce FR.
Voir un FR sur le Japon ou CDS est généralement gage de très belles photos qui sortent de notre ordinaire. J'en suis tombé sous le charme en 1998 et depuis cette passion n'a qu'empiré avec pas mal de voyages. Ah les trains Japonais.....On peut y consacrer une thématique de voyage.
Salon appréciable d'autant que le service à bord est inexistant.
また近いうちにお会いしましょう
Merci pour votre lecture et pour votre commentaire, Vainolas.
Merci aussi pour vos beaux mots dans la langue de Kawabata. Que ce soit ainsi.
Plus de deux décennies de toxicomanie japonaise, hein !? Ça se traite ?
Quel plaisir de vous lire, comme d’habitude!
En tant que récent voisin (Tokyoite depuis Avril dernier), je m’immerge encore plus profond dans votre prose. J’ai glissé un clin d’œil dans mon dernier fr…
Petite question toute personnelle et intéressée: j’envisage un week end prolongé mi Avril avant le rush de la golden week. Mon cœur balance entre Kyushu et votre attirante Shikoku. Un conseil tout objectif?
Merci encore de ce report.
Tout objectivement: Shikoku, Shikoku, Shikoku :-)
Plus sérieusement, toutes les deux offrent des paysages et des rencontres saisissants. Shikoku est moins connue, plus 'raw material', surtout la moitié méridionale. Si vous avez du temps, venez découvrir la région de Nanyo (sud Ehime) , le basin du Shimanto ou les côtes de Kochi. Nature et patrimoine se combinent bien ici. Et les locaux sont très accueillants !!